Un malheur n’arrivant jamais seul, après le décès de Gary Friedrich nous apprenons ce jour la disparition de Marie Severin. D’abord coloriste puis dessinatrice, elle a longtemps été l’un des rares femmes à s’être fait un nom (et un prénom) dans l’industrie des comics. Les lecteurs de longue date se souviendront de ses épisodes et de ses couvertures du Doctor Strange, de Namor The Sub-Mariner, ainsi que de son rôle dans les créations de The Cat et de Spider-Woman.
Marie Severin avait – et gardera – le surnom de « Première Dame des Comics ». Dans une industrie réputée pour ne pas laisser facilement leur place aux femmes, qui plus est dans des décennies où la libération de la Femme n’était qu’une vague de l’esprit, elle aura traversé les décennies en se forgeant une solide réputation parmi ses pairs. A la base, toute la famille Severin a la fibre artistique. Le père et la mère sont, à des degrés divers, illustrateurs. Puis il y a le frère, John, qui travaille dans les comics. La voie semble toute tracée pour la jeune Marie. Mais se lancer dans les comics, à la jonction des années 40/50, quand on est une femme. C’est loin d’être évident. Marie se destine un temps à une carrière dans la finance, avant que son frère lui propose en 1949 de le rejoindre comme petite main et coloriste. Au début des années 50, Marie Severin s’impose comme une coloriste majeure chez EC Comics et bien des couvertures célèbres de cet éditeur (connu pour ses BD de guerre et d’horreur) vont vivre à travers la palette de la jeune femme. A l’occasion, Marie dessine aussi un certain nombre d’illustrations qui accompagnent des textes éditoriaux. Il lui arrive également de croquer et de caricaturer toute la fine équipe d’EC, dont une partie deviendra aussi l’équipe du magazine humoristique Mad.
Mais dans le milieu des années 50, la phobie anti-comics frappe, pousse EC Comics à réduire la voilure et, d’une manière générale, les éditeurs deviennent plus frileux. Après la fin d’EC, Marie retrouve du travail chez Atlas (le nom que Marvel Comics porte à cette époque). Mais à son tour la maison d’édition supervisée par Stan Lee traverse des difficultés. Vers 1957, il n’y a plus de travail dans les comics pour elle et elle s’en retourne donc le secteur bancaire. Cette pause dure deux années, au terme desquelles elle retrouve une place au sein des services techniques d’Atlas/Marvel. Pendant des années elle va donc contribuer à la finition et à la mise en couleur des titres. Jusqu’à ce qu’on se souvienne qu’elle peut illustrer aussi, à l’occasion. Dans la seconde moitié des années soixante, on en vient donc à lui confier les dessins des aventures de Doctor Strange (dans Strange Tales). Elle œuvre aussi sur les exploits de Sub-Mariner et sur Incredible Hulk. Caricaturiste, elle contribue aussi très régulièrement à Not Brand Echh ou Crazy, magazines parodiques de Marvel. En 1974, elle remporte le Shazam Award dans la catégorie « dessin d’humour ».
Son travail l’impose sans doute comme la principale artiste-femme de Marvel depuis le début du Golden Age et jusque dans les années 70. Cette position lui permet d’une part de collaborer à des projets pensés pour le public féminin. Ainsi, en 1972, elle dessine les premiers épisodes de la série Beware The Claws Of The Cat (sur une héroïne très proche de Catwoman, qui fournira ensuite la base d’Hellcat et de Tigra). En 1976, elle contribue à la conception du costume originel de la première Spider-Woman. Mais dans le même temps son talent lui permet de ne pas être limitée à un effet de casting. Dans la même période on la retrouve donc, par exemple, à dessiner les aventures du barbare King Kull, en collaboration avec son frère.
Son expérience dans les services de production et sa connaissance des impératifs techniques fait qu’à partir des années 80 Marvel l’emploie plus volontiers dans une division annexe, liée à la conception du merchandising et des catalogues de licences. Connue pour son caractère et son humour, Marie Severin n’a jamais caché que, même chez EC Comics, les histoires les plus sombres la gênaient un peu. De ce fait, avec les comics des années 80 devenant à leur tour plus sérieux, ceci explique sans doute que son activité de dessinatrice, à partir de là, se soit surtout centré sur des titres pour les enfants tels que Fraggle Rock.
Entrée en 2001 au Will Eisner Hall of Fame (qui salue les plus grands artistes des comics américains), elle avait cessé de travailler régulièrement pour les comics l’année suivante. L’une de ses dernières histoires a été publiés dans un projet collectif évoquant les attentats de septembre 2001, 9-11 – The World’s Finest Comic Book Writers & Artists Tell Stories to Remember. Et finalement ce dernier titre peut sonner comme une note d’intention symbolisant toute sa carrière. Les auteurs de comics racontent des histoires dont on se souvient. A traves ces couvertures iconiques et un paquet d’épisodes classiques des années 60/70, on se souviendra de Marie Severin, la First Lady des comics.
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