Calendrier de l’avent : Coda Omnibus
19 décembre 2020Noël approche et nous avons décidé de vous proposer un calendrier de l’avent avec un « Top 10 » des albums à (re)découvrir ou à offrir. Une fois n’est pas coutume, les ouvrages proposés sont en version française. Paru à l’origine aux USA chez Boom Studios et traduit en VF chez Glénat Comics, Coda, de Simon Spurrier et Matias Bergara est une véritable plongée plaisante dans un univers fantaisiste et baroque. Le paradoxe étant que le héros principal, surnommé « Hum », affiche un certain dédain pour son environnement. Envoutant.
Coda – Omnibus [Glénat Comics]
Scénario de Simon Spurrier
Dessin de Matias Bergara
Parution en France le 28 octobre 2020
Coda fait partie de toute une nouvelle vague apparue ces toutes dernières années chez les labels indépendants (dans le sillage de Saga ou Seven To Eternity chez Image Comics), où la construction de l’univers l’emporte, d’une certaine manière, sur les pérégrinations du héros. En l’occurrence Hum, héros solitaire montant une licorne mutante (pardon, une pentacorne) se promène dans un monde où certains tentent de l’exploiter ou lui réservent un sort peu enviable. Lui n’est motivé que par une chose, retrouver sa femme telle qu’il l’a connu. Le scénariste Simon Spurrier (qui a travaillé sur les X-Men, Star Wars mais surtout, pour ce genre de récits, sur Power of Dark Crystal) écrit son histoire sur deux canaux principaux. Il y a le « dit », en tout « l’écrit », dans un style parfois un peu verbeux, riche en commentaires et en voix-off. Et puis il y a le ressenti, c’est à dire la suite de situations. Et ce ne sont pas tant les dialogues qui sont intéressants, comparés aux ambiances. Dans le Hum de Spurrier, il y a quelque chose d’un personnage de Moebius, une sorte d’échappé du film Métal Hurlant qu’on aurait malaxé avec un héros de Jack Vance (avec peut-être une pincée de Michael Moorcock). Hum est bien nommé, car c’est son humeur qui le caractérise.
« Les rois, les croisés, les branleurs qui partent en quête. On apprend à tous les connaître quand on est payé à la saga… »
Le dédain affiché par Hum a quelque chose d’un méta-commentaire sur lui-même et sur tout le genre. Les univers envoutants, c’est bien, mais il y a toujours un risque de se perdre dans le contemplatif. Pour le coup le dessinateur Matias Bergara est un choix tonique, qui défie pratiquement dans toutes les cases le statique. Bien au contraire ses ruines, ses cadrages, ses squelettes, sa rouille, sont des éclatés, des textures, dans des tons vifs et réveillés. Le format Omnibus (douze épisodes regroupés dans cet épais volume) convient particulièrement à cette balade dans un autre monde, qu’on apprécierait sans doute moins s’il fallait courir après trois tomes espacés. A conseiller à ceux qui, faute de connaître Spurrier, s’intéressent déjà aux imaginaires des auteurs de comics Bryan K. Vaughan (Saga, donc) ou Rick Remender (Low, Black Science…) et au public passionné des grandes fresques de fantasy.
[Xavier Fournier]