C’est le dernier épisode de la série Batwoman (en tout cas dans l’immédiat). Et si pour le titre le futur est uncertain, l’alter ego masqué de Kate Kane doit, avec l’aide de Renee Montoya, tenir en échec le Clock King, qui prétend vendre à ses clients une substance qui rend capable de prévoir l’avenir. A l’heure du bilan pour ce voluùe de Batwoman, une Happy End est-elle possible ?
Scénario de Marguerite Bennett
Dessins de Fernando Blanco
Parution aux USA le mercredi 15 août 2018
Alors que Batwoman va bientôt migrer vers les écrans TV et que la prospective de la voir incarnée par Ruby Rose fait couler beaucoup d’encre virtuel, y compris et surtout auprès de personnes qui n’ont pas la moindre idée de qui est Kate Kane, la version comics, que l’on connaissait depuis Rebirth, s’arrête. Sans être dénuée d’intérêt, elle n’aura pas égalé les premières années du volume précédent (ce qu’on pourrait qualifier de « période J.H. Williams » pour que tout le monde comprenne, même s’il n’était pas le seul auteur/artiste impliqué). Dans les faits, Marguerite Bennett aura servie avec vaillance les aventures de Batwoman dans une thématique qui visait à la distinguer de son cousin (Batman, pour ceux qui suivent). Le tout avec un regard porté vers l’avenir dès l’épisode initiale, qui voyait Kate peut-être basculer dans un tout-autoritaire. C’est que Batwoman n’est pas un Batman en « jupons », une version caricaturalement féminisée ou lesbianisée de celui-ci pour faire genre. Elle est femme et lesbienne mais loin de la carricature. C’est un personnage fort, avec globalement ses spécificités et des choses à apporter à l’univers DC. Là où Batman est un détective masqué, Batwoman vient avec un cursus totalement différent, elle n’est pas une bat-policière mais bien une bat-militaire. En un sens Batwoman est plus proche du Punisher que de la Bat-Family. Cette différence fait que, malgré un totem en commun, elle suit sa propre Bat-voie. Batwoman le dit d’ailleurs dans ce numéro tout comme elle le démontre ans le même temps. Elle n’est pas Batman, tout simplement. Elle est autonome et à partir de là, elle est plus forte qu’un dérivé. Kate n’est pas Bruce et il est ironique (ou particulièrement bien vu ?) que la même semaine ou Batman explique, dans son 53ème épisode, qu’il n’est pas un dieu, sa cousine reprenne l’idée que Batman est dieu dans un contexte totalement différent. Alors que Bruce, récemment, a vu s’envoler sous son nez ses chances de bonheur, Kate, elle, termine donc la série en faisant un choix opposé. Dans la logique interne des histoires, Batman est convaincu qu’il n’a pas droit à un avenir, Batwoman, elle, a les yeux portés vers les lendemains à venir, en refusant de sacrifier sa vie privée. C’est pratiquement dit dans les dernières pages, comme un manifeste.
« Drug-dealing robots! Superpsychic Time-travel! Masquerade Mayhem! Also maybe lesbians?! »
Finir la série avec une histoire de méchant qui, essentiellement, vend de l’avenir, est donc loin d’être une mauvaise idée de Bennett. Aux dessins, Fernando Blanco profite de l’histoire pour d’une part représenter la jet-set dans des habits de carnaval (on est pas loin, visuellement, de la Cour des Hiboux) mais aussi des motifs d’horloge et de rouages, qui donnent sur certaines cases une ambiance presque steampunk. Finalement les deux moments où, peut-être, il est moins pertinent dans sa narration, ce sont les deux double pages occupées à parler d’avenir. Elles ont peu ou pas de composition. Mais inversement il passe à un tout autre niveau dans une autre double page qui, à l’évidence, fait référence au précédent volume « Williams » de Batwoman. Sans pouvoir prétendre avoir été le meilleur run de Batwoman que l’on ai connu, le run de Bennett s’achève donc de manière à la fois satisfaisante et efficace. Avec une série TV Batwoman à venir, il serait très étonnant que DC Comics laisse longtemps cette héroine sans comic-book régulier (encore que Black Lightning ou les Legends of Tommorrow n’y ont pas droit, c’est certain). C’est la fin de la série mais certainement pas la fin de son monde. Et sans doute que si les polémiques de ces dernières semaines ont un mérite, c’est de prouver que le personnage interpelle. En se scandalisant qu’il existe une collègue trop ou pas assez lesbienne de Batman, les détracteurs font passer le message, sans s’en rendre compte, qu’elle existe. Il y a des précédents, par exemple les anti-Black Panther qui juraient, plusieurs mois avant la sortie du film, d’organiser un boycott massif. On a vu avec quelle « efficacité ». Batwoman, le comic-book, s’arrête. Batwoman, le personnage, perdure et reviendra.
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