Avant-Première Comics VO: Mirka Andolfo’s Mercy #1
5 mars 2020Il s’est passé des choses horribles à Woodsburgh il a quelques années. Les mines ont été envahies par d’étranges monstres. Des gens de la ville y ont laissé la vie. D’autres se sont comportés en héros pour stopper cette invasion. Des années plus tard, la petite ville reste traumatisée. C’est dans ce contexte que l’étrange Lady Hellaine arrive dans la région. Mais malheur à qui remarquerait que ce n’est pas la première fois qu’elle vient à Woodsburgh ! La créatrice Mirka Andolfo plonge ici dans un univers digne de Lovecraft.
Mirka Andolfo’s Mercy #1 (Image Comics)
Scénario de Mirka Andolfo
Dessin de Mirka Andolfo
Parution aux USA le mercredi 4 mars 2020
Quelques semaines avant sa sortie française (chez Glénat Comics), Mercy, de Mirka Andolfo, s’installe en langue anglaise chez Image Comics avec une texture d’histoire différente de ce qu’on aurait pu croire. Il ne faut en effet jamais juger un livre à sa couverture. La jeune femme aux allures rétro qui y apparait pourrait en effet faire penser à de faux-airs de Madame Mirage la Madame Mirage de Paul Dini & Kenneth Rocafort ou, un peu, la Lady Mechanika de Joe Benitez. Mais la première constatation, à la lecture, c’est que même si Lady Hellaine (la femme de la couverture) est un personnage important de l’histoire, la série de Mirka Andolfo repose sur un casting plus ample et majoritairement féminin. Ainsi l’autrice prend la peine de camper des profils et des âges assez différents, de la fille de joie du bordel local à la bourgeoise en apparence respectable (mais qu’il vaut mieux ne pas chercher) en passant par la petite fille qui attend le retour d’un ange providentiel. Il y a un peu du Charles Dickens dans le contexte dépeint, des milieux sociaux différents, un pensionnat tenu par un affreux jojo… Mais il y a aussi du Lovecraft (un peu de « La transition de Juan Romero »), avec cette originalité narrative qui fait que le début de l’épisode ressemble en un sens à la fin d’une histoire antérieure. On démarre en plein dans la catastrophe de la mine, sans qu’on nous explique ce qui a précédé, puis on enchaine avec les effets de cette catastrophe sur le long terme, c’est à dire une petite ville terrorisée à l’idée que les « étrangers » pourraient revenir.
« I know how to behave. I control my temper. I’m not an animal… »
Mirka la dessinatrice s’épanouit dans un style qui emprunte aussi bien à la BD européenne (normal) qu’aux comics et aux animés japonais des années 70/80. Certaines brutes de second plan pourraient aussi bien sortir de « Sans-Famille ». Mirka la scénariste se révèle une vraie technicienne dans son approche. A priori, l’accident de la mine, la réaction de la ville et l’arrivée de Lady Hellaine… tout ça pourrait se résumer en trois phrases. Mais l’approche de la créatrice est de jouer sur des personnages qui révèlent plusieurs couches. Qui semble sympathique et humaniste ne l’est pas forcément. On se dit que l’inverse est vrai aussi, sans doute. Il est bien possible que le restant de la série nous réserve quelques glissements et bouleversements. Qui est l’héroïne de Mercy ? Les apparences sont trompeuses. Là aussi, c’est pareil, il ne faut pas juger un personnage à quelques éléments extérieurs. Notons que si ce démarrage est intriguant, la version VF de l’album est prévue chez Glénat pour le mois prochain alors qu’aux USA on début la parution en fascicule. Attendre la VF pour lire l’arc en entier d’ici quelques semaines semble donc (en France en tout cas) un bien meilleur calcul.
[Xavier Fournier]