Avant-Première VO: Review Red Sonja/Tarzan #1
9 mai 2018Red Sonja n’est pas connue pour son calme. Mais la voici humiliée par des adversaires venus du XX° siècle. Bien décidée à se venger, elle voyage à son tour jusqu’en 1921, découvrant que son ennemi menace aussi un certain Lord Greystoke. La diablesse a l’épée et le seigneur de la jungle peuvent-ils arriver à s’entendre ?
Red Sonja/Tarzan #1 [Dynamite]
Scénario de Gail Simone
Dessins de Walter Geovani
Parution aux USA le mercredi 2 mai 2018
Projeter les personnages liés à Robert E. Howard à travers le temps, c’est une astuce qui fascine depuis les années 70, après quelques homériques épisodes de What If important Conan dans l’univers Marvel ou encore Red Sonja possédant le corps de Mary-Jane Watson dans Marvel Team-Up. Mais dernièrement la ficelle a tendance à être surutilisée, entre une série mensuelle Red Sonja (qui amène la rousse barbare à notre époque, où elle apprend entre autres choses à porter des jeans et à conduire une moto) chez Dynamite et le Kull Eternal d’IDW (qui fait du roi Kull un personnage existant à plusieurs époques, singeant de manière à peine voilée le Champion Eternel de Michael Moorcock), la coupe n’est pas loin d’être pleine. En un sens, il semble plus novateur d’envoyer des héros contemporains dans l’ère barbare (comme pour la récente rencontre Wonder Woman/Conan, déjà écrite par Gail Simone). Le vrai danger est de banaliser la chose et on y arrive ici alors que Sonja arrive en 1921 sans le moindre décalage culturel ou social, semblant même plus à l’aise en la matière que Greystoke lui-même.
« All orifice and no balls. »
Si Gail Simone est assurément l’une des meilleurs scénaristes du moment, la rédaction de ce premier numéro manque singulièrement d’ambition ou tout au moins cumule raccourcis et facilités, avec une Red Sonja qu’il est nécessaire de faire bien trop facilement pour mieux justifier une envie de revanche. Du coup l’héroïne passe pour incompétente. Et l’on a beau passer par le registre de la magie, à l’inverse le flou artistique qui cache comment elle découvre l’époque d’origine de Duul ou encore comment/pourquoi elle semble tout savoir de Greystoke/Tarzan laisse dubitatif. Ne serait-il pas plus porteur de creuser la confrontation entre la femme barbare et la société de 1921 ? Inversement, Sonja peut-elle admettre automatiquement le principe d’un homme élevé par les singes, ami d’animaux qu’elle considère comme dangereux ? Tout cela passe à la trappe, au bénéfice de la mise en place d’un adversaire sadique, dangereux, mais assez peu fascinant. Si Walter Geovani donne des dessins honnêtes, le projet a du mal à décoller, ce qui est d’autant plus étonnant qu’on a déjà vu plus compliqué à admettre (Tarzan/Planet of the Apes, par exemple) qui débouchait sur un bien meilleur résultat. Le prochain épisode semble appelé à jouer plus sur la jungle. Peut-être qu’avec cette nouvelle donne le récit sera plus habité…
[Xavier Fournier]