Hawkman est chargé de sauver l’univers de… il a totalement oublié de quoi. Le voici donc lancé dans une quête à niveaux multiples où il s’agit de revisiter ses vies passées, en espérant y collecter de précieux indices. Mais, par la force des choses, les avatars précédents de Carter Hall ne peuvent reconnaître en lui leur « moi » futur. Si bien que lorsqu’il arrive sur Thanagar, pour y rencontrer l’autre Hawkman, l’accueil est pour le moins… belliqueux.
Scénario de Robert Venditti
Dessins de Bryan Hitch
Parution aux USA le mercredi 12 sep 2018
Cela fait maintenant plusieurs décennies que les deux principales versions d’Hawkman s’excluent mutuellement. Quand DC Comics décide de mettre l’accent sur le super-héros extraterrestre (Katar Hol), l’autre (l’archéologue terrestre, le vrai Carter Hall, qui a conscience d’être la réincarnation d’un égyptien) part dans les limbes. Et la réciproque est vraie. Quand c’est le « réincarné » qui prend le dessus, l’éditeur se débarrasse de l’autre. Avec les récents apports de Robert Venditti, inscrivant ces deux personnages dans une même lignée de réincarnations défiant l’espace-temps, l’idée que ces deux-là puissent finir par se croiser semblait encore s’éloigner. Mais c’est sans compter avec le plan global du scénariste, qui implique de revisiter le passé pour témoigner de la richesse d’Hawkman, toutes facettes confondues. Même la mention fugace d’un « Gold Hawk » renvoie à des choses existantes mais qui étaient passées à la trappe. Comme le laissait déjà entrevoir le premier numéro de la série en cours, le Hawkman de l’espace récupère donc au passage sa version « Hawkworld » et c’est donc cet équivalent ailé de Judge Dredd qui détient la clé de la quête de Carter Hall… Tout en étant convaincu que ce dernier ne peut-être qu’un malfrat en fuite. Suivant l’angle sous lequel on regarde cet épisode, il peut apparaître simple, surtout si on ne rentre pas dans une forme d’ironie utilisée par Venditti. C’est à dire que la plupart des lecteurs comprennent sans doute bien avant les lecteurs vers quoi « pointe » la piste. Et c’est vrai que le « McGuffin » (on pourrait presque croire un instant que c’est le dial de « H For Hero ») de ce numéro n’a guère d’autre but que de déboucher sur la rencontre suivante. Mais dans le même temps, ce qui intéresse l’auteur, c’est le face-à-face, le héros se retrouvant face à lui-même.
« You have forgotten us. »
Certains lecteurs seront sans doute un peu « récalcitrants » devant la simplicité de la « cachette » utilisée dans ce numéro mais si elle si évident c’est sans doute parce qu’elle n’est qu’un prétexte. Au-delà des péripéties et des recherches de « talisman », ce qui fait la force de cette série, c’est bien cette sensation renforcée que le personnage central se réapproprie des bouts de lui-même. Ne manque plus guère qu’une référence à sa carrière au sein de la JSA (et, pour le coup, Geoff Johns semble gérer le dossier du côté de Doomsday Clock). Mais sinon on récupère un Hawkman à 100%, reconstruisant des relations avec les autres (et la scène finale le démontrera aux plus dubitatifs). Les géants cosmiques font recette ces derniers temps, qu’il s’agisse de ramener les Celestials, Galactus, les géants prométhéens échappés du Source Wall ou même certaines créatures luttant contre la Justice League scénarisée par Hitch ces dernières années. Est-ce parce que, revenu au seul rôle de dessinateur, ce même Hitch peut se concentrer sur la narration visuelle ? En tout cas son introduction des Deathbringers à la sauce Robotech entretient tout le mystère nécessaire. Souvent caricaturé pour ne pas être resté longtemps un « monthly artist », Hitch continue cependant à faire preuve d’une grande volonté de détails. Ce n’est tout le monde qui passerait autant de temps à représenter les bâtiments de Thanagar, à donner de l’emphase à tout cela. Le reproche que l’on peut faire à cette série c’est que si Carter Hall tente de sauver l’univers, le fait que tout le ramène à lui a un peu tendance à minimiser l’ampleur de la menace. Même la scène d’intro passe un peu au second plan. La série manque un peu de personnages secondaires à qui Hall pourrait réellement se confier. C’est ce qui fonctionnait bien avec la présence de Xanadu dans le premier numéro. Et la fin de ce chapitre débouche sur d’autres retrouvailles qui, on l’espère, entretiendront cette forme de complicité.
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