Comic Box Virgin #39 – Les Maîtres de l’Evasion
18 juin 2009[FRENCH] Ma mère avait raison : la BD, c’est pas un boulot ça… Non, en effet. C’est une vocation, un besoin, une passion. Il suffit de lire ce Les maîtres de l’évasion pour s’en rendre compte. Un chant d’amour vibrant, tendre et puissant au neuvième art.
La notion « La BD, c’est un médium vachement bien » chez Brian K. Vaughan se transforme en une analyse socio-psychologique des origines des super-héros des années 1930, un regard lucide sur les processus économiques régissant le marché éditorial, un exemple de comment réalité et fiction s’entremêlent pour un artiste, une réflexion sur l’affranchissement de l’exemple familial, ainsi que sur l’émulation artistique et l’élaboration personnelle… Normal, lui c’est LE Brian K. Vaughan de Y, le dernier homme, Ex-Machina et bien sûr Lost…
Maxwell Roth est un jeune juif binoclard de Cleveland. Lorsqu’il hérite de la collection de BD de son père, fan inconditionnel du personnage de « L’artiste de l’évasion », Max hérite aussi de l’intérêt pour le héros. Cette réaction freudienne se transforme en choix de carrière lorsque Max dépense tout ce qu’il a pour racheter les droits de la série et en publier de nouvelles aventures écrites par lui-même. Si l’expérience lui causera une cuisante déception, suite au rachat forcé – à la limite du mafieux – d’une major, elle lui apportera aussi l’amitié, l’amour… et un sens à sa vie.
Ce pavé de 150 pages, à dévorer avec engouement, réunit les 6 numéros parus chez Dark Horse, dont on retrouve une galerie finale de superbes couvertures par des artistes tels que Paul Pope, Alex Ross ou encore Frank Miller. Intelligente mise en abîme constante – les personnages de la BD étant des créateurs d’une BD… qui évolue comme leurs vies – cette histoire est dessinée par plusieurs artistes. Eduardo Barreto se charge de l’époque d’or du personnage de l’Artiste de l’Evasion, alors que Philip Bond et Steve Rolston mettent en scène Max et ses amis. Le style de Case, dessinatrice des nouveaux épisodes de The Escapist, est celui de Jason Shawn Alexander, absolument envoûtant.
Petite morale finale : attention à ne pas basculer du côté obscur de la BD. Le méchant de service, ici, plus que le gros et gras Saboteur créé par Max, est Terry Linklater, président de la société Omnigrip (« télévision, radio, cinéma et toutes les formes de média découvertes à ce jour »). Après avoir laissé pourrir The Escapist dans le purgatoire des héros oubliés, Linklater s’y intéresse à nouveau après avoir jeté un coup d’œil aux ventes du numéro 1 de Max. Et spéculer sur la BD sans amour, c’est maaaal. A tous les petits geek sans le sous qui rêvent de barbouiller plein de pages qui feront un jour l’unanimité : notre jour viendra 😉
[Camilla Patruno]
C’est un incontournable pour tout amateur de BD : à lire absolument !
Un très bon album a lire absolument.