Comme Batgirl (et plus largement bon nombre de séries DC avant une vague de relances éventuelles à venir en 2020), Red Hood s’arrête cette semaine. Au-delà du numéro #50, c’est aussi le Chant du Cygne (au moins avec ce héros) pour Scott Lobdell, scénariste contesté mais qui aura quand même, au bout du compte, dirigé la destinée de Jason Todd pendant 9 ans (depuis les New 52). Et justement, quelle est-elle cette destinée de Jason ?
Scénario de Scott Lobdell
Dessin de Paolo Pantanela
Parution aux USA le 27 octobre 2020
Personnage à la marge de la Bat-Famille, Red Hood semble condamné à se demander où est sa place, à marcher sur la crète en se demandant à tout moment s’il ne va pas basculer du côté obscur, à supposer que cela ne soit pas déjà fait. Après avoir passé des années à gérer le personnage, Scott Lobdell est donc dans une position bizarre où il s’agit, en quelque sorte, d’arrêter les comptes. On comprend bien, à la lecture de différents comics de ces derniers mois, voire de ces dernières semaines que s’il ne tenait qu’aux scénaristes on aurait déjà offert depuis sa rédemption à Jason. D’ailleurs cela aurait sans doute bien changé notre perception de Three Jokers si Jason avait finalement réalisé pour de bon qu’il porte le nom de code de son tortionnaire et qu’il est temps de lui tourner le dos, devenant un nouveau justicier, peut-être apaisé. On sent aussi cette intention ici. La logique des choses voudrait qu’au bout du chemin Scott Lobdell offre à Jason une porte de sortie ou un nouveau rôle. Mais, pas plus que les autres auteurs, Lobdell est prisonnier d’un fait. Red Hood est devenu un personnage reconnaissable, une marque qu’on retrouve aussi bien dans les jeux vidéo maintenant. Il est aussi facilement définissable dans la galaxie des anciens Robin : il y Dick (le sidekick devenu mature), Tim (le cérébral) et Damien (l’impétueux). Et, oui, bien sûr Spoiler aussi a été Robin mais elle apparait rarement dans les réunions de Robins chez Bruce Wayne. Et puis donc il y a Jason qui est le Robin déchu. Changer son nom, sa marque ou son rôle, ce serait bousculer la répartition des rôles. S’il s’apaisait il serait redondant avec les autres. Pour ces questions éditoriales et commerciales, il ne peut donc pas vraiment y avoir de Happy End pour Jason Todd. C’est un cahier des charges presque cornélien que se traine Lobdell dans ce dernier numéro et pourtant il s’en tire assez bien.
Comprenez par-là que le scénariste ne tourne pas entièrement le dos à ses propres marottes. Critiqué dès le début des New 52 pour sa gestion vulgaire de Starfire puis rattrapé lui-même par quelques polémiques qui concernent son comportement pendant les festivals, Lobdell n’en démord pas et conserve à Artemis, l’amazone rebelle, le rôle de la jolie fille rousse qui couche. Ce qui en soit n’est pas un problème. Après tout on n’est plus à l’époque du Comics Code, quand il fallait que seuls des personnages mariés aient des relations. Mais la chose est qu’Artemis est surtout représentée comme un « plan-cul » sans réellement intervenir, passive sur le reste de l’histoire. En langage technique on appelle ça une potiche. Alors que même si Bizarro est absent, à travers son petit frère il y a une forme de finalité qui le concerne. Même si ce n’est plus la série des Outlaws en tant que telle, Artemis sort du récit comme un accessoire dont on n’a plus besoin. C’est doublement dommage parce que sur tout le reste du numéro, joliment mis en images par Paolo Pantanela, Lobdell se débrouille assez bien pour parler de rédemption. A défaut de pouvoir l’obtenir pour lui-même, Jason s’occupe d’un personnage tiers (essayons de ne pas spoiler). Et finalement si Red Hood est enfermé dans un destin prévisible, il en ressort beaucoup d’optimisme et même de tendresse à la fois pour le personnage sauvé et pour Jason lui-même. Considérant que Red Hood est un personnage « bloqué » pour les raisons déjà exposées, ce numéro se tire vraiment très bien de sa mission de conclusion à neuf ans d’histoire. Avec Damien ou Barbara qui se posent des questions sur leur rôle, il y aurait vraiment le potentiel d’une refonte majeure de la Bat-Famille.
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