Avant-Première VO: Review The Magic Order #4
5 octobre 2018Il y a de la magie dans l’air. Oui mais la magie c’est dangereux, suivant entre les mains de qui elle tombe. Et pour le coup les « tauliers » de l’Ordre Magique ont été éliminés les uns après les autres. Une génération entière de magiciens responsables et en pleine possession de leurs pouvoirs a été effacée. Ne reste plus que les jeunots, les irresponsables et ceux qui ne veulent plus du tout entendre parler de magie. Mais qui vont bien devoir s’y faire.
The Magic Order #4 [Image Comics]
Scénario de Mark Millar
Dessins d’Olivier Coipel
Parution aux USA le mercredi 3 oct 2018
Avec ce quatrième numéro, The Magic Order arrive à une situation « purement Millar ». La version la plus rapide, peut-être aussi la plus réductrice, serait de dire que The Magic Order confirme cette idée, cette impression, d’un Jupiter’s Legacy adapté au monde de l’occulte. Si on regarde les choses avec plus de recul, on se rend compte cependant du nombre de projets que Millar a lancé sur une même thématique : l’absence/La disparition du père et l’obligation pour une nouvelle génération de prendre ses responsabilités. Ça ne marche effectivement pas avec tout (pas avec Nemesis ou Reborn, par exemple) mais il y a un grand nombre de séries du Millarworld qui reposent sur cette idée, de Wanted à Secret Service en passant par quelques autres. Les trois premiers épisodes de The Magic Order consistaient en une suite d’assassinats magiques, parfois presque poétiques, où les « anciens » et les personnages les plus capables étaient retirés les uns après les autres de l’échiquier. Les auteurs en arrivent cette fois à ce moment familier où les jeunes doivent monter au front, se montrer les dignes héritiers de leurs parents alors que jusqu’ici ils semblaient surtout être des gamins difficiles. Forcément, dans ce contexte, Gabriel, le frangin qui voulait le moins avoir affaire à la magie, va se retrouver en première ligne, à « l’insu de son plein gré ».
« I just always seemed to do the wrong thing compared to you guys. All I ever did was disobey instructions. »
On sent Olivier Coipel cette fois un peu plus pris par les délais et obligé d’aller à l’essentiel. Ce qui donne des pages parfois plus dépouillées, plus simplifiées que dans les trois épisodes précédents. Pourtant cela ne veut pas dire qu’il est moins inventif. La pression l’oblige à trouver des solutions nouvelles. Pour exemple la scène au night-club, avec Albany, est une bonne manière de tirer parti des ténèbres, un simple panache de fumée installant l’ambiance. Comme le personnage doit se montrer menaçant, cette évolution visuelle fonctionne, installant Albany comme un centre de gravité qui dévorerait la scène. Des détails, l’artiste sait en convoquer quand il le faut, par exemple dans la scène du combat en banlieue, donnant de la dimension au monstre mais aussi une précision dans le lotissement. Mais si, à travers les effets et les scènes, The Magic Order continue de fonctionner, s’enrichissant au fil des variations, c’est aussi parce que la narration – comme nous l’avons déjà mentionné pour d’autres numéros – est particulièrement efficace, avec une caméra qui continue de bouger, qui n’est jamais au même niveau d’une case à l’autre. Olivier Coipel tourne autour de ses personnages comme un caméraman en approche. Du coup le monde (de la série) tourne aussi autour d’eux. Ce sont leurs attitudes (par exemple l’expression de Regan dans le night-club) qui véhiculent leurs émotions, leur caractère et leur détermination. Reste que The Magic Order, tout en étant une belle balade, est un récit assez académique par rapport à ce que l’on connait des univers de Millar et qu’on espère un twist dans l’épisode prochain qui saurait donner à la série un angle particulier.
[Xavier Fournier]