Oldies But Goodies: Captain America Comics #59 (Nov. 1946)
13 septembre 2008[FRENCH] En 1946, Stan Lee n’a pas encore décidé que Captain America a passé des années en hibernation. Ca ne viendra que des années plus tard, dans Avengers #4. Donc du coup se pose la question de savoir ce que devient Steve Rogers après la guerre. Voici Captain America et son pupille Bucky démobilisés et l’administration ne va pas tarder à leur trouver un nouveau rôle.
1946! La guerre est terminée et, après un rapide rappel des origines de Captain America, on nous explique que dans le présent Cap (Steve Rogers) et son pupille, Bucky, continuent à lutter contre le crime. A l’évidence ils ne sont plus soldats et vivent sous le même toit. Steve a sans doute obtenu la garde de Bucky entre temps, ce n’est pas spécialement précisé. Un matin ils reçoivent une lettre d’une école. Le dossier de Steve Rogers montre qu’il était enseignant avant la seconde guerre mondiale et il se trouve qu’on a besoin de professeurs dans cet établissement. La vérité est que la guerre étant terminée, Marvel doit alors repenser la vie civile de ces deux héros. D’abord pour que la série ne se démode pas (difficile de continuer de le montrer en train de se battre contre des nazis) mais aussi parce que le front anti-comics commence à se faire entendre, reprochant à la BD son côté revanchard et violent. Du coup l’éditeur a donc tout à gagner à trouver un nouveau job civil à Steve Rogers, un poste qui lui permettra de montrer qu’il éduque la jeunesse et qu’il n’est pas/plus un soldat empêtré dans les conflits…
Le directeur écrit donc à Steve pour lui demander d’intégrer leurs effectifs. « Tu ne m’a jamais dis que tu avais été professeur! » s’étonne Bucky. Steve fait une réponse évasive « Je l’avais presque oublié. Il m’est tellement arrivé de choses dernièrement… ». La formulation de la phrase est bizarre, elliptique, et son sens mal fagoté. Pourquoi Captain America dit-il qu’il lui est arrivé des choses plus spécialement à lui (par opposition à « eux », puisque Bucky participe à ses aventures). Mystère et boule de gomme, aucun éclaircissement ne sera donné. En fait, tout simplement le scénariste vient d’inventer ce passé d’enseignant pour Steve Rogers et ne souhaite pas perdre de temps dans les détails…
On ne sait d’ailleurs pas formellement qui a écrit Captain America Comics #59 (« The Private Life of Captain America ») mais l’identité du scénariste laisse peu de place au doute puisque Steve Rogers est muté d’office à l’école… Lee. A priori c’est bien la patte de Stan Lee qu’on sent à travers cette histoire. Steve Rogers et Bucky se rendent à l’école où le directeur leur donne une définition très personnelle de l’éducation privée: les écoles de la ville sont débordées et refusent du monde, du coup il faut créer des écoles privées comme la sienne pour faire face à la demande et… réunir dans un établissement les enfants du secteur mais attention, aussi bien les riches que les pauvres. Les enfants nantis paient chers tandis que ceux qui n’ont pas les moyens ne paient presque rien. Cette école n’a pourtant pas l’air très au point puisqu’elle recrute Steve Rogers sans lui demander le détail de ses compétences et en fait un professeur… généraliste. C’est à dire qu’un jour il est l’enseignant de mathématique, qu’un autre il donne des cours de géographie… Bref, il n’y a guère qu’un professeur dans l’école: lui. On se demande comment l’établissement fonctionnait avant que Steve Rogers n’arrive.
Bucky, lui, est trop jeune pour être professeur. Il devient donc l’un des élèves de Steve. Malheureusement pour le super-héros (re)devenu enseignant, tous les jeunes dont il a la charge ne sont pas aussi calmes que Bucky. A peine arrivé dans sa classe, Steve Rogers est victime d’une sarbacane. Il s’avère qu’un jeune, Snipe Gooligan, l’a pris comme souffre-douleur. Rogers ne lésine pas sur la riposte : il décoche une volée de fessées à l’élève, à une époque où l’on n’avait pas le même regard sur les châtiments corporels. A la fin de la journée Steve est exténué d’avoir passé la journée à donner des cours mais il assiste à une scène où Snipe Gooligan est victime de moqueries car il a une bouteille de parfum. Du coup Snipe lui vend la bouteille en lui ventant les mérites de cette effluve qu’il surnomme alternativement Tiger Sweat (« la sueur du tigre ») ou Tiger Sweet (« Doux tigre »).
