J.J. Jameson s’est trouvé un nouveau travail : chroniqueur pour un site putaclic qui marche aux hits et à la provoc mais sans étayer ses sources. La fiction et les théories fumeuses se vendent plus que l’information. Mais Nick Spencer et Iban Coello profitent surtout de cet épisode pour remettre sur le devant de la scène les relations entre Spider-Man et Jonah.
Scénario de Nick Spencer
Dessin d’Iban Coello
Parution aux USA le mercredi 22 janvier 2020
Jameson qui n’est plus au Bugle mais qui débute une seconde carrière sur un média populiste ? On pourrait chercher à y voir l’influence du film Spider-Man : Far From Home et de sa scène finale, où l’éditorialiste refaisait surface comme un influenceur tirant des conclusions sur quelques images. Mais dans les comics, la différence (de taille) est que Jameson est depuis quelques mois déjà dans le camp du tisseur-de-toile. Mieux : il se fait un devoir de l’aider… même si le scénariste Nick Spencer a eu d’autres chats à fouetter dans les épisodes récents. Alors voici que le spotlight revient sur Jameson qui, sans le sou, accepte de rejoindre un site d’information. Mais il est horrifié dès le premier jour, quand il découvre les conditions et les méthodes de travail du site en question. Peu importe que ce soit vrai ou faux, seul importe le nombre de vues. Jameson, qui n’est pas tout blanc dans l’histoire, ayant lui-même exploité les gens à une autre époque, se retrouve un peu dans la position d’arroseur arrosé. Ayant décidé d’agir de façon morale depuis qu’il connait le secret de Spider-Man, voici qu’on lui propose une activité qui ne correspond pas au standard qu’il vise. Et tout ce se passe alors que Spider-Man semble être redevenu un hors-la-loi. Une seule solution pour Jonah : sauter sur sa trottinette et mener l’enquête. On s’en doute, il y a une part de comédie dans l’histoire. Pour qui se souvient de comment Jameson faisait souffrir Spider-Man il y a encore quelques années, c’est particulièrement savoureux. Mais il ne faut pas s’attendre seulement à de la déconnade. Spencer reprend ici son message sur la « viralité » des news, qu’il avait déjà attaqué de différentes manières dans son Captain America : Sam Wilson.
« People are earning millions selling their souls to Mephisto. Here’s how. »
L’autre partie de l’épisode trouve une manière équilibrée de se placer entre les marottes de Spencer (par exemple la description d’une société organisée des vilains) et certains éléments du Spider-Man de David Michelinie. Il y a de l’action (pour ceux qui en douteraient) mais sur un ton trépidant, énergique, sous le crayon d’Iban Coello. Ce dernier est d’ailleurs très efficace sur les scènes « en costume », pouvant se laisser aller à des mouvements exagérés, là où ce n’est pas toujours approprié dans les moments « civils ». A l’heure où, chez la distinguée concurrence, les relations entre Superman et ses collègues journalistes sont modifiées en profondeur, il est amusant de voir Spider-Man et Jonah lorgner sur un lien qui lorgnerait presque sur celles de « Supie » de Jimmy Olsen. Mais Jameson a un ton bien à lui et son aide peut se révéler aussi problématique que sa haine. Un numéro plutôt fun et bien campé dans notre époque.
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