Satta Flynn, le héros d’Ivan Brandon et Esad Ribic, reprend le combat dans un jeu à la fois populaire et populiste. Expérimenté, Satta est sans doute (comme disais l’autre) « le meilleur dans sa partie ». Mais est-ce qu’être le meilleur est suffisant dans un jeu où tous les coups sont permis ? Ne faut-il pas mieux être le plus populaire ? Sous des airs de Rollerball guerrier, les auteurs continuent leur superbe fable autour de la notion de popularité dans une société de communication. Satta Flynn, champion pathétique ou loser magnifique ? C’est tout l’enjeu de VS.
Scénario d’Ivan Brandon
Dessins d’Esac Ribic
Parution aux USA le mercredi 14 mars 2018
Le héros de la série en a pris plein la figure dans le premier numéro. Son équipe a été décimée et lui-même taillé en morceaux. Après une longue période de convalescence, voilà que ce Neymar d’un jeu guerrier reprend du service, tout en se désolant que les nouveaux membres de son escadron n’aient pas l’air à la hauteur. Mais la richesse de VS, c’est l’ensemble de sa fresque, la présence même anecdotique d’un passant se faisant casser la figure… parce que les forces de l’ordre ne le trouvent pas solvable. Egaux en droits ? Certainement pas. Brandon et Ribic continuent d’user d’une science-fiction digne de Métal Hurlant pour faire ressortir quelque chose qui retranscrit, de manière fantasmée, les travers de notre époque. Transposition non seulement de l’engouement autour des sports d’équipe et des jeux vidéo, VS. parle aussi à sa manière des réseaux sociaux et de la real-TV. Est populaire qui brille, brille qui est populaire.
« We got heavy metal, fire at will! »
Esad Ribic se situe ni plus ni moins qu’à la croisée de Moebius et de Corben et donne à VS sa chair, son muscle et tout un côté épique. Les batailles pourraient n’être qu’une sorte de magma de personnages se tapant dessus mais, jouant avec les angles, avec des plans inclinés, Ribic construit toute une tension autour de soldats que l’on a à peine aperçu. Satta Flynn est comme happé dans un combat sans stratégie où tout semble partir en vrille dès les premières minutes. Et puis il y a la fin, au demeurant assez amère, qui amène une certaine surprise et débouche sur la vraie problématique du héros, pour savoir comment il se défini. Les deux auteurs mènent superbement leur barque et tout cela nous promet déjà un superbe TPB quand l’arc sera complet.
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