La saison 2 de Doom Patrol s’achevait cette semaine de manière forcément un peu abrupte (amputée d’un dixième épisode pour cause de COVID), laissant les « disciples » du Chief dans une bien fâcheuse posture. Mais terminer la saison sur ce suspens « ouvert » donne à l’ensemble un petit quelque chose de l’Empire Contre-Attaque (ou d’Infinity War si vous tenez à rester dans le registre super-héroïque).
A quelques heures du mariage de la fille de Cliff, la Doom Patrol est soudainement informée du danger que le Candlemaker représente pour l’univers tout entier. Le groupe doit se précipiter dans un parc d’attraction en espérant prêter main forte au Chief et à Dorothy. Mais le Candlemaker a quelques émissaires désopilants, qui connaissent bien les héros. En l’espace de quelques instants l’équipe va être laminée. Quid du destin de Dorothy et par extension du reste de l’univers… Voilà, déjà, la fin de la deuxième saison de Doom Patrol, officiellement raccourcie par la pandémie. Officieusement c’est autre chose car si la COVID19 est assurément responsable de la disparition d’un dixième épisode interrompu pour cause de confinement, il faut aussi voir qu’entre le lancement initial de DC Universe et maintenant, Warner/DC a changé de propriétaire et la même logique comptable qui a provoqué la disparition de Swamp Thing voit aussi Doom Patrol passer d’une première saison d’une quinzaine d’épisodes à une deuxième qui, elle, n’en prévoyait que dix. Clairement, ne pas avoir ce dixième chapitre (qui se réincarnera à priori en début d’une troisième saison) n’aide pas vraiment la production. Mais il faut dire cependant qu’elle arrive à retomber sur ses pattes, bénéficiant pour cela des caractéristiques propres à la série.
Doom Patrol, en effet, est un enchevêtrement de scènes baroques, avec un sens de l’élégance et du dérisoire. Un peu à l’image de ce qui se passait avec la défunte série Legion, on peut consommer pratiquement chaque scène en perdant de vue, parfois, la globalité dans laquelle elle s’inscrit. Ici, l’important, l’empathique, n’est pas vraiment de savoir si les « patrouilleurs » arriveront ou pas à sauver le Chief et Dorothy mais bien le chemin qu’ils empruntent pour y arriver, dans une ambiance digne de « La Foire des ténèbres » (même si les scénaristes se sont amusés comme des petits fous à glisser une pique contre Disney). Avec la Doom Patrol l’important n’est pas la destination mais le voyage et cette deuxième saison l’aura démontré de bout en bout, s’inspirant largement des comics écrits par Rachel Pollack (le run qui a succédé à celui de Grant Morrison) tout en conservant une logique très « morrisonnienne ». L’utilisation sur des « amis imaginaires » dans cet épisode en est un pur exemple. L’apparition d’un Phil Morris parmi ces personnages secondaires donne d’ailleurs de la gouaille à l’ensemble tandis qu’avec l’intervention de Joshua Mikel dans un certain rôle biblique on ne peut s’empêcher d’imaginer quel tandem cela donnerait s’il croisait le clone de Jesus de Preacher.
Reste un seul regret commun aux deux saisons. Si la plupart des personnages cultivent volontairement un sens du baroque ou du grotesque (typiquement : l’apparence de Robotman) Cyborg (Joivan Wade) a toujours l’air d’un ado qui s’est déguisé en Cyborg plutôt que d’une vraie version du personnage. Les prothèses font cheap sans que cela semble aussi volontaire et assumé que pour Robotman. Et les effets spéciaux n’expliquent pas tout. Bien qu’elles soient la plupart du temps dénuées de déguisements outranciers, Diane Guerrero (Crazy Jane) ou April Bowlby (Rita Farr) se distinguent par leur interprétation (à plus forte raison parce qu’une partie des autres rôles sont masqués). Crazy Jane tient dans cet épisode une certaine importance, avec un retour sur son passé et une forme de message social. April Bowlby, elle, gére le personnage de Rita un peu à la manière d’une Morticia Addams, personnage hors-norme dans le même temps persuadé de sa propre normalité (Comparer la Doom Patrol entière à la Famille Addams n’est d’ailleurs pas hors de propos). Il faut bien le dire, Joivan Wade n’est pas au même niveau en termes de jeu d’acteur et c’est manifeste dans les scènes avec Phil Morris.
Ce neuvième épisode, par la force des choses dernier de la saison, a un goût d’inachevé, c’est indéniable. Mais cela ne veut pas dire pour autant un goût désagréable. La situation restée en plan laisse la plupart des personnages dans un sort proche de celui d’Han Solo dans la Carbonite… ou aux Avengers réduits en cendre à la fin d’Infinity War. Tout ça laisse les spectateurs un vrai sentiment de cliffhanger, en attendant une saison 3 pas encore officialisée (mais dans le contexte actuel il faut prévoir que ce genre d’annonce soit différé tant que les studios n’auront pas un meilleur aperçu de leur planning de production.
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