Entre Spider-Man et Peter Parker, rien ne va plus. Et si pour vous cette phrase n’a pas de sens (ne s’agit-il pas de la même et unique personne ?), c’est que vous n’avez pas suivi la récente relance d’Amazing Spider-Man par Nick Spencer et Ryan Ottley. Car il y a désormais « Spider » d’un côté et « Man » de l’autre, dans une intrigue qui emprunte beaucoup aux récits du Silver Age.
Scénario de Nick Spencer
Dessins de Ryan Ottley
Parution aux USA le mercredi 22 août 2018
On pouvait se demander pourquoi et comment, si peu de temps après la saga Clone Legacy (et entre un ou deux crossovers à la Spider-Verse où les Spider-Men sont multiples) Nick Spencer s’enquiquinait à créer un nouveau double de Spider-Man. La réponse est simple : malgré les apparences, il ne s’agit pas d’un double mais d’une séparation. Spencer lorgne ici sur certaines histoires des années 50/60, plus spécifiquement de DC Comics, où il suffisait d’une kryptonite de couleur étrange pour séparer Clark Kent et Superman ou encore créer un Superman Blue et un Superman Red. Même chez Marvel, il y a quelques semaines, la série Champions nous a offert quelque chose du même ordre avec deux Viv Vision, l’une se sentant humaine et l’autre pas. Pourtant, appliquer la recette à Spider-Man a du sens, peut-être encore plus que dans tous les exemples cités, puisqu’il s’agît de se demander ce qu’il arrive quand on sépare les pouvoirs et la responsabilité. Le très humain Peter est aussi celui qui a conservé le souvenir d’Oncle Ben, là où Spider-Man, désormais privé de sentiments humains, n’a plus ce repère. Alors que le récit rajoute en plus un impératif de temps, une sorte de compte-à-rebours qui fait que ces deux moitiés devraient s’entendre si elles veulent continuer d’exister, la pression s’accentue sur le binôme. Disons en fait sur Peter, vu que Spider-Man n’en a rien à faire.
« I guess these days I’m just feeling a lot more free… »
Ryan Ottley continue d’étayer la bonne impression des épisodes précédents. Il y a de l’expressif et de la précision dans sa manière de représenter le petit monde de Spider-Man. On peut y trouver un voisinage avec l’Amazing Spider-Man que dessinait Erik Larsen il y a longtemps mais c’est sans doute en raison de la présence commune de la Tri-Sentinel comme adversaire. Ceci explique cela. Mais le vrai gage d’utiliser Ottley apparaît réellement quand il représente certains super-vilains remontant aux années 60, lesquels n’ont jamais eu le charisme d’un Green Goblin ou d’un Octopus. Après des années passées loin du mainstream mais dans le même temps à synthétiser certains archétypes pour l’univers de Kirkman, Ottley arrive ici de manière « perpendiculaire ». Le bad guy ringard y gagne en modernité, rien que par l’énergie du trait, de la construction des silhouettes. Il y a aussi une manière de représenter la chose sans trop se prendre au sérieux qui fait que le récit y gagne en décontraction sans rien sacrifier aux enjeux. Marvel a bien souvent tendance à changer les dessinateurs de série comme s’il s’agissait de jouer aux petits chevaux. Amazing Spider-Man aurait tout à gagner de la présence d’Ottley sur le long terme.
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