La quatrième édition de la Comic’Gone (le festival lyonnais consacré à l’univers des comic-books) se déroulait ce week-end dans la « capitale des gaules ». Au programme, une belle brochette internationale d’artistes, quelques cosplays et figurines mais aussi des hommages multiples à Jack Kirby, à l’occasion du centenaire de sa naissance.
Pour 2017, la Comic’Gone s’est offert un nouvel écrin. Ces dernières années, l’événement se tenait plutôt début juin, en parallèle du festival Lyon BD et se déroulait dans l’enceinte de l’Hôtel de Ville, dans le centre de l’agglomération. Cette fois, l’association a décidé de s’émanciper et de vivre par elle, se relocalisant du coup non seulement vers une nouvelle date mais dans un autre endroit, l’Espace Citoyen de la mairie du 8ème arrondissement de Lyon. C’était un pari pour les organisateurs et les bénévoles, pari d’autant plus important que cette année la Comic’Gone est la seule manifestation 100% comics qui se tient en France. Même s’il existe de nombreux rendez-vous geeks généralistes dans lesquels les comics occupent un « corner » (Paris Manga en cette fin de mois mais aussi la Comic Con Paris ou le Toulouse Game Show, pour ne citer que les principaux) ce qui permet d’aller, peut-être, à la rencontre d’autres publics, les événements plus revendicatifs, plus centrés sur les seuls comics, sont également nécessaires. Pour que la communauté des lecteurs et des auteurs se retrouve mais aussi pour qu’elle puisse se « compter » sans forcément se diluer entre les vendeurs de sabres japonais, les doubleurs de sitcoms ou d’autres artistes totalement honorables mais tournés vers la franco-belge ou le manga. Or, en 2017, la Paris Comics Expo et le Lille Comics Festival ont marqué le pas. Et de ce fait, la Comic’Gone de cette année avait quelque chose d’un bastion, symbolisant doublement cette possibilité d’exister non pas en ghetto autocentré (ce qui serait tomber dans un excès inverse) mais bien comme un rendez-vous pour afficionados des comics…
C’est donc un espace plus petit que lors des trois éditions précédentes que l’évènement se déroulait ce week-end. Plus petit, oui, mais qui permettait de réintégrer tous les artistes dans un même hall, qu’ils appartiennent à ce qu’il est convenu de qualifier d’Artist Alley ou qu’il s’agisse de dessinateurs travaillant couramment pour Marvel, DC Comics ou Valiant, le tout laissant aussi de la place à des micro-éditeurs comme Northstar Comics, l’association Comics Art Cards, l’équipe de Non?Si, les superviseurs du livre Kirby And Me ou d’autres encore. Au gré des tables on réunissait donc des signatures telles que Paul Renaud et Daniel Acuna (dessinateurs alternant encore récemment sur les aventures de Captain America), Alberto Jimenez Alburquerque (Letter 44), les facétieux Péré Pérez (Ivar Timewalker, Faith) et Iban Coello (Deadpool & the Mercs for Money), Trevor Hairsine (X-O Manowar), Alessandro Vitti (Iceman) et de nombreux autres visages talentueux. Avec parfois des échanges improbables, comme cet artiste déjà pro de longue date mais ne lisant pas forcément les séries qu’il ne dessine pas, qui se demandait ouvertement quel personnage Marvel dessiner. Réponse de ses collègues et amis : « Tu devrais faire une Gwenpool ». « Gwinpaul ? » L’intéressé ne sachant pas de qui il s’agissait, ses interlocuteurs se lancent alors dans une grande explication qu’il s’agit d’une sorte de fusion entre Gwen Stacy et Deadpool. L’autre éclate de rire et puis demande « Allez, non, sérieux, vous me faîtes marcher, ça ne peut pas exister ? ». La présence d’une cosplayeuse justement déguisée en Gwenpool aura au final valeur de preuve, laissant l’artiste médusé…
L’édition 2017 de la Comic’Gone a également célébré comme il se devait Jack Kirby, avec à l’étage du bâtiment une exposition reprenant des images du livre Kirby And Me. On évoquait aussi à travers d’autres panneaux l’éditeur Lug, jamais bien loin quand on évoque l’histoire des comics à Lyon et enfin plusieurs conférences se sont succédées au fil des jours. La présence de quelques cosplayeurs permettait aussi un embryon de concours, bien que le peu de participants déguisés limitait un peu la portée de la chose. En maître de cérémonie, un Spider-Man très expressif malgré son masque, avait pris place dans le siège du maire, en pleine salle des mariages, pour voir passer aussi bien des variations de spider-héros que de Supergirl ou même, plus inattendu… Super Licorne ! Dans une position moins centrale, avec moins de publicité, la Comic’Gone ne visait pas à faire aussi fort que les années précédentes mais bien de stabiliser un socle afin d’envisager, sereine, les années à venir. Avec une forte affluence le samedi (moins marquée le dimanche, mais c’est souvent dans l’ordre des choses), le festival a tenu ce pari et se projette déjà vers 2018 et au-delà… A priori, la Comic’Gone est là pour durer et pour grandir.
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