Conférence Comics Paul Renaud & Xavier Fournier

[FRENCH] Le week-end dernier débutait le cycle de conférences « Comics » organisé par la ville de Colomiers, la Médiathèque Pavillon Blanc, la librairie toulousaine Terres de Légendes mais aussi le comic-shop Gourvycomics. Et les festivités commençaient par une conférence bicéphale qui abordait autant que possible l’Histoire des comics et le quotidien d’un artiste qui en produit…

[nggallery id=413]

En général sur ce site et même dans la version papier de Comic Box, j’évite l’utilisation du « je » en dehors d’un édito. Mais, ici, ça n’aurait pas de sens de vous raconter la rencontre de samedi dernier à la troisième personne, façon « j’y étais mais en même temps ce n’était pas moi ». Vendredi dernier, donc, je prenais la direction de Toulouse, répondant à l’invitation de l’artiste Paul Renaud (bien connu des lecteurs pour son travail chez Dynamite Comics mais aussi ses couvertures pour Marvel ou DC Comics) et des partenaires cités plus haut pour donner le coup d’envoi d’un cycle assez rare en France. Si on a l’habitude de voir des conférences sur les comics dans le contexte de festivals ou bien parfois de manière isolée (un rendez-vous thématique isolé), la médiathèque Pavillon Blanc s’est laissée convaincre de donner rendez-vous cinq fois de suite, sur une base mensuelle, aux fans de comics. Le vendredi soir, accueilli par Paul Renaud lui-même et son compère Noel Gourvennec, nous passions une partie de la soirée à travailler avec acharnement sur notre double intervention du lendemain. Enfin, ça c’est la version officielle. La vérité vraie c’est plutôt que nous profitions de la soirée pour discuter comics tous azimuts, qu’il s’agisse des premières publications de Lug ou des derniers potins du milieu. Une chose nous semblait évidente : Le lendemain notre intervention était prévue pour une heure. Il était d’emblée évident que nous allions déborder.

Le lendemain, téléportés (ou presque) dans l’enceinte de la Médiathèque Pavillon Blanc, nous étions d’attaque. L’endroit est grand, bien équipé et son stock devrait particulièrement séduire les lecteurs de comics puisqu’on pouvait voir quelques pièces représentatives parmi lesquelles même un vénérable exemplaire du Miracleman publié par Delcourt. Ce n’est pas partout qu’on trouve ce genre de rareté. Petit détail amusant pour les passionnés : Le Pavillon Blanc a pour adresse… 1 Place Alex Raymond. Un nom prédestiné pour parler BD puisqu’Alex Raymond fut le créateur de Flash Gordon. Oui mais voilà, il s’agit d’une homonymie accidentelle, l’Alex Raymond honoré sur la place étant… l’ancien député-maire de Colomiers. Néanmoins la coïncidence est plutôt drôle (même si j’imagine qu’elle n’étonne plus grand monde sur place) et semblait un premier bon présage pour la rencontre.

L’autre signe positif c’était que les gens avaient répondu présent. D’après les responsables qu’on pouvait croiser sur place c’était même un record battu en termes d’affluence pour cette petite salle de conférence. Comme il s’agissait d’ouvrir le bal et pour déblayer un peu le terrain, nous avions opté pour couper en deux la conférence. Je commençais donc par un survol de l’Histoire des comics. Je précise « survol » car quand il faut résumer tant de décennies en quarante minutes, il faut fatalement faire des choix. Expliquer d’où vient le format des comics ou encore l’origine du terme super-héros, présenter le créateur de DC, ceux de Superman, Batman, Captain America ou encore de Wonder Woman sans forcément avoir l’espace-temps nécessaire pour « placer » la Justice Society ou même un Carmine Infantino ou un John Buscema. On se concentrait donc dans la mesure du possible sur des séries et des auteurs qui faisaient sens pour expliquer l’évolution des comics et mettre à niveau certains des auditeurs qui étaient peut-être moins familiarisés avec le sujet.

