Avant-Première VO: Review Wrong Earth #2
17 octobre 2018Wrong Earth, série du nouvel éditeur Ahoy Comics, continue son cours avec deux facettes (l’une naïve et l’autre cynique) d’un même super-héros qui se retrouvent dans le monde de l’autre. Un jeu d’univers-miroir qui peut maintenant entrer dans le vif du sujet. Encore qu’on ait laissé Dragonflyman, le naïf, dans une assez mauvaise posture qui fait qu’on pouvait douter de le voir « vif » longtemps, justement.
Wrong Earth #2 [Ahoy Comics]
Scénario de Tom Peyer, Paul Constant
Dessins de Jamal Igle, Tom Feister
Parution aux USA le mercredi 10 oct 2018
Concept maintes fois éprouvé depuis le Silver Age, Wrong Earth repose sur le principe de l’échange de terres, avec deux héros qui ne sont plus à leur place et découvrent graduellement les différences de méthodes de leur homologue. Mais voilà, au demeurant les choses semblent déséquilibrées. On se dit que Dragonfly « tout court », le héros ultraviolent et militarisé, a plus de chances de survivre dans un monde de benêts que l’inverse. Dragonflyman, le naïf, dans un univers à la Robocop/Dark Knight ? On ne lui donne pas deux minutes d’espérance de survie. D’autant que dès la fin du premier épisode il était carrément criblé de mal et aux portes de la mort. Autant dire qu’on pouvait penser que cette moitié de la série n’irait pas très loin. Pourtant Tom Peyer trouver le moyen de faire rebondir son personnage, à l’image des méthodes irréelles, très Adam West, qui existent dans son univers d’origine. A partir de là, les deux « jumeaux » commencent véritablement à explorer leur nouveau périmètre.
« I’m guessing that absurdly militarized vehicle is the Dragon Wagon of this cracked-mirror universe. »
Peyer et Igle exécutent avec brio cette figure de style, encore que l’exercice reste globalement attendu. Pourtant ils induisent aussi d’autres éléments, comme autant de réflexions sur la figure du super-héros. Il serait facile de penser qu’il y a un « bon » univers opposé à un « mauvais ». Mais Dragonflyman apparaît aussi comme un garant de la propriété privée et un ami des notables. A un certain niveau n’est-ce pas aussi une forme de corruption (politique à défaut d’être monétaire) ? L’histoire en back-up, par Paul Constant et Tom Feister, explore cet aspect. Autant il ne fait pas bon vivre dans l’univers « sombre », autant le monde naïf a une manière de se voiler la face, de jouer au gendarme et au voleur sans prendre en compte les besoins des milieux les plus défavorisés. L’argent l’emporte sur la communauté. Si ce deuxième épisode permet aux deux protagonistes principaux de « prendre possession des lieux », cette sous-couche démontre aussi que Wrong Earth a des choses à dire qui ne s’arrêtent pas à une sorte de jeu des différences entre ces mondes. Est-ce que tous les deux ne sont pas la « mauvaise Terre » à leur manière ?
[Xavier Fournier]