Avant-Première VO: Review Astonishing X-Men Annual #1
19 août 2018Jean Grey n’est pas seule à être revenue d’entre les morts ces derniers temps. « X » aussi est de retour. Mais il n’a pas encore eu l’occasion de retrouver les X-Men originaux. Alors que Jean provoque un repas d’anciens, où les vétérans mesurent tout ce qu’ils ont sacrifiés pour le rêve de Xavier (et avec finalement un résultat mitigé sur le long terme), « X » décide de révéler sa présence et d’emmener tout ce petit monde en mission, en souvenir du bon vieux temps, pourrait-on dire.
Astonishing X-Men Annual #1 [Marvel Comics]
Scénario de Matthew Rosenberg
Dessins de Travel Foreman
Parution aux USA le mercredi 15 août 2018
Cet Annual n’a d’Astonishing X-Men que le nom, tant il ne concerne pas vraiment les deux versions récentes du groupe qui occupe la série. Tout au plus pourrait-on dire qu’il y a d’un côté Archangel (qui faisait partie des mutants sélectionnés par Charles Soule l’an dernier) et de l’autre il y a Beast (que Matthew Rosenberg utilise depuis deux épisodes aux côtés d’Havok). Mais c’est cependant un épisode charnière où Rosenberg négocie des connexions, des virages. Auteur de la résurrection de Jean, il doit aussi faire avec le retour de « X », l’ancien tuteur de l’école, qui a épousé un rôle ambivalent, prêt à sacrifier qui il faut pour arriver à ses fins. Après tout sa présence parmi les vivants n’est-elle pas bâtie sur le sacrifice d’un des X-Men (que personne ne semble pleurer, mais sans doute les blocages télépathiques sont-ils à l’œuvre). Ce n’est pas la première fois qu’on démontre que Charles Xavier est loin d’être un enfant de cœur mais Rosenberg se sert de cette présence pour forcer les X-Men originaux à faire une sorte d’auto-critique. Ne sont-ils pas un peu trop occupés à pleurer sur leur sort et pas assez à se féliciter de ce qu’ils accomplissent ? N’ont-ils pas perdu de vue l’objectif ? Même s’il a surtout touché à Jean et à Beast ces derniers mois, Rosenberg se débrouille très bien avec les « voix » de « X » et d’Iceman (il passe pour un pitre/bouffon mais c’est assez raccord avec les premières années des X-Men). Sans doute un peu moins avec Warren, mais la nature de ce dernier est aussi d’être plus en retenue, ceci explique cela. Pour rajouter à l’ambiance « canal historique », le scénariste va même chercher un très vieil adversaire des X-Men originaux, utilisé ici un peu comme une sorte de « Shadow King bis » mais d’une façon qui se justifie dans le scénario.
« So what? You want to re-create old times? Get the band back together? »
Travel Foreman dessine cette réunion avec les choix graphiques, inimitables, qui sont les siens. Mais pour le coup les choix qu’il fait au niveau des angles ou des textures sont dans l’ensemble étouffés par la colorisation. Là où le dessinateur à le souci du trait qui correspond, où la représentation de la fourrure de Beast ce n’est pas la même chose que les cheveux de Jean, la colo nous tapisse tout cela d’aplats massifs et de dégradés grossiers, sans signe manifeste de discernement. C’est manifeste dans le passage où Warren et Bobby rejoignent Hank et Jean dans le restaurant, les lumières sont traitées en dépit du bon sens, avec des ombres posées un peu n’importe où « pourvu que cela mousse ». Les fonds noirs, avec coups d’aérographe Photoshop et perso mal détourés, plus tard dans la taverne ? Ils sont édifiants. Il faut se méfier d’accabler les coloristes dans le sens où on ne sait jamais s’ils ont disposé du temps nécessaire pour bien travailler (et souvent, dans le contexte actuel, la réponse est non). Mais le résultat est là et on a l’impression que les couleurs sortent de chez Ripolin, bien loin de la finesse qu’exigerait le dessin. C’est dommage car avec un(e) coloriste adéquat(e), on a l’impression que cet Annual aurait pu se placer un ou deux étages au-dessus. Dans l’état, ces aléas, à défaut d’aider le travail de Foreman, n’arrivent cependant pas à endormir la pertinence du scénario de Rosenberg. « X » est un personnage étrange, une sorte de Loki mutant dont on se dit qu’il ne vaut mieux ne pas l’avoir pour ami. Après que Charles Soule ait terminé son arc sur Astonsihing X-Men, faire que « X » efface les mémoires avait l’air de botter en touche, d’entériner (mais aussi d’enterrer) un retour dont personne ne savait que faire. Matthew Rosenberg montre ici que si on lui laisse les coudées franches il a quelques idées concernant le sieur X.
[Xavier Fournier]
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