C’est terminé pour Supergirl. Au moins pour l’instant car ce 42ème numéro est le dernier de l’actuelle série. En temps normal on serait tenté de dire que ce n’est assurément pas la fin, qu’il y aura une autre série Supergirl pour prendre rapidement la suite, mais entre les hésitations du marché pour cause de COVID et DC qui bascule une partie de sa production vers le numérique, plus rien n’est acquis. Si c’est la dernière aventure de Supergirl au moins sur le moyen terme, l’au revoir est-il à la hauteur ? eh bien oui et non…
Scénario de Jody Houser
Dessin de Rachael Stott
Parution aux USA le mardi 30 juin 2020
En Floride-du-Sud, Supergirl et Krypto affrontent une militaire typique des comics : les ordres rien que les ordres et on s’acharne sur la cible sans forcément qu’il y ait une raison cohérente. Volontairement ou pas, Jody Houser donne à sa générale en armure un rôle à la Batman V. Superman, une personne prête à tout pour arrêter la kryptonnienne (et son chien) au point d’en perdre un peu le contact avec la réalité. En face, il se trouve que Supergirl est affectée et souffre d’hallucinations, stratagème qui permet à Jody Houser de revisiter certaines figures marquantes de la série, en insistant sur les adversaires (d’envergure variable). On a parfois, dans ce numéro, l’impression que Jody Houser est obligée de sonner la cloche, de fermer le bar, mais qu’elle est un peu prise par le temps (ou plus simplement qu’elle le fait à regret). Le fait qu’elle passe par l’astuce narrative des hallucinations tend à montrer au contraire qu’elle a pu préparer sa conclusion et cet effet « bilan ». Ce qui risque de déstabiliser le lectorat c’est qu’en un sens, en surface, le numéro est orienté action (avec à la fois la confrontation des deux personnages mais aussi une catastrophe naturelle) mais qu’il a en même temps un final peut-être intimiste, qui touche plus à l’état d’esprit de l’héroïne sortie de cette aventure (et donc du cycle que représentait ce volume). La Supergirl des Comics, au moins depuis qu’elle a été réinjectée dans l’univers DC par Loeb et Turner, est une héroïne un brin plus colérique, un poil cynique, que sa version TV. La Kara de l’écran, comme Superman, dégage une certaine pensée positive qui fait qu’elle inspire les gens autour d’elle. S’il est arrivé que la Kara des New52 le fasse, c’est de façon plus ponctuelle. La chose ne coule pas de source pour elle et c’est justement le genre de réglage que la scénariste amène sur la fin, mais hélas sans pouvoir gérer la suite.
Rachael Stott donne des dessins très expressifs, campant bien les émotions de Kara et de la générale mais on serait curieux de voir les pages en noir-et-blanc tant les couleurs sont mastoc et surtout changent d’une case à une autre de façon flashy. L’ambiance de la bataille s’en trouve déséquilibrée (par moment on est incapable de se faire une idée de la lumière ambiante tant tout est colorisé en mode automatique). On est circonspect car d’une certaine manière l’équipe créative s’en va en lançant l’héroïne sur une nouvelle tonalité mais sans vraiment nous « vendre » l’enjeu dramatique du numéro. Mais peut-être est-ce simplement que les autrices elles-mêmes ont du mal à imaginer cette fin comme vraiment durable.
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