Captain America et Bucky n’ont pas le temps de penser plus que ça à l’incident puisqu’ils s’aperçoivent d’un incendie, non loin de l’école. Ils courent proposer leur aide. Mais en arrivant sur les lieux Cap réalise tout de suite que les pompiers sont… des imposteurs. Ils sont tous amassés vers la porte alors que Captain America sait que de vrais pompiers se seraient méfiés des différences de pression et des retours de flamme. Les faux pompiers sont en fait des voleurs de bijoux qui étaient en train de tenter un hold-up. Les bandits s’enfuient mais Captain America trouve un indice de taille : une sarbacane d’enfant! Hum… voyons voir, où avons-nous déjà aperçu une sarbacane ? Qui plus est le lendemain Snipe demande à Steve s’il n’a pas vu sa sarbacane, qu’il a perdu (là, pas besoin d’être Sherlock Holmes pour savoir que les deux sarbacanes n’en sont qu’une seule). Mais surtout Steve surprend Snipe en train de parler à des individus patibulaires en qui il reconnait les faux pompiers de la veille. Captain America et Bucky se ruent sur les hommes mais n’arrivent pas à les capturer car ils sont gênés par une horde d’élèves de l’école Lee qui veulent un autographe. Les malfaiteurs s’enfuient…
Steve Rogers, dans sa fonction de prof, va alors voir la famille de Snipe. Il est clair qu’il faut le soupçonner et quand on lui dit en prime que Snipe est un bon élève et que la preuve c’est qu’il rentre très tard car il révise, Cap sait qu’il y a un problème quelque part. Snipe est un cancre… Mais Snipe est moins impliqué qu’on pourrait le penser. Il a retrouvé les faux pompiers et s’opposent à eux. En fait, il s’agit des hommes qui lui fournissaient son fameux parfum (celui qu’il a vendu à Rogers). Snipe a tout compris quand il a vu que Captain America s’attaquait à eux… Puisque Cap n’attaque que des gangsters ils ne peuvent qu’en être. Et c’est le cas : ils fournissaient un parfum spécial aux enfants du quartier, une sorte de liquide explosif qui leur servait à déclencher des incendies à volonté dans les alentours, les laissant libres de piller les maisons en se faisant passer pour des pompiers. Captain America et Bucky arrivent, bien sûr, mais ils ne sont pas assez nombreux pour battre les gangsters cette fois-ci et les deux super-héros ne doivent leur survie qu’à… Snipe, qui déclenche lgrâce à une flêchette) le système anti-incendie de l’endroit où ils se trouvent. La diversion est efficace et Cap, Bucky et Snipe peuvent livrer les criminels à la police.
Le lendemain, Snipe, tout gentil, vient offrir une pomme à Steve Rogers et ce dernier se dit que finalement le garçon n’est pas si terrible qu’il le pensait. Cet avis est de courte durée : il s’avère que la pomme est infestée de vers et qu’il ne s’agissait que d’une nouvelle farce de Snipe. Steve Rogers restera enseignant à la Lee School pendant quelques années, redevenant soldat seulement dans les années 50, au moment de lutter contre le communisme. En termes de continuité, ces épisodes de Steve Rogers en tant que professeur ne fonctionnent plus vraiment. Certes Stan Lee a rétroactivement fixé la disparition et l’hibernation de Steve Rogers en 1945, certes Roy Thomas et Steve Englehart ont ensuite expliqué qu’entre 1946 et 1954 plusieurs autres hommes s’étaient succédé au poste de « Captain America de remplacement » mais les événements ne cadrent pas tout à fait. Dans la version de Steve Englehart, le Steve Rogers enseignant c’est Captain America numéro 4 (le Captain fasciste, mentor de Jack Monroe/Nomad), celui de 1953-1954. Cela ne cadre pas avec la date de 1946. Qui plus est dans les épisodes d’Englehart on nous montre que Captain America 4, se faisant passer pour Steve Rogers, ne rencontre son Bucky qu’une fois muté à l’école Lee. Ca ne colle donc pas.
