Consciente du « déséquilibre dans la Force », la Justice League inspecte toutes les sources de pouvoir possibles qui seraient susceptibles d’être utilisées par la Legion of Doom. Mais en inspectant le tombeau des dieux Aquaman et ses collègues vont réveiller certaines entités et faire empirer la situation.
Scénario de Scott Snyder
Dessins de Francis Manapul
Parution aux USA le mercredi 17 oct 2018
Tout le manifeste de Scott Snyder ces dernières années repose pour ainsi dire dans la première page de ce numéro, à savoir qu’on ne connait toujours que la partie émergeante de l’iceberg mais que des choses restent cachées à notre vue. A l’instar de la discussion entre Arthur et son père, lequel affirme que tous les océans sont cartographiés, l’action se dépêche donc de nous montrer le contraire, à savoir qu’il reste des choses à découvrir dans l’univers DC. Ce qui en un sens est heureux, c’est certain. Mais sous un autre angle, l’affirmation est martelée pratiquement en boucle depuis No Justice ou Metal. Oui, on a compris, une partie de l’univers était cachée et bouhouhou la Justice League a bousculé sans le savoir l’ordre des choses en libérant des énergies et des entités. Pour battre Barbatos, elle a déclenché une chute de dominos avec des conséquences sans doute plus terribles. Soit. Sur ce préambule et tandis que les Leaguers passent leur temps à se dire qu’il est de leur responsabilité de remettre les choses dans l’ordre, envoyer Aquaman, Firestorm et Wonder Woman inspecter le cimetière des dieux, sur une piste laissée par un Poseidon disparu, c’est vraiment chercher les ennuis. C’est un peu la version super-héros des trois types qui vont chercher de la bière au fond de la cave dans un slasher movie : on peut parier que le pire va arriver. Et le pire arrive donc, avec cette sombre ironie qui fait que rien ne se serait produit si Wonder Woman, Firestorm et Aquaman avaient laissées les choses dans l’ordre. On apprécie, bien sûr, que Snyder s’efforce de trouver de « nouveaux terrains de jeu », de nouvelles menaces. Mais l’un dans l’autre cette histoire de contagion ne semble pas très différente, structurellement, du Virus Amazo utilisé avant Rebirth. Et cette fois l’amateurisme des héros est bien à la base de tout, un peu comme des médecins qui penseraient éteindra la peste en ouvrant un bocal contenant le virus Ebola. Il serait peut-être bon que les Leaguers apprennent la leçon et arrêtent de se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaines.
Surtout, les nouveaux dieux aquatiques introduits dans ce numéro semblent avoir été créés sans beaucoup de recul. On n’a pas l’impression qu’ils vont rester dans les esprits. Si bien que ce numéro comporte un intérêt comme prologue de Drowned Earth, mais que les causes de cet arc semblent construites sur du sable. On semble parti pour un arc entier où la Justice League va affronter des êtres-poissons tout comme elles combattrait des zombies ou des symbiotes. En fait, le problème est que Snyder est plus intéressé par marteler son idée de « vous ne connaissez qu’une partie de la vérité ». Cela marche quand on en profite pour introduire des ennemis qui ont un peu de présence (comme la Cour des Hiboux au début des New 52) mais s’ils n’ont guère de présence, on sombre tout de suite vers quelque chose de plus académique. Pourtant, dans le même temps, Francis Manapul apporte une narration visuelle qui, à défaut d’être aussi complexe que pour ses Flash et ses Trinity, tonifie beaucoup ce récit. Le côté visuel de cette tombe glacée est bien amené, de façon presque cinématographique, par l’artiste. Il hérite cependant de certains designs pas toujours très heureux (l’armure que porte Batman pour utiliser la console de surveillance devrai en théorie l’empêcher de faire 90% des mouvements d’un être humain, pas l’idéal pour activer des commandes). De facto, Justice League #10 est avant tout un comic-book qui se regarde plus qu’il se lit, même si on apprécie la présence de guest-stars comme Firestorm, Adam Strange ou, plus lointainement, Starman.
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