Barbara Gordon est l’une des cibles de Joker War. Voici la jeune femme blessée et renvoyée dans un fauteuil roulant. Une épreuve connue mais qui intervient au pire moment, alors que les hommes de sa vie semblent s’écrouler ou injoignable. Batgirl doit digérer la défaite avant de reprendre l’offensive.
Scénario de Cecil Castellucci
Dessin de Robbi Rodriguez
Parution aux USA le mercredi 26 août 2020
Quand le Joker et Batgirl se croisent dans les mêmes sagas il est pratiquement impossible de ne pas faire le lien avec Killing Joke. Les auteurs, en général, ne fuient pas la référence et s’y précipite même, le Clown du Crime jouant sur ce traumatisme. Mais au fil des décennies il faut bien dire que cette confrontation est presque devenue une routine. On comprend bien que pour Barbara le traumatisme est réel et qu’elle ne peut s’en défaire d’un claquement de doigt. Mais les auteurs se sont souvent limités à une sorte de « clin d’œil » dénué de substance. Cecil Castellucci va au contraire au fond du problème en renvoyant Batgirl à l’hôpital, sa santé et sa capacité de marcher étant à nouveau remis en cause. Malgré les apparences, ce n’est pas une « redite », dans le sens où le scénario donne la part belle à la force de volonté de l’héroïne. Flanquée d’un frère serial killer qui jure s’être racheté (mais doit on le croire), d’un père qui encore récemment faisait partie des infectés ou d’un petit ami qui n’est pas dans le secret de sa double identité, Barbara doit faire face là où son entourage est presque invasif dans sa volonté d’aider. Cecil Castellucci (re)fait de Barbara le centre de la famille Gordon (on pourrait dire, d’une certaine manière, que le commissaire n’avait pas vraiment de « famille » avant son entrée en scène). Le scénario place Batgirl dans une situation physiquement et moralement difficile. Et s’il y a bien une solution de trouvée, Castellucci s’arrange pour qu’il ne s’agisse pas d’une solution miracle. Barbara ne pourra pas jouer à l’infini avec sa santé. Mais la jeune femme, elle, pense avant tout à ses responsabilités et aux autres avant de penser à elle.
« I’VE REALLY MISSED YOU, BABES »
Robbi Rodriguez dessine l’ensemble dans un style finalement assez à la mode et quelques voisinages visuels avec un Sean Murphy. Son approche fonctionne assez bien tant qu’il s’agit de montrer Barbara à la fois fragile et humaine. A la sortie de « l’opération », sa silhouette n’a rien d’une super-athlète et on a d’autant plus d’empathie avec Barbara qu’elle a l’air « ordinaire ». Les influences manga du dessinateur ressortent cependant par endroit à des moments peu approprié (la splash où l’on voit Batgirl sourire avec une expression digne de Sailor Moon a quelque chose de hors sujet vu le contexte). Mais globalement Rodriguez fait le job. On apprécie que la série Batgirl nous montre un peu ce qui se passe à Gotham en dehors de Batman, du Joker ou de Punchline (Detective Comics nous a bien montré Batwoman mais directement liée aux autres), même si la dernière scène n’a pas beaucoup de sens (comment penser qu’alors que le Joker ravage Gotham la police et Barbara auraient le temps de s’occuper tout de suite d’une telle affaire). Retoucher au « traumatisme jokerien » de Batgirl et bien s’en sortir n’a rien de facile, Cecil Castellucci se tire très bien de l’exercice, montrant l’héroïne qui reprend son destin en main.
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