Flash et Supergirl sont une nouvelle fois dans le même bateau. Un être mystérieux les a piégés dans un monde étrange où… tout est chanson. C’est à la fois pour eux une prison dont il faut s’échapper… mais aussi un moyen de réévaluer l’état de leurs couples respectifs.
Episode de Flash très spécial cette semaine puisque non seulement c’est un nouveau crossover Flash/Supergirl que surtout il sacrifie à l’exercice de « l’épisode chantant », une astuce finalement assez répandue dans l’univers des séries TV (bien que pas systématique, bien entendu, ou alors nous serions passé à côté de « les Experts Miami » version « the musical ». Avec des précédents célèbres pour Clair de Lune/Moonlighting ou Buffy, cet épisode de Flash n’a pas l’ambition ou les moyens de devenir un nouveau modèle du genre mais profite du changement de cadre pour offrir une nouvelle perspective aux personnages mais aussi à certains des acteurs concernés. Pour ce qui est du premier degré, Mon-El et le Martian Manhunter débarquent sur Terre 1 en transportant le corps inerte de Supergirl, attaquée par un être mystérieux qui ne tarde pas à s’en prendra aussi à Barry Allen. Bientôt, les deux héros découvrent qu’ils ont été plongés dans une sorte de monde basé sur une comédie musicale… où il va leur falloir chanter s’ils veulent s’en échapper.
Pour l’occasion, l’histoire fait appel aux acteurs du Berlantiverse qui ont déjà un peu d’expérience dans la chanson ou la comédie musicale. Victor Garber ou Jesse L. Martin ont déjà donné dans la chansonnette dans divers épisodes. Et on a été chercher pour l’occasion John Barrowman (Merlyn dans Arrow mais aussi l’un des chanteurs dans le films Les Producteurs). Bien sûr, le CV de Grant Gustin (Flash) l’a vu passer par la série TV Glee, où forcément il a déjà beaucoup donné en termes de numéros musicaux. Mais là, surprise, les chansons qui l’impliquent n’arrivent que très tardivement. Au point d’ailleurs qu’on se demander dans une première partie de l’épisode s’il ne va pas botter en touche. D’autant que la vedette lui est un peu volée par… Melissa Benoist (Supergirl, mais elle aussi passé par Glee en d’autres temps), véritablement libérée par ce changement de registre. En effet, dans sa série habituelle, Kara Danvers mélange souvent allégrement spontanéité et nunuche. Là, pas obligée de jouer la geekette maladroite dans ce nouvel univers, l’actrice fait preuve d’un jeu paradoxalement plus sérieux et plus riche (par exemple lorsqu’elle aperçoit Barry, en plein milieu d’une chanson). La Kara habituelle est plus une grande gamine tandis qu’ici Benoist la joue comme une femme adulte au caractère un peu plus trempée (pour la blague, on notera que dans les plans filmés à la taille, avec sa robe noire et ses gants montants, le maquillage la faisant paraître un poil plus âgé, l’actrice à parfois de faux airs de Carol Danvers/Captain Marvel dans son précédent costume). A l’opposé, Grant Gustin/Barry fait comme pratiquement à chaque fois où il change d’univers ou d’époque. C’est à dire qu’il devient pratiquement passif, d’abord spectateur, oubliant les enjeux. En clair, Flash ne sait pas si son adversaire n’est pas en train de ravager Central City ou même de s’en prendre à la femme qu’il aime. Mais Gustin reste planté, un sourire de 15 mètres de long en travers du visage, regardant ses petits copains s’activer.
Tout cela a tendance à se rééquilibrer dans la dernière moitié ou tout au moins le dernier tiers de l’épisode, alors que Gustin prend part aux deux dernières chansons et chorégraphies, tandis que Kara redevient plus fleur bleue à mesure que son histoire avec Mon-El reprend le dessus, tandis que la mission des deux héros passe par une phase « sauvons Roméo et Juliette ». On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi Barry et Kara, au-delà des paramètres de leur mission, semblent tant s’impliquer dans le sort du couple protégé, puisque l’on sait qu’ils sont une illusion. La vraie question là-dedans étant ce qu’en pensera le public-cible historique de Supergirl, les jeunes filles de 2017 ne se projetant sans doute pas forcément toutes dans la comédie musicale des années 30. Cet épisode, c’est aussi l’occasion, hors la comédie musicale, de voir le Martian Manhunter et Mon-El croiser les chemins de Kid-Flash et de Vibe. Une partie du groupe va d’ailleurs faire équipe pour piéger l’adversaire, comme une sorte de Justice League « light ». Encore qu’on puisse se demander pourquoi seuls le martien, Wally et Cisco s’impliquent dans le combat, alors que d’autres surpuissants restent « à la maison ». Petite faiblesse du scénario, rien ne viendra vraiment nous expliquer pourquoi le Music Meister semblait vouloir s’en prendre à Central City en l’absence de Flash et SG, la chose ne cadrant pas vraiment avec ses objectifs révélés plus tard.
Globalement cet épisode permet tant à certains protagonistes de Flash qu’à ceux de Supergirl de régler des problématiques personnelles enclenchées depuis quelques semaines. C’est simple, sympa (bon forcément mieux vaut ne pas être allergiques aux chansons) mais dans le même temps on n’ira pas jusqu’à dire que c’est génial. On le disait en ouverture, ce n’est pas ce qui risque de détrôner Buffy: The Musical. Certaines choses restent évoquées, survolées mais pas exploitées à fond. Par exemple il est lourdement insinué que si les réactions de certains personnages sont caricaturales parce qu’ils suivent les clichés des « musicals » mais on n’ira pas vraiment plus loin que cela, alors qu’il y avait matière à en faire une sorte de « Rose Pourpre du Caire » ou de « Last Action Hero ». On appréciera que l’histoire permette un temps à Melissa Benoist de rendre son personnage moins « bêtifiant » et un peu plus revendicatif (des petites touches comme le défonçage de la porte). Un numéro qui, dans son ensemble, fait donc plus de bien à Supergirl qu’à Flash, qui traite un peu plus la chose comme une affaire courante, si ce n’est la retombée ultime qui, forcément, va alimenter à son tour les épisodes à venir.
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