Si, à l’écran, Thanos est bien arrivé à détruire une moitié de l’univers pour que, selon lui, l’autre puisse vivre, Infinity Wars nous propose cette semaine une solution aussi radicale mais bien différente. « Requiem » décide en effet de réécrire la réalité pour… fusionner tout le monde. D’où les Infinity Wars, qu’on aurait aussi pu appeller « Marvel Two-In-One » : les habitants de l’univers Marvel sont tous, désormais, le mélange à 50/50 de deux personnages pré-existants. Avec des résultats parfois étonnants.
Scénario de Gerry Duggan
Dessins de Mike Deodato
Parution aux USA le mercredi 12 sep 2018
Arrivés à la moitié du crossover en cours chez Marvel, Gerry Duggan et Mike Deodato passent à une vitesse totalement différente. Bien sûr, il y a les effets immédiats (nous y viendrons dans un instant) mais rien que le fait que Loki, sa compagne de voyage et Gamora se soient désormais rejoints, reliant à l’intrigue principale le demi-frère de Thor, qui semblait un peu vivre sa vie, cela change les choses en matière de rythme. Pour autant le plan de la dite Gamora est… flou, devenant précisément ce qu’elle cherchait à éviter. Il y a depuis le début du crossover un flottement dans les personnalités et les objectifs des protagonistes (on regrettera ainsi la montée en puissance d’un Adam Warlock pour qu’au bout du compte, à ce jour, il ne serve pas à grand-chose). Certains des héros (ou des antihéros) ne semblent pas vraiment être ce qu’ils sont d’habitude, avec une scénanographie passe d’une certaine manière en pilote automatique. Dans ce contexte, pourtant, l’arrivée au stade des Infinity Warps vient comme une bouffée d’air. Même si c’est un effet connu, une sorte d’Amalgam qui interviendrait à l’intérieur du seul univers Marvel, le fait que, par la force des choses, les héros ne soient plus eux-mêmes, tout celà laisse Duggan beaucoup plus libre de faire ou de ne pas faire ce qu’il veut. En un sens, on se demande même si Marvel n’aurait pas été bien inspiré de déclencher les Infinity Warps dès le premier numéro d’Infinity Wars et de garder tout le reste, tout ce qui a précédé, dans les miniséries préquelles. On aurait aussi un monde spécifique à la minisérie centrale, avec un scénariste sans doute beaucoup plus à l’aise en termes de place.
« Odin’s blood! Begone, horrid creature. »
On aime beaucoup le travail de trames et de cases multiples que Mike Deodato utilise pour ses sagas cosmiques, en particulier depuis qu’il a peaufiné ce ton lors de son passage sur la série Thanos. Il y a quelque chose qui ressemble au psychédélisme du Starlin des années 70 mais « mis-à-jour ». Inversement, garder les mêmes utilisations tramées sur les scènes se déroulant à l’intérieur de la réalité « fusionnée » fait qu’on a l’impression que les ambiances sont uniformes, que l’on montre quelque chose qui se passe au fin-fond de la galaxie ou dans un laboratoire. La fin de l’épisode, en particulier, nous montre bien que si le marketing d’Infinity Wars nous a montré une poignée d’Avengers « fusionnés », l’équipe créative semble bien partie pour utiliser ces « mélanges » sur tout un lot de personnages secondaires à l’histoire. La vraie question, c’est savoir si Duggan et Deodato sauront pleinement profiter de ce nouveau monde dans les trois épisodes qui restent avant la fin de cette série centrale du crossover.
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