Thalia Rosewood est non seulement croque-mort mais carrément obsédée par son travail et, plus encore, par le concept de la Mort en elle-même. Mais sa rencontre avec une femme aussi mourante que mystérieuse va la projeter dans une situation qu’elle n’attendait pas vraiment. Tini Howard et Nick Robles nous donnent un titre digne de Vertigo. Et pour cause…
Scénario de Tini Howard
Dessins de Nick Robles
Parution aux USA le mercredi 18 juillet 2018
Parfois, entre la commande d’un titre et le fait de le voir apparaître dans sa pile de lecture, il y a comme un gouffre. Ce qui fait que l’on savait très bien pourquoi on voulait le récupérer s’est un peu perdu dans la masse quelque part entre trois exploits cosmiques des Avengers ou de la Justice League. Ce n’est pas forcément un mal, cela permet quelques fois de renouveler l’effet de surprise. Aussi en lisant les premières pages d’Euthanauts, on est rapidement pris par une certaine ambiance, une certaine qualité. Que ce nouveau comic-book d’IDW nous rappelle donc la tonalité de Vertigo. Normal, Euthanauts est issu du tout nouveau label Black Crow, label piloté par Shelly Bond, ancienne figure de proue du label mature de DC Comics, dont le « remerciement » avait défrayé la chronique il y a quelques années. Bond refonde donc ici une lignée qui conserve toutes les valeurs qu’elle défendait. Et c’est apparent d’emblée dès les premières pages, avec un dessin sublime de Nick Robles, qui témoigne d’emblée de la qualité de production de la gamme Black Crown.
« What do you even order to eat knowing you might not live long enough to digest it? »
L’histoire (intéressante et avec son lot de surprises) de Tini Howard n’est pas totalement novatrice par sa proposition de départ. Avec l’idée qu’il est possible non pas d’être hanté par les morts mais aussi d’organiser de véritables plongées dans l’Au-Delà, les vivants allant à la rencontre des morts, on est dans quelque chose de voisin du roman Les Thanatonautes de Bertrand Werber. On ne manquera pas de remarquer jusqu’à la proximité des deux titres. Pourtant, Euthanauts trouve rapidement une tonalité qui lui est propre, sans doute parce qu’on renoue aussi avec cette forme d’onirisme, de poésie macabre, qui caractérise ce qu’on pourrait qualifier de séries Vertigo et post-Vertigo. Bien qu’avec ce premier numéro l’histoire ne soit pas totalement établie (on est dans le registre d’une origin story en cours), Euthanauts semble déjà promettre de satisfaire les anciens lecteurs de Sandman ou de Lucifer. Ce récit d’une héroïne plongée malgré elle dans la dimension de la Mort a même aussi comme un petit parfum des explorateurs chaotiques de Rick Remender sur Black Science. Sandman + Black Science ? Ce n’est pas vraiment à la portée du tout-venant des comic-books. Ce premier numéro pique en tout cas notre intérêt et notre curiosité. Une très bonne surprise !
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