Pour le lancement de sa série, la nouvelle Black Knight doit protéger un ex-mafieux russe… que ses anciens collègues veulent éliminer avant qu’il témoigne. Mais une épée maudite et un cheval, est-ce que ce sont des éléments bien à leur place dans le hall d’un tribunal ?
Scénario de Terry Kavanagh
Dessins de Sergio Ariño
Parution aux USA le mercredi 10 oct 2018
Et là, quelques marvelophiles ont sans doute défailli. Quoi ? Comment ? Une nouvelle série Black Knight et personne ne les avait prévenus ? Oui mais non. Enfin pas comme on pourrait le croire. Cette Black Knight là ne vient pas de Marvel (cependant, sur certains éléments on pourrait s’y tromper). Elle émane au contraire de Zenescope et de son univers partagé consacré aux contes de Grimm et à tous les mythes en général. Connu depuis des années pour mettre sur pied des versions « à forte poitrine » de personnages comme Blanche Neige ou la Petite Sirène, Zenescope s’est trouvé une vocation secondaire avec le succès de Robyn Hood (allusion féminisée à Arrow qui le cache à peine). Depuis, le curseur se fait plus super-héroïque sur différents projets, comme Belle: Beast Hunter qui était une sorte de Batman/Batwoman. Voici donc un autre jalon du même genre, apparu(e) depuis quelques temps dans Grimm Fairy Tales. Black Knight ne vise pas un modèle aussi connu que Green Arrow ou Batman mais s’inspire de quelque chose de déjà pratique chez Marvel et qui a sa place ici puisque le concept est « mystique » : un personnage porteur d’une épée d’ébène, lié à Merlin et transposé dans le monde contemporain. Si certains s’étonneront de retrouver une marche connue, pratiquée par Marvel il n’y a pas si longtemps (leur Black Knight a connu une courte série dans l’après Secret Wars), l’idée est sans doute que le concept du « Chevalier Noir » arthurien est dans le domaine public et qu’on peut contourner par une pirouette le dépôt de marque (« Black Knight » tout court chez Marvel et « THE Black Knight » chez Zenescope, n’essayez pas avec THE Spider-Man, vous auriez des problèmes). En fait les versions arthuriennes du Chevalier Noir sont généralement des « princes noirs », plutôt différentes de ce que Roy Thomas avait créé dans Avengers avec Dane Whitman. Là, clairement, même si les deux personnages ne sont pas identiques, ils suivent des grandes lignes similaires (peut-être avec un soupçon de Ghost Rider et de Valkyrie en plus pour l’héroïne de Zenescope). Dans le cas présent le scénariste Terry Kavanagh, ancien de Marvel, ne peut pas prétendre ignorer le modèle. Mais tous ces préambules sont nécessaires pour établir que la Black Knight de Zenescope… et ben en fin de compte ce n’est pas si mal ma bonne dame, c’est même plutôt une bonne surprise.
« I mentioned the really weird powers, right…? »
Peyton Parks est devenue avocate après que son père ait été accusé à tort. Mais elle est aussi possédée par le pouvoir du Black Knight, qui lui permet, quand c’est nécessaire, de se transformer en une guerrière masquée, équipée d’une épée mystique (sinon ce n’est pas drôle) et capable de faire apparaître un cheval sur demande. La chose étant que ce changement implique aussi que sa personnalité se fait plus violente. Même quand elle est en « civil », Peyton commence à comprendre que son comportement est comme corrompu par l’essence du Black Knight et qu’elle devient elle-même plus sèche et colérique avec son entourage. Du coup elle ne fait appel à ce pouvoir qu’en dernier recours. Quand des maffieux russes font irruption dans un tribunal en faisant feu un peu partout, Peyton n’a plus guère le choix. Elle doit redevenir le Black Knight. Mis à part la scène du changement (Parks est à découvert, en plein milieu de la pièce et même en tenant compte de la panique ambiante, on voit mal comment elle pourrait ne pas se faire repérer), le ton général est assez académique et efficace. D’ailleurs le même script dessiné par un Alex Maleev pourrait passer pour une réinvention « Marvel Knights » du Black Knight de la concurrence sans que personne ne se rende compte que ce n’est pas le cas. Ce n’est pas dire pour autant que Sergio Ariño. Son dessin, d’ailleurs, est supérieur à certaines choses que DC ou Marvel mettent communément sur les présentoirs. En fait, c’est là l’ironie : The Black Knight de Zenescope, sans faire des étincelles et sans qu’on puisse crier au génie, dépasse ce que Marvel a pu consacrer à Dane Whitman ces dernières années. The Black Knight est un titre de super-héros qui ne change pas la donne, mais qui fonctionne. Là où le bât blesse, en revanche, c’est que Zenescope n’échappe pas à ses vieux démons et pense très important de nous montrer le ventre et le nombril de l’héroïne. A la fin des années 70, sur un élément similaire de la première Ms. Marvel, on avait mis deux ou trois épisodes avant de faire marche arrière en se disant que c’était de mauvais goût. Dommage que quarante ans plus tard Zenescope n’arrive pas totalement à se débarrasser de son côté « gros nénés et petites culottes », parce que pour le reste c’est plus adéquat. Non pas qu’il faille absolument être puritain (Red Sonja est entrée dans les habitudes, par exemple) mais rien dans le scénario ne justifie ce côté bikini.
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