Carver stagne à la frontière de deux mondes. Agent infiltré d’une organisation terroriste dirigé par Tao, un manipulateur de conscience qui a autant de pitié qu’un boulimique face à un gâteau au chocolat, Carver attend les ordres de son supérieur, Lynch, qui a eu la mauvaise idée de tomber dans le coma. Du coup, Carver n’est plus reconnu par les siens, et il en passe de se faire démasquer par ses faux amis. Impossible pour lui de prendre les devants, difficile de ne pas protéger ses arrières… Carver fait du sur place qui provoque beaucoup de morts…
Secret défense…
Les super héros se sont faits doubler par les agents secrets… Relégués au second plan dans Sleeper, ils ont beau faire la démonstration de leur super puissance, ils ne parviennent pas à détrôner les vrais héros de l’histoire. Pourtant Carver est l’un d’entre eux. Un accident transforme la réactivité de son système nerveux pour le rendre insensible à la douleur tout en ayant la capacité d’emmagasiner l’énergie de ses souffrances pour les transmettre au centuple à ses adversaires. Loin d’exulter de sa nouvelle condition de super héros à part entière, Carver subit son don, comme si l’homme avait besoin d’éprouver la douleur pour se sentir exister. Sans douleur, plus de limites et Carver se laisse entraîner malgré lui dans un tourbillon de violence dans une chasse à l’homme où il est à la fois le gibier et le prédateur.
Carver vit un cauchemar dont il ne parvient pas à se réveiller et qui parvient difficilement à maintenir toute l’attention du lecteur. Le côté polar sombre qui enquille les règlements de compte et les coups véreux sans nous laisser le temps de souffler (difficile pour l’asthmatique que je suis). Les cases sautent aux yeux de façons désordonnées comme autant de réminiscences de Carver qui embrouille son esprit et le notre. Les flash back se multiplient jusqu’à polluer parfois le court du récit. Carver est désorienté, Sleeper part dans tous les sens, nous laissant souvent sur le bord du chemin en attendant de nous raccrocher au prochain wagon de péripéties. Ed Brubaker et Sean Phillips sont pourtant des orfèvres du genre pour nous plonger dans l’univers sombre d’un polar bien ficelé. Mais la pelote d’intrigues a parfois du mal à être démêlée. Le récit s’achève dans un brouillard qui laisse présager que Carver n’est pas prêt de retrouver sa véritable identité et qui plonge le lecteur dans un flou supplémentaire.
[Ange Lise]
Sleeper : Seul contre tous
Scénariste : Ed Brubaker
Dessinateur : Sean Phillips
Editions Panini Comics
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