Comic Box Virgin #20 – Breathe
5 février 2009[FRENCH] L’accroche de Breathe, la dernière nouveauté des éditions Soleil? « Une jeune orpheline lutte avec courage pour sa survie. » Je ne me suis jamais sentie aussi proche de cette petite héroïne au bord du gouffre. Une « jeune » chroniqueuse de Comic Box lutte avec courage contre le froid pour écrire son article. Il faut savoir travailler dans des conditions de l’extrème. Panne de chauffage, -10° dans les bureaux. Armée de ma doudoune en pilou pilou, j’écris avec les deux doigts qui n’ont pas encore congelé. Et pourtant je ne suis pas restée de glace devant cette BD que je vous présente en avant-première…
Certaines enfances sont plus sympas que d’autres. Mi Ling a 13 ans (ce qui n’est déjà pas un cadeau en soi), elle est pauvre (on a la famille qu’on mérite) et habite dans un petit village paumé dans les montagnes de la Chine du XVIIIe siècle (la loose). Ça pourrait être pire me direz-vous. Et bien oui, car le destin aime bien enfoncer le clou là où ça fait mal. Toute sa famille se fait massacrer par un mystérieux tueur. Seule rescapée, Mi Ling va transformer son chagrin en vengeance pour faire la lumière sur l’origine du drame…
Antigone asiatique…
Plus qu’un drame, Breathe cultive tous les ingrédients de la tragédie. Unité de temps, d’action, de lieu, le fatum qui s’abat sur l’héroïne en quête de la vérité… Vérité qui reserre le noeud tragique pour faire d’un secret de famille la cause du massacre. Mi Ling, jolie jeune fille, gracile et innocente, qui aime aller se ressourcer près des arbres et se purifier dans les rivières, va endosser le poids de son destin comme une Antigone qui poursuit sa mission. Fragile en apparence mais dotée d’une force de caractère qui flirte parfois avec le côté obscur de la force. Le massacre révèle le malaise de tout une population étouffée entre l’omerta des secrets du village et les répressions du gang Bao, trafiquants de misères. La piste de la vendetta se recoupe bientôt avec une sphère plus intime où Ming Ling découvre que ceux qu’elle croyait connaître se révèlent sous un autre visage plus sombre.
Une forêt de symboles…
La richesse du scénario et la force des images se suffisent pour créer une dynamique qui pousse le lecteur à dévorer chaque page (sans prendre le temps de respirer). Sheridan a muselé les dialogues pour les réduire à la portion congrue. Les indications du narrateur s’apparentent au récit du choryphée qui conte la tragédie comme un témoin impuissant. Les pleines pages de dessins sont des tableaux qui viennent figer l’instant tragique et la poésie de l’univers de la jeune vierge qui ne va pas tarder à faire couler le sang de sa vengeance. La nature se mêle aux humains comme pour souligner l’animalité de l’homme mais aussi sa fragilité. Car l »homme est aussi tributaire de sa nature. Le microcosme qu’il incarne se fond dans le macrocosme de l’univers et, quand le destin met son grain de sel, le microcosme est voué à la mort. Breathe alterne entre douceur et violence pour nous livrer une BD d’orfèvre à couper le souffle
[Ange Lise]
Breathe
Scénario: Sheridan
Dessins&Couleurs : Wallis
Editions Soleil, 11 février 2009
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