Après des mois d’inquiétude autour de sa santé, le dessinateur et illustrateur Bernie Wrightson (parfois orthographié « Berni ») est décédé hier. Qualifié à juste titre de « maître du macabre », l’artiste s’était fait connaître d’abord par son travail dans des comics liés à l’Horreur et au Fantastique, en particulier autour du lancement de Swamp-Thing.
La rencontre est déterminante et le pousse à s’orienter vers la BD. En 1969, il va taper à la porte de DC Comics où l’on commence, fortuitement, à réorganiser quelques anthologies pour en faire des titres d’Horreur « soft », le Comics Code commençant alors à s’affaiblir. La première histoire dessinée par Wrightson parait dans House of Mystery, en 1969. Il a alors vingt ans. Le premier héros régulier qu’il créé pour l’éditeur est le héros mystique Nightmaster (publié dans Showcase et scénarisé par Denny O’Neil). La même année, il publie aussi « Uncle Bill’s Barrel » (qu’il scénarise et dessine) dans Graphic Showcase #2, sorte de fanzine produit par un autre dessinateur qui fera carrière, Mike Kaluta. Assez vite il apparait que Wrightson n’entend pas se limiter à DC ou à Marvel (pour qui il dessinera aussi quelques histoires par la suite) mais bien publier partout où on le laissera raconter des histoires. Si bien que l’on retrouve ses pages chez des micro-éditeurs tels que Abyss Publications, Last Gasp ou Major Magazines.
On retiendra qu’il y a à peine deux ans entre les premières planches publiées de Wrightson et son premier gros succès, Swamp Thing. Mais l’artiste réalise très vite quelle est la pression des comic-books réguliers. A un moment, non seulement DC attend de lui qu’il produise les pages de sa « Créature des Marais » mais lui demande aussi des travaux pour d’autres séries. Fort de sa nouvelle popularité, Wrightson peut se permettre de quitter DC et d’aller vers un éditeur qui le séduit depuis sa jeunesse, Warren Publishing. Le format des magazines en noir et blanc va lui permettre de continuer d’expérimenter sur les masses d’ombres, sur son souci des détails.
Wrightson apparaît ensuite dans les pages d’Heavy Metal, le cousin américain de Métal Hurlant. Son histoire Captain Stern deviendra par la suite l’un des segments du film animé Heavy Metal. Wrighston, qui dans ses précédents travaux a montré son intérêt pour des auteurs classiques comme Poe, commence aussi à s’atteler à un projet qui lui est cher et une figure vers laquelle il reviendra plusieurs fois dans le restant de sa carrière : l’adaptation du Frankenstein de Mary Shelley. Dans les années 80, Berni Wrightson se rapproche aussi de Stephen King et dessine l’adaptation en BD du film Creepshow. En parallèle de ces travaux, Wrightson revient alors vers les comics ou les « graphic novels » auquels Marvel et DC s’ouvrent désormais. Chacune de ses apparitions reste un évènement, que ce soit pour la BD humanitaire X-Men: Heroes For Hope ou l’album Spider-Man: Hooky et bien d’autres choses encore.
Fin 2016, l’épouse de l’artiste avait annoncé qu’en raison de sa maladie il serait désormais obligé de se retirer des comics, au point de ne plus pouvoir participer aux festivals. Bernie a finalement perdu le combat hier, comme l’annonce son épouse sur leur site officiel. L’œuvre de Wrightson demeure, une inspiration majeure pour d’autres maîtres modernes de l’ombre, comme Mike Mignola par exemple. La famille annonce qu’un hommage conséquent, en cours de préparation, devrait avoir lieu dans le courant de l’année.
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