Après avoir « cassé » le personnage de Flash (Wally West), DC Comics se dit qu’il convient donc de le « réparer ». Ou en tout cas d’essayer. Wally, qui doit payer le prix pour des actes passés, ne veut plus entendre parler du nom de Flash, du costume rouge ou de la supervitesse. Mais le Karma en a décidé autrement et lui impose une nouvelle quête.
Scénario de Scott Lobdell
Dessin de Brett Booth
Parution aux USA le mercredi 18 septembre 2019
Vous aimez Flash/Wally et vous comptez sur Flash Forward pour le remettre sur pied après la conclusion d’Heroes In Crisis ? Hé bien… il va falloir attendre car ce premier numéro s’emploie plutôt à expliquer aux gens qui ont loupé les événements récents pourquoi le héros est en prison désormais. Enfin pas tout de suite car on passe quand même beaucoup de pages (huit environ) avec Tempus Fuginaut, Monitor du pauvre, à ressasser une sorte de non-sens. Les ténèbres du Dark Multiverse sont en train d’infiltrer les 52 réalités connues de DC Comics Et cette entité cosmique décide que forcément seul Wally peut arrêter ça, qu’il le veuille ou pas, et qu’il convient donc de l’envoyer à travers les réalités. DC Comics a vraiment trouvé le filon depuis le crossover Metal. Depuis, en effet, il suffit d’invoquer le nom du Dark Multiverse pour justifier tout et son contraire, un peu comme si quelqu’un de bourré tentait de vous expliquer Crisis On Infinite Earths. Le monologue du Fuginaut est une succession de lieux communs pendant qu’il regarde de gros « raisins » d’antimatière et empruntant sa logique aux Justice League récents. Ouin ouin, multiverse cassé, ouin ouin les héros n’ont pas vraiment réparé. Ouin ouin donc il faut un héros pour réparer ça vu, qu’on va lâcher dans la nature sans lui expliquer grand-chose et lui disant qu’il n’a qu’à se débrouiller. Vu que ça marche tellement bien à l’évidence. Maintenant ce n’est tant la « faute » du personnage. Objectivement si on reprend le début des Crisis des années 80, le Monitor n’est guère plus construit. Mais les évènements autour de lui le sont. Et là… non. Ou si peu. Hormis quelques voisins de prison qui font de la figuration, ce premier épisode repose sur deux persos. Wally est, on l’a dit, cassé (mais ça date d’avant, donc) et le Fuginaut est un deus ex machina d’opérette qui se parle tout seul. Du coup deux scènes relèvent un peu le ton. Un passage un peu cruel avec Linda et un autre avec un thanagarien – qui allez savoir pourquoi n’est pas un thanagarien – qui a l’avantage de remettre sur le tapis un autre élément en friche depuis 2016 et le préambule de Rebirth.
Il y a clairement une intention louable de Lobdell de gérer des choses pas éclaircies depuis trois ans. Mais il collectionne aussi au passage d’autres attributs assez peu définis tels que le Fuginaut sans dégager beaucoup de mystique. On veut nous vendre une aventure cosmique et on se retrouve avec deux brutes épaisses qui n’ont pas la présence d’esprit de se rendre compte qu’elles libèrent les pouvoirs de Wally. Oops. Si l’on compare avec ce qui se passe en ce moment dans la série The Green Lantern, par exemple, l’instinct qu’à Morrison pour gérer le non-sens en lui donnant de l’emphase est totalement inopérant dans le récit de Lobdell. En tout cas à l’instant T. Brett Booth, dessinateur occasionnel de la série Flash dans les années récentes, dessine également les choses de façon assez habituelle, ce qui est aussi un problème. Le même script avec un adepte du « widescreen » tel que Bryan Hitch nous vendrait beaucoup mieux la chose. A défaut un Ivan Reis qui sait gérer les histoires à la Multiversity. Là, c’est plan-plan. Peut-être que Flash Forward apportera par la suite des réponses attendues et importantes. Mais ce démarrage, ce premier numéro, est poussif. Et pour un Flash, c’est un comble.
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