Cette année, c’est Deadpool qui se plie à l’exercice du « numéro de Noël ». En effet, cette fois le Père Noël ne passe pas dans les cheminées, ne livre aucun jouet. Furieux, les enfants du monde entier se cotisent pour engager Wade Wilson et lui donner comme mission d’assassiner le vieux bonhomme qui les a déçus. Deadpool doit tuer celui qui saboté la soirée de Noël…
Scénario de Scottie Young
Dessins de Nic Klein
Parution en France le mercredi 5 décembre 2018
Ah Noël ! Voilà une figure qui, un temps, inspirait des épisodes naïfs dans lesquels Superman ou d’autres volaient au secours du Père Noël pour l’aider à s’acquitter de sa folle nuit de livraison. Mais ça c’était avant. Et depuis une grosse vingtaine d’années, au contraire, de nombreux héros de comics s’emploient à défoncer cette figure des fêtes de fin d’années. Lobo, Harley Quinn, Hellboy ou Wormwood, le Klaus de Boom ainsi que toute une armada d’autres exemples/cas… (et Deadpool a déjà dû donner dans le genre). C’est devenu, en un sens, un art de nous livrer un portrait destroy du Père Noël tout en restant créatif. Que quelqu’un embauche Wade pour tuer cet « autre bonhomme en rouge », c’est presque naturel et couru d’avance. Tout l’attrait du script de Young, c’est le pourquoi du comment et aussi, un peu, le contexte. Ce n’est pas forcément Deadpool qui est le plus assoiffé de sang mais biens ses clients, des enfants furax et organisés, qui veulent que le sang de « Santa Claus » coule. Mais, plus encore, il y a une forme de parabole là-dessous, avec dans le viseur, plus que le Père Noël lui-même, ceux qui ont industrialisé la fête. Young emprunte à l’univers Marvel un nom bien connu de société malhonnête mais, en 2018, ce qu’il vise, cette entité qui livre là où le Père Noël ne le fait plus, tout en opprimant son propre personnel… Young parle ni plus ni moins d’Amazon et des structures similaires.
Nic Klein, au dessin, fait preuve d’une certaine férocité, qui se lit aussi bien sur le visage enragé des enfants que sur sa version ravagée d’un Père Noël. Il représente la chose sans trop se perdre dans la caricature, comme s’il s’agissait d’un épisode lambda du Punisher. Et c’est ce décalage qui donne du charme à l’histoire, même s’il faut bien dire que sur le dernier tiers, tout le passage à l’usine verse dans quelque chose de plus théâtral. En fait, ce qui fait la force de Young et Klein, c’est de servir au premier degré de l’improbable (même dans le contexte de l’univers Marvel) et en même de rire de détails convenus dans les autres séries (par exemple les nouveaux voisins du Père Noël et leur base spectaculaire rajoute de la folie à l’ensemble). Un épisode marrant, qui parfois rebondit un peu sur quelques mécanismes déjà vu, mais en tout cas très efficace et intemporel, même si vous n’êtes pas au fait des derniers épisodes du Père Noël et si vous ne croyez plus en Deadpool. Ou l’inverse.
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