Alors que Superman affronte l’un des derniers représentants du III° Reich, le surpuissant Atom Man, une famille s’installe à Metropolis, ville de tous les espoirs. Mais la famille en question débarque de Chine et sa présence éveille la colère du Klan of the Fiery Cross. A Metropolis comme ailleurs, il y a des gens pour ne pas aimer « les étrangers ». A Metropolis peut-être plus qu’ailleurs, ce sentiment est d’autant plus idiot, alors que « l’Américain de base » est forcément issu de l’immigration à un moment ou à un autre et qu’il est, en prime, sous la surveillance d’un Superman… qui n’est pas précisément né ici…
Scénario de Gene Luen Yang
Dessin de Gurihiru
Parution aux USA le mercredi 16 octobre 2019
De temps à autre on voit poindre des lecteurs déçus que tel super-héros aborde tel ou tel problème politique. Ah, mon bon monsieur, la vie était tellement plus belle du temps où les justiciers n’étaient pas politisés et où l’on pouvait se cantonner à des questions existentielles pour savoir quel membre de la Justice League était le plus rapide ou lequel des Avengers était le plus fort. Autant le dire, c’est une méconnaissance totale de ce que sont les super-héros descendants de Superman, personnage créé par deux jeunes auteurs juifs à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et qui, dès les premiers épisodes s’attaquait non seulement à la pègre mais aussi à la misère sociale, aux politiques corrompus, aux quartiers insalubres et bien d’autres choses, parmi lesquelles le nazisme ou le racisme. Cette fonction activiste s’est répandue à travers les différents produits dérivés de Superman et en particulier à travers le show radio The Adventures of Superman où, en 1946, le surhomme s’attaqua au Clan (avec un C) of the Fiery Cross, allusion évidente au Ku Klux Klan. En dénonçant les usages et le folklore du Klan, le Superman de la radio fut un élément essentiel de la perte de crédibilité du KKK en Amérique. En 2019, DC Comics adapte de manière libre cette saga, en la confiant au scénariste Gene Luen Yang et au studio Gurihiru pour les dessins. En un sens il est étonnant que DC Comics ne se soit pas déjà attelé de longue date à un tel projet, tant c’est un rappel de la pertinence de l’alter-ego de Clark Kent, pour ceux qui auraient tendance à la minimiser. En se gardant un droit d’inventaire, Gene Luen Yang débute son histoire en rendant hommage à divers éléments qui sont apparus dans le show radio (le nazi Atom Man, les débuts de la Kryptonite) avant d’entrer dans le vif du sujet : une famille venue de Chine s’installe à Metropolis mais elle est « accueillie » par les gens du Klan (avec un K) of the Fiery Kross.
Ce qui est un peu dommage, c’est que le projet ne choisit pas toujours son camp. Oh, clairement, dans Superman Smashes The Klan, on sait qui est le héros et qui ne l’est pas. Mais sur le récit en lui-même ne sait toujours sur quel ton se placer. Est-ce qui nous parle réellement de la société américaine de 1946 ou de celle d’aujourd’hui ? Tommy, en fan de base-ball, pourrait aussi bien être un étudiant d’aujourd’hui. Tout comme la société multiculturelle dépeinte autour de Superman, qui semble un brin idéalisée, en particulier pour 1946. On aurait pu aller dans une approche plus réaliste, plus historique. Dans le même ordre d’idée, la tentative de parallèle entre l’accueil de la famille immigrée de Chine et la peur qu’inspire Superman, lui aussi immigré, a ses limites. Quand vous avez quelqu’un dont les yeux émettent des lasers, vous comprenez que cela puisse créer une certaine panique. Ces petits flottements, cette tendance à raconter/édulcorer la chose comme un dessin animé, est regrettable. D’autant que la postface de Gene Luen Yang, à l’inverse, est un témoignage documenté et intéressant de la persistance du racisme. D’ailleurs son édito est intéressant à lire ou à relire alors que cette même semaine la série TV Watchmen débute avec certains éléments en commun. Superman Smashes The Klan est un « document » intéressant, dans le sens où il rappelle que Superman a d’abord été un héros activiste pendant plusieurs décennies, avant de se perdre, souvent, dans des histoires où il s’agit de savoir si la Kryptonite Rouge est plus dangereuse que la Bleue. Mais peut-être que le meilleur héritage du show radio serait d’envoyer à nouveau Superman s’attaquer aux problèmes de la société d’aujourd’hui. C’est à dire aux émules des néonazis de Charlottesville ou d’ailleurs. Ou peut-être que DC Comics pourrait faire son autocritique et évoquer le fait que dans les années trente Detective Comics publiait des couvertures évoquant « le péril jaune ». Dans l’état cela reste cependant un rappel bienvenu de la légitimité de Superman (et de ses semblables) à dire des choses sur notre société. Pas adeptes de ce genre de message ? Les super-héros en sont pourtant porteurs depuis huit décennies. C’est leur rôle, leur fonction, ils sont pratiquement nés pour cette raison…
[Xavier Fournier]–
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