… Sauf si on part du principe que, peut-être, l’armée américaine a utilisé l’alias de Steve Rogers comme identité de remplacement pour plusieurs Captain America. En 1946, la continuité moderne de Marvel veut que le Captain America du moment fût le deuxième, anciennement connu sous le nom de Spirit of’76. Ce Cap là avait déjà son propre Bucky, rencontré dans les derniers temps de la guerre. Si c’est ce deuxième Cap qui avait été enseignant avant la guerre et qui a été recruté à la Lee School, en se faisant passer pour Rogers alors il devient possible de dire que Captain America #4 n’a fait que reprendre et l’identité et le poste resté vacant. Du coup d’ailleurs, cela expliquerait même que Cap #4 soit tombé sur quelqu’un (Jack Monroe) ressemblant à Bucky et étant fan de lui. Si l’école avait déjà été fréquentée par un pseudo-Bucky et qu’en prime tous les enfants avaient rencontré Cap et Bucky (souvenez de la séance improvisée d’autographes), on peut comprendre qu’un des jeunes fans présent ce jour-là ait été ensuite passionné au point de calquer son look sur Bucky. En terme de continuité, cette scène des autographes pourrait alors être la première apparition chronologique de Jack Monro, le Bucky de la décennie suivante). C’est possible mais (avouons-le) tarabiscoté et il est peu probable que le Marvel moderne soit intéressé de savoir si un « Steve Rogers » était oui ou non enseignant en 1946. Une autre chose qui, elle, n’aurait rien de tarabiscoté, serait de nous montrer ce qu’est devenu l’école Lee depuis… On se demande aussi ce qu’est devenu par la suite « Snipe » Gooligan car un gamin capable d’aider Captain America (même si ce n’était pas le Cap originel) et Bucky montre un potentiel intéressant… As des flèchettes et des sarbacanes, toujours opposé à Captain America… Il aurait aussi bien pu se nommer Clint Barton (Hawkeye)…
[Xavier Fournier]
…et avec le « nouveau » Capt…on en est a combien cette fois ? lol
… Beaucoup 😉
les comics marvel ça manque de captain france
On a le Peregrine et les Heroes of Paris, avec Adamantine qui peut passer pour un « Superman français » mais surtout Paul Jenkins a créé dans les pages de la première mini-série Sentry une équipe nommée S.H.E. (Super-Heroes of Europe) avec une héroïne française nommée Tricolore parmi les membres.
Et Super- Dupont alors ???? Bon , ok , ce n’est pas un perso Marvel ….
Si vraiment on doit chercher des héros français chez Marvel pendant le Golden Age, j’aurais tendance à dire que le V-Battalion (le groupe de résistants qui aidait le premier Citizen V) se pose là puisqu’il y avait un certain Pierre (rarement vu, fondu dans le groupe mais CV lui s’adresse à lui plusieurs fois) ainsi que divers autres membres avec des prénoms français… Yvette, la maîtresse du premier Citizen V (et grand-mère du Citizen V actuelle) fut elle-même membre du V-Battalion avant de devenir le deuxième Citizen V…
Ce qui veut dire que Citizen V est à moitié français … Mais il est vrai que Kurt Busiek, le créateur du Citizen V modrerne, est un inconditionnel des artistes franco-belges… N’a-til pas appelé le restaurant d’Astro City le « Goscinny’s », en hommage au créateur d’Asterix ?
Voilà qui nous change agréablement des « plaisanteries » anti-françaises, des plus douteuses du très surestimé Mark Millar…
Attention car Pierre et les quelques autres membres français du V-Battalion sont parus dans les années 40, l’entourage international de Citizen V était déjà mentionné à l’époque et bien avant Busiek.
John Watkins III (le Citizen V actuel) est le petit fils d’Yvette et CV 1, par leur fils. Il n’est donc français qu’à hauteur d’un quart.
La fessée, le parfum, la pomme…
Quelque chose me dit que ce genre de scène ne passerait plus aujourd’hui 😀