Comic Box Virgin #11 – God Save The Queen
4 décembre 2008[FRENCH] Elles ont bien changé les fées de mon enfance. Je les avais laissées un peu nunuches, maniant la baguette magique comme un chef d’orchestre maladroit pour faire pousser des fleurs. Je les retrouve complètement destroy, des fée punks qui passent leur journée à se défoncer. Du coup le conte de fées prend des allures de récit décadent où il ne vaut mieux pas trop que les fées se penchent sur le berceau si vous ne voulez pas que le bébé finisse toxico avant l’âge de deux ans. Ce conte moderne rend les fées aussi peu sympathiques que les humains. La seule féerie résulte de l’effet des drogues. Un constat lucide sur notre époque qui devrait vacciner les amateurs de guimauve.
Il était une fois à Londres une bande de fées complètement trash qui ne pensaient qu’à se défoncer à l’héro pour s’offrir des trips dans leur royaume. Mais le chaos règne du côté des fées. La guerre des reines tourne vite au pugilat. Mab la folle a fait un coup d’Etat pour prendre le pouvoir, chassant Titiana qui prend le maquis pour entrer en résistance. Prise entre deux feux, une adolescente en quête de sensations, qui se découvre du sang de fée dans les veines, va devenir accro au cheval rouge, un mélange d’héro et de sang humain. La jeune Linda va servir malgré elle d’intermédiaire au pays des fées pour mettre un terme à la rébellion et rétablir l’ordre entre toutes ses fées qui se crêpent le chignon…
A la baguette….
C’est la déch »’ sur la terre mais c’est pire au royaume des fées. Le coup d’Etat de Mab met un boxon monstre chez les fées et les elfes punk, exilés sur terre, ne savent plus à quelle veine se piquer. En plus, loin des clichés de la jolie fée taille mannequin un peu féline, les fées de John Bolton flirtent franchement avec l’art du laid. Elles ne sont pas affriolantes, elles ne sont pas sympa, elles sont violentes. Heureusement que la grâce apparaît sous les traits de la belle Linda, montrée sous toutes les coutures les plus sensuelles. La force de la BD provient essentiellement du graphisme de Bolton dont le travail se rapproche génialement de la photographie. Des images saisissantes de réalité, et de poésie aussi, qui mettent en valeur les personnages et nous plongent dans le chaos du royaume des fées et la crudité des rues de Londres. L’univers de John Bolton rattrape un scénario un peu fouillis auquel on a bien du mal à s’attacher. L’idée était ambitieuse mais le résultat est plutôt précaire (c’est la crise, même chez les fées qui s’emmêlent parfois les baguettes dans un discours pompeux et confus). Mieux vaut se laisser bercer au fil des pages par le dessin que de s’attarder sur les dialogues. C’est peut-être ça la fée moderne finalement : un brin show-off et qui parle beaucoup pour ne rien dire.
[Ange Lise]God save the queen
Scénariste : Mike Carey
Dessinateur : John Bolton
Edtions Panini Comics