Les X-Men (ou disons la nation mutante de Krakoa) s’invite au sommet de Davos pour y rencontrer d’autres puissances mondiales. Un début de relations diplomatiques qui sonne aussi comme un ultimatum. Il faut dire que lorsque vous avez dans votre délégation un Magneto et un Apocalypse, ça pose un certain cadre…
Scénario de Jonathan Hickman
Dessin de Leinil Yu
Parution aux USA le mercredi 1er janvier 2020
Le run de Jonathan Hickman affiche un visage « à la Janus » dans le sens où il alimente deux flux aux qualités différentes. Disons-le, quand les mutants sont livrés à eux-mêmes et restent béatement à se rouler dans l’herbe de Krakoa ou qu’on nous raconte qu’une autre partie de l’ile était partie dans une autre dimension et que maintenant elle revient fusionner, avec plein de créatures surnaturelles, c’est un peu… mou du genou (et ça dresse un piètre portrait de certains mutants). Par contre dès lors qu’Hickman confronte ses personnages au monde extérieur, l’intérêt s’en semble réhaussé. Ce quatrième épisode fait partie de cette seconde souche d’intrigue, avec une délégation composée de Charles Xavier, Magneto, Apocalypse (qui semble ignorer que dans une autre série il a décidé de changer de nom), Cyclops et Gorgon qui se rend à Davos pour revendiquer un statut de superpuissance politique. Il est intéressant de voir, aussi, qu’Hickman écrit Gorgon comme s’il s’agissait de Wolverine, jusqu’aux membres coupés façon Logan contre le Hellfire Club… Globalement c’est une bonne lecture. C’est forcément plus intéressant dès lors qu’il y a une réaction externe, qu’il y a une sorte d’écho, un renvoi aux mutants de leur propre image. Cependant pour que son projet fonctionne, Hickman se retrouve une nouvelle fois obligé d’accentuer des barrières. Il y a d’un côté des humains, de l’autre des mutants et tout ce beau monde ne s’est jamais parlé. Tout au plus on accorde à l’ambassadeur du Wakanda une vague phrase faisant mention de rois et de reine, histoire de dire du bout des lèvres que Storm existe (d’ailleurs allez savoir pourquoi la délégation mutante croit bon de n’intégrer que des mâles, les humains reflètent plus de diversité qu’eux, ce qui est un paradoxe vu le propos de l’histoire). Donc on oublie que plusieurs nations, à commencer par le Wakanda ou Atlantis, étaient encore des refuges et des alliés proches des X-Men. Hickman préfère surjouer le clivage et c’est dommage car cela amoindri un peu les choses. Même s’il est finalement assez justifié quand il souligne que les X-Men, malgré certains côtés agressifs démontrés ces derniers temps, ne font finalement que se comporter que comme une puissance politique.
« All clear on the second floor, Professor. »
Hasard du calendrier des parutions, X-Men #4 est sorti mercredi dernier, près d’une dizaine de jours après le décès de son encreur Gerry Alanguilan, ami et partenaire de longue date du dessinateur Leinil Yu (avec sans doute quelques pages à venir sur les numéros suivants). C’est un numéro plus dépouillé que ce que les deux compères avaient pu produire sur d’autres séries (peu d’éléments de décors, l’accent sur des « têtes parlantes » oblige). Mais il s’en dégage aussi, par la même occasion, une narration plus forte, toute en retenue.
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