Avant-Première VO: Review Batman #44
5 avril 2018Alors que le jour de leur mariage approche, Selina Kyle, alias Catwoman, se souvient de ses différentes confrontations avec Batman et de l’évolution de leurs relations. Un numéro sur le temps qui ne recherche pas spécialement à faire évoluer les intrigues en cours mais qui se charge de redonner de l’âme à Selina, de proprement la redéfinir alors qu’elle s’apprête à affirmer une importance nouvelle, si les choses vont jusqu’au bout…
Batman #44 [DC Comics]
Scénario de Tom King
Dessins de Mikel Janin & Joelle Jones
Parution aux USA le mercredi 4 avril 2018
Certains jouent au gendarme et au voleur. Catwoman a longtemps joué un jeu similaire avec Batman, encore qu’il a été très tôt parfumé d’un rapport bien plus sensuel. Et finalement, Selina semble avoir choisi son camp, après des années de volte-faces. Mais il faut bien dire que la timeline de la femme-chat a été entachée de quelques revirements diversement perçus par le public. En 2011, les New 52 ont commencé par effacer le fait qu’elle connaissait le secret, l’identité de Batman. Et puis presque aussi vite, dès les premiers numéros de Catwoman, on est passé à une relation purement sexuelle sans la moindre complicité. Un plan cul qui en a choqué quelques-un(e)s. Aussi, avant que Bruce et elle marchent vers l’autel, prendre un petit épisode où Catwoman ne partage pas réellement l’affiche avec quelqu’un (Batman n’est là que par différents flashbacks), où elle n’est pas obligée de se justifier par rapport à des membres de la League ou d’autres potes de Bruce… Bref, ce n’est pas du luxe et Tom King aurait tout aussi bien pu titre ce numéro « Qui est Catwoman ? ». Il y dresse en effet une sorte d’inventaire des tournants de la relation des deux tourtereaux, en remontant vraiment très loin. En un sens Tom King fait du Rebirth mai du Rebirth++, qui ne s’arrête pas à ramener des choses d’avant Flash point mais tend le bras bien plu en arrière, jusqu’au Golden Age. Et tout cela avec un droit de réserve qui fait que King ne liste pas placidement. Il se tait aussi sur des choses plus ou moins récentes qui compliquaient mais ne structuraient pas. Catwoman récupère tout un pan de son histoire mais y gagne aussi en cohérence.
« Okay. Be stubborn. You always are. »
Au bout du compte on peut regretter pour King que son run de Batman ne soit pas dessiné de bout en bout par un(e) seul(e) artiste, qui rendrait ce corpus plus visible, un peu comme Capullo a pu délimiter l’essentiel du run de Scott Snyder (et par conséquent l’inscrire plus dans la durée que les bat-écrits de Snyder parus avant ou après, puisqu’ils sont hors du cercle principal). A défaut d’avoir un seul dessinateur, l’idée de confier ces pages à deux personnes qui se sont récemment succédés sur le titre, Mikel Janin et Noelle Jones, est assez bonne puisqu’ils se partagent de manière très lisible le présent et les souvenirs. Dans ce cadre, Janin a la part du lion, pardon, la part du tigre, puisqu’il peut s’éclater avec les changements de costumes et d’ambiance. C’est d’autant plus frais qu’il n’est pas spécialement passéiste dans son approche et qu’il ramène ces choses, même les plus improbables, avec un grain de modernité. Difficile à l’avance de savoir ce que donnera à l’avance le mariage (on en a vu, des cérémonies tourner court au dernier moment…). Mais mine de rien Tom King se positionner comme quelqu’un qui rend à Catwoman toutes ses facettes. Si King préparait en spin-off une nouvelle série consacré à Selina, il y aurait de quoi signer tout de suite…
[Xavier Fournier]