La réalité DC a été « écrasée », réécrite par Perpétua et ses sbires. Restent quelques héros qui font de la résistance. Mais « quelques héros » qui retrouvent quelques autres amis, cela peut commencer à faire une petite armée. Death Metal #2 s’occupe de détailler les rapports de force dans « l’anti-Crisis » de Snyder et Capullo.
Scénario de Scott Snyder
Dessin de Greg Capullo
Parution aux USA le mardi 14 juillet 2020
Dark Nights: Death Metal a commencé il y a quelques semaines avec un propos qui pouvait sembler à la fois crépusculaire et énigmatique. En effet, si la carrière de Scott Snyder n’était pas autant passé par l’univers de Batman, on aurait beaucoup de raison de se demander si ce qu’il nous raconte n’est pas une forme de parabole de la gamme DC actuelle, avec plein de titres Batman (et dérivés) partout tandis que les autres personnages se battent pour trouver un espace où s’épanouir (rétrospectivement on pouvait aussi faire cette lecture sur Last Knight, où l’ennemi aussi était « Batman »). C’était d’autant plus marqué dans l’épisode initial, où Wonder Woman et Swamp Thing étaient les personnages principaux alors que cette fois la distribution est plus diverse (et qu’on retrouve aux affaires un « Batman du bien »). Mais surtout la polarité s’est inversée : Dark Nights: Death Metal #1 était un numéro où régnait l’entropie. Cette fois on a l’amorce d’une reconstruction avec des retrouvailles entre vieux amis. A bien y réfléchir, d’ailleurs, c’est un peu à se demander pourquoi Scott Snyder a « spoilé » certains retours dans Justice League of America alors que l’impact émotionnel est ici (le groupe que les héros retrouvent dans la crypte, le « hug » entre trois générations et ainsi de suite). Cela dit il faut bien dire que le scénariste a sans doute eu raison de disperser certaines choses dans la série mensuelle JL. Car si assurément il fait le boulot en glissant des références thématiques aux Crisis, Flash Forward ou Doomsday Clock, l’un des éléments qui jouent le moins est justement Justice League (qui, oui, a introduit Perpetua et ramené la Justice Society mais était-il nécessaire de se taper une quarantaine d’épisodes entre les deux « Metal »). Mais sur ce numéro 2, Snyder donne tous les gages à la fois d’une utilisation et d’une réappropriation de l’existant (Dr. Manhattan, par exemple) et d’une redécouverte de l’émotion. Voilà un monde « dark » qui redécouvre espoir et camaraderie.
On verra d’ici quelques épisodes ce que Snyder a véritablement en tête. Il n’en reste pas moins que la continuité graphique est assurée par Greg Capullo qui prend un réel plaisir à mettre en scène les différentes variantes de Batman ou les véhicules improbables qu’on trouve dans ce monde. Pourtant dans cet épisode en particulier le dessinateur semble préférer le chaos aux embrassades. Les choses posées sont cadrées de loin. C’est un choix qui lui appartient mais au moins à deux reprises, Snyder écrit des passages qui auraient été, avec d’autres dessinateurs, l’équivalent de la confrontation Barry/Wally dans DC Universe Rebirth. Capullo a une certaine forme de pudeur dans les scènes d’émotions, les laissent aux personnages et prend un peu de recul. C’est moins clinquant et certains préféreront sans doute, mais cela fait aussi que ces « moments » sont un peu atténués. Après la noirceur du premier numéro voici donc le « rayon de soleil » du deuxième et on se demande encore ce qui au final l’emportera. Dans Metal premier du nom, Snyder avait également ramené beaucoup de fan-favorites tels qu’Hawkman (en un sens ici un grand absent alors que sa présence aurait été logique) ou les Challengers, avant de lâcher le volant sur la fin. On attend de voir ici quelles intentions se distinguent.
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