Chant du cygne de Chris Samnee (mais pas de Mark Waid) sur la série, Captain America #700 est un numéro anniversaire qui ne recherche pas un effet fanfare. Au contraire, dans le récit principal, les deux auteurs restent concentrés sur la seule chose qui importe : terminer l’arc en disant autant de choses que possible sur la personnalité de leur héros. Reste alors la deuxième histoire, qui vise le lecteur de longue date avec les meilleures intentions possibles. Mais l’idée est-elle à la hauteur.
Scénario de Mark Waid
Dessins de Chris Samnee
Parution aux USA le mercredi 11 avril 2018
Qu’est-ce qui distingue Captain America de la plupart de ses super-collègues ? Comme l’illustre ce 700ème épisode, c’est (entre autres choses) la volonté de ne jamais laisser quelqu’un derrière. Là où d’autres rentreraient fissa dans leur époque d’origine, Cap ne peut supporter l’idée de laisser à leur triste sort les survivants d’un futur alternatif. Mark Waid montre Cap comme quelqu’un qui ne se résout jamais, tant qu’un espoir reste possible. Et Cap reste donc pour essayer de remettre l’Amérique dans les rails… au moins jusqu’à ce que l’irréparable soit commis. Pour ses idéaux, Steve Rogers est prêt à sacrifier beaucoup de choses, à commencer par lui-même. Chris Samnee, lui, mène la chose en véhiculant les expressions, les émotions de Rogers. Le passage du dessinateur n’aura été que trop court et on aurait bien pris un run d’au moins une douzaine d’épisodes. On notera au passage que le prochain arc annoncé, toujours écrit par Waid, parlera aussi de Cap dans le futur et c’est un peu curieux si tôt après cette intrigue.
« Normally, I would have fought with a little more finesse… »
Le deuxième récit du numéro est celui qui marque plus le côté anniversaire. Mais elle a les inconvénients de ses avantages. C’est à dire que si elle est dessinée par Jack Kirby, il s’agît en fait d’un remix de cases du King, remis en ordre et scénarisé par Mark Waid. D’un côté l’attention peut faire mouche auprès de certains fans de Kirby, de l’autre c’est un peu comme voir un Peter Cushing numérisé réapparaitre dans Rogue One pour prononcer des phrases qu’il n’a pourtant jamais joué. Avec le renouveau des relations entre la famille Kirby et Marvel depuis quelques années, nul doute que cela est fait dans les règles, à partir de matériel appartenant bien à l’éditeur. Mais sachant le passif houleux du King avec Marvel, rééchantillonner ses planches pour leur donner un autre sens, c’est un peu l’exercice contraire de ce qui avait été fait il y a quelques années pour reconstituer son véritable dernier épisode des Fantastic Four. Dans le cas présent c’est un peu sortir la planche à oui jà pour continuer à le faire travailler pour l’éditeur. On peut tout à fait comprendre qu’au départ tout cela part d’une bonne intention d’honorer l’artiste. Mais ça laisse quand même une impression amère.
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