Avant-Première Comics VO: Review War Of The Realms #1
5 avril 2019Thor est aux abois. Non seulement il n’a pas retrouvé son arme de prédilection mais ses ennemis sont à la porte. Depuis des années Malekith fait sentir son emprise à travers les dimensions reconnues par Asgard. Même la patrie des dieux nordiques est tombée devant l’armée des elfes noirs. Ne reste plus que la Terre. Et quand Thor lui-même est fait prisonnier, c’est au tour des autres héros de « Midgard » de prendre la relève.
War Of The Realms #1 [Marvel Comics]
Scénario de Jason Aaron
Dessins de Russell Dauterman
Parution aux USA le mercredi 3 avril 2019
War of the realms est un point d’orgue attendu depuis longtemps. On peut même dire que tout ou pratiquement tout le run de Jason Aaron sur Thor a pointé vers ce rendez-vous. Du coup, clairement, le public qui a suivi Thor est sans doute avantagé par rapport aux autres. On est un peu dans la même situation que le dernier Secret Wars, où il valait mieux avoir suivi au moins un peu les Avengers d’Hickman avant de se plonger dans l’histoire. Pourtant, War of the realms n’est certainement pas incompréhensible ou hermétique. Les premières pages, à défaut de résumer tout le run de Thor, donne au lectorat les éléments premiers dont il a besoin pour saisir les tenants et les aboutissants. Elles placent aussi les enjeux, avec une mort apparente de quelqu’un qu’on a déjà vu mourir en d’autres temps… mais l’intérêt de la scène est plus de refléter le désespoir du personnage et l’amertume de sa situation. Thor, lui aussi, est perdue dans sa mélancolie, espérant un jour tomber sur un marteau qui lui reviendra au propre comme au figuré. Mais ce que Jason Aaron négocie dans ce premier numéro du crossover, c’est un virage nécessaire. War of the realms passe du stade d’histoire du « simple » Thor à celui d’event impliquant tout l’univers Marvel. Aaron est certes aidé dans cela par le fait qu’il est récemment devenu le scénariste des Avengers mais l’auteur a clairement l’ambition d’utiliser autant de « jouets » disponibles que possible. Spider-Man ou les super-héros urbains de New York sont donc de la partie, dans un premier épisode qui, déjà, est à des années-lumière au-dessus de ce que pouvait être le dernier crossover en date, Infinity Wars. Il faut dire qu’une des choses qui jouent en faveur de « War », c’est d’avancer sérieusement sans pour autant se prendre au sérieux. C’est à dire que s’il y a des enjeux, de l’action, les Asgardiens sont un réservoir de dialogues assez directs, qu’on parle de Freyja ou Hildegarde. Et puis on peut toujours compter sur Spider-Man pour être… Spider-Man.
« What manner of Svartalfheim monster is this? We should kill it before it lays its eggs! »
On est maintenant bien habitué à voir Russell Dauterman dessiner Thor (dans différentes versions au fil des années) ainsi que les ressortissants Marvel de la mythologie nordique. Mais cette fois il faut brasser une bonne partie de l’univers Marvel, y compris un certain nombre de personnages qui n’ont rien de nordique. Et là, surprise, Dauterman se montre excellent, en particulier pour sa prise en main de Spider-Man, dont il exploite tout le relief. Si les protagonistes se multiplient vers la fin et si le dessinateur n’a pas toujours toute la place pour une approche tridimensionnelle du même ordre, l’artiste montre tout ce dont il est capable en termes de textures et de détails. Sans savoir ce que donnera War Of The Realms dans sa globalité, c’est un début assez riche et prometteur. Ironiquement on pourrait trouver quelques ressemblances avec le synopsis de base du film Thor: Ragnarok, ce qui selon les spectateurs est ou n’est pas un compliment. Mais c’est comme si l’équipe créative s’était donné comme but de montrer que dans les comics l’imagination n’a pas de problème de budget ou de réalisation. Les Elfes Noirs ont débarqué sur Terre. Aux super-héros de contre-attaquer. S’ils le peuvent.
[Xavier Fournier]