Venait ensuite le temps de laisser la parole à Paul Renaud qui expliquait alors comment et pourquoi il s’était tourné vers les comics. Mais surtout il s’attaquait à expliquer la réalité de son métier et en particulier comment ses fameuses couvertures prennent vie, avec les nombreuses étapes qui précèdent la version finale, les nombreux changements demandés par les éditeurs, les décisions qu’on peut comprendre et celles que l’artiste doit, pour des raisons parfois obscures, subir. Paul appliquait aussi l’exercice à une couverture de Comic Box qu’il a réalisé pour notre revue il y a maintenant quelques années, en montrant les étapes intermédiaires, les changements demandés sur les poses ou sur les personnages. Le dessinateur ne manquait pas non plus d’évoquer Devolution, la nouvelle série qu’il est en train de préparer chez Dynamite en compagnie du scénariste Rick Remender. Pour l’occasion, Paul nous montrait plusieurs planches du projet, y compris certaines pages « exclusives » qui n’ont pas été diffusées ailleurs… et qui ne sont d’ailleurs pas reproduites dans les images qui accompagnent cet article, le « cadeau » étant réservé aux gens qui avaient fait le déplacement. Nous avions bien pensé que nous déborderions sur l’heure prévue. Finalement c’est environ 1h40 après avoir commencé que nous reposions les micros, non sans avoir répondu à quelques questions du public. Ce dernier ne repartait pas les mains vides : Gourvycomics procédait à une distribution de comics (VF) et même de figurines. Chaque personne repartait donc au moins avec une revue et un mini super-héros (ou super-méchant, selon les goûts).

Très vite, on enchaînait avec un autre pan de la rencontre. Nous quittions Colomiers pour nous rendre à Toulouse, où la librairie Terres de Légendes avait organisé une séance de dédicaces. Malgré l’heure avancée à laquelle la séance commençait, Paul Renaud n’arrêtait pas, jusqu’à ce que qu’une vingtaine de chanceux de tous les âges soient repartis avec un dessin. Moins tenu d’être coincé derrière une table c’était, à mon niveau l’occasion de discuter avec quelques lecteurs de Grant Morrison et de bien d’autres choses, d’échanger avec des blogueurs comme Katchoo de Thelesbiangeek ou encore le dessinateur Viravong (qui œuvre entre autres choses sur Sheytan ou Blues du Nord chez Casterman, mais les fans de comics connaissent peut-être mieux ses parodies axées sur les super-héros). Un peu plus tôt, pendant la conférence, on pouvait aussi croiser Bernard Dato, autre membre de l’équipe de Comic Box, lequel avait fait le déplacement tout spécialement. Après la fin de la séance de dédicaces (à une heure avancée de la soirée) venait le moment de se (re)poser… C’est à dire de discuter encore comics avec Paul Renaud, Noel Gourvennec et les joyeux drilles de Terres de Légendes. Le week-end aura donc été enjoué, forcément placé sous le signe de la BD américaine (même quand c’est un frenchy tel que Paul Renaud qui l’illustre).

Étant partie prenante, ce n’est pas à moi de juger de la qualité du rendez-vous (les gens présents ce jour-là pourrons toujours le faire à volonté dans les commentaires). Mais ne boudons pas notre plaisir : C’est toujours très agréable d’aider à mieux faire connaître la BD qui nous est chère dans des médiathèques (d’autant que celle-ci semble déjà amplement sensibilisée au sujet) et de rencontrer les lecteurs. A mon niveau, je remercie donc Gourvycomics, Terres de Légendes, Amandine Doche et la ville de Colomiers, l’équipe du Pavillon Blanc sans oublier Paul Renaud avec qui nous aurons poussé la discussion (sur les comics, toujours) jusque sur le quai du train du retour. A vue de nez les autres rendez-vous ne devraient pas non plus prêter à la monotonie, avec des noms comme Boy Layton (Iron Man) ou Mark Buckingham (Fables) et bien d’autres prévus pour les mois à venir…

[Xavier Fournier]

Crédit images: Les illustrations accompagnant cet article sont de Paul Renaud, les photos sont de Bernard Dato et de Xavier Fournier.