Les anciens membres de Young Justice, accompagnés de quelques nouveaux héros, sont piégés dans la dimension magique d’Amethyst. Mais ces derniers mois ils étaient disséminés en petits groupes, pratiquement en tandem. Il est temps de les réunir et de voir ce que les jeunes justiciers ont à se dire, à commencer par un « content d’être là » assez communicatif.
Scénario de Brian Michael Bendis
Dessins de Patrick Gleason
Parution aux USA le mercredi 3 avril 2019
Maître de l’ellipse et des détours narratifs, Brian Michael Bendis nous a alpagué au premier épisode en organisant de manière apparente le retour d’Impulse pour mieux nous surprendre avec celui de Superboy (Conner Kent). Mais après, le jeu du titre d’équipe a fait qu’il a pris un malin plaisir à nous présenter les autres membres tout en nous donnant finalement peu sur le dénommé Conner. Si tout n’est pas expliqué dans ces pages, certaines pistes sont dégagées. Et surtout il y a le plaisir entretenu des retrouvailles, à mesure que les personnages centraux de la série apprennent la nouvelle. En fait, ce qui est intéressant, c’est qu’on peut faire la comparaison avec un autre titre actuel de DC Comics. Si l’on regarde bien, dans les pages de Shazam, Geoff Johns fait un choix contraire quand il est fasciné par son système de différents royaumes magiques, tellement qu’il en oublie un peu le côté humain des protagonistes. On perd un peu de vue la spécificité de Billy et de ses demi-frères et sœurs et le concept pourrait aussi bien être transféré dans un autre titre. Cela pourrait être les Teen Titans ou Dial for H qui vivraient l’aventure que ce serait pareil. Bendis, lui n’oublie jamais que le récit est à propos de ces jeunes héros, qui sont contents d’être ensemble même s’ils se retrouvent projetés dans un monde magique, qui est renvoyé à son juste rôle de décor (c’est assez cohérent – mais en mieux – avec la manière dont Bendis écrivait lors de la saga des Avengers dans le Microverse pour retrouver The Wasp).
Face à l’optimisme qui est la marque de fabrique avouée du sous-label Wonder Comics chapeauté par Bendis, Patrick Gleason fait un choix graphique qui peut sembler contradictoire, tant la dimension d’Amethyst semble crépusculaire, parfois carrément ténébreuse. Mais à bien y réfléchir, il s’agit sans doute de mieux faire ressortir que la joie des personnages vient de leurs liens, pas de leur environnement. Ou que plus exactement ils amènent de la joie dans ce monde plutôt barbare. Cela permet aussi de « forcer le trait » et de souligner les moments où ce monde traverse des « refontes ». Dans l’ensemble Young Justice peut parfois sembler fébrile avec la manière de Bendis de raconter les choses dans un ordre (ou un désordre) bien particulier, mais la série rend… Justice à ses héros principaux et trouve un ton que la plupart des team-books de DC n’ont pas ces temps-ci (c’est d’autant plus nécessaire quand on mesure le nombre de Robins, de Superboys et de « speedkids » qui traînent dans différents titres). C’est joyeux et animé.
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