Les deux Justice League en activité mais aussi le Suicide Squad, les Titans et les Teen Titans sont enlevés dans l’espace par Brainiac. Objectif ? Ni plus ni moins que sauver l’univers d’une menace éveillée par les retombées de Dark Nights: Metal. Avec beaucoup de personnages et pas moins de trois scénaristes impliqués, Justice League – No Justice donne dans la surpopulation plus que dans l’émotion.
Scénario de Scott Snyder, James Tynion IV, Joshua Williamson
Dessins de Francis Manapul
Parution aux USA le mercredi 9 mai 2018
Une chose est sure, No Justice est agréable et dense à regarder. Après un DC Nation #0 qui nous avait laissé de marbre sur la mise en scène des Omega Titans, Justice League – No Justice #1 s’engage dans une approche différente. On pourrait presque dire que c’est une marche arrière tant cette fois, au lieu de se contenter de nous montrer la menace façon premier degré, on joue au contraire sur l’absence (à part quelques flashbacks) et bien sur les traces préliminaires (le mur de la Source défoncé, par exemple). Si bien que si le reproche était le manque d’intensité dramatique, c’est un souci en passe de se résorber. Reste cependant que No Justice commence officiellement en nous rappelant pas mal de choses. Non plus les Celestials d’Aaron mais plutôt No Surrender avec une option Justice League vs. Suicide Squad, cette idée de plusieurs équipes éclatées de l’univers DC qui sont obligées de se recombiner pour des team-up étonnants et à bien des égards contre-nature. A ce petit jeu, les résultats sont inégaux. C’est à dire qu’en quelques cases et sans trop en faire, on nous donne sans doute le Martian Manhunter le plus convaincant qu’on ait plus lire depuis 2011. Mais en d’autres endroits les décisions/réactions sont artificiels. Sans parler de la volonté de Snyder d’assurer son propre SAV, avec des personnages qui expliquent à voix haute qu’après Metal rien ne sera plus jamais comme avant.
« Hear me when I say that you are not prepared for what you’ve unleashed. »
Quand c’est Brainiac qui le dit en parlant de la brèche, on peut le comprendre. Quand ce sont des Green Lanterns endurcis qui le disent dans le vague, comme si la révélation du Dark Multiverse changeait la donne, on reste moins convaincus. Surtout quand, à l’inverse du Manhunter, Hal Jordan s’exprime comme un newbie et doit se faire expliquer les choses par John Stewart. Les trois scénaristes procèdent un peu comme cela les arrange (ce qui est normal) mais ce discours à trois voix leur enlève de la nuance et de la subtilité, surtout quand il faut caser (disons plutôt lister) tant de personnages. Non seulement on est loin d’un Marv Wolfman arrivant à jongler avec des centaines de personnages pendant Crisis mais l’objectif affiché est mal servi. S’il s’agissait de montrer à quel point les choses sont différentes depuis Metal, penser à intégrer certains des protagonistes du New Age of Heroes (par exemple Sideways) n’aurait pas été un mal. Au lieu de cela on retombe sur des contrastes connus depuis des années, des questions déjà ouvertes pour savoir où placer des Harley, Deathstroke ou Lobo. Seule la présence de Starro dénote vraiment dans une histoire qui, jusqu’à son cliffhanger se lit plus comme une suite directe de Justice League vs. Suicide Squad, dans laquelle on peut compter sur Waller pour prendre les mauvaises décisions au pire moment possible. Brainiac n’est guère plus malin avec sa tactique « Non mais comme je savais que vous alliez pas me croire, je vous ai attaqué d’abord avant de vous montrer les choses par télépathie, oui je sais, j’aurais pu directement vous montrer les choses par télépathie mais bon si on peut plus jouer avec les clichés des années 50 hein… » C’est vraiment le dessinateur Francis Manapul qui fait le show dans ce numéro, nous montrant les choses de manière très plaisante. Petit regret cependant : la mise en couleurs, avec un rose parfois omniprésent, n’aide pas toujours. Il y a des scènes où l’on se demande vraiment si Sinestro est toujours un Yellow Lantern ou s’il passé du côté des Star Sapphires (ou le contraire) … Globalement joli à regarder, mais les scénaristes n’additionnent pas vraiment leurs forces… Il faut dire que même si Snyder ne fait sans doute que superviser, trois scénaristes pour un comic-book, que ce soit chez DC ou ailleurs, on a rarement vu ça marcher, des choses comme 52 tenant de l’exception..
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