French Collection #101

[FRENCH] Le début du silver age marqua comme nous l’avons déjà souligné une fertile période d’expérimentation. Les super-héros semblant revenir à la mode, les Editors de DC Comics décidèrent de lancer de nouveau personnages mais aussi de mettre en avant certains autres toujours publiés. Lorsque cette volonté est de plus doublé d’une tentative de conquête d’un lectorat cela donne Superman’s Girl Friend, Loïs Lane.

Le personnage de Loïs Lane est l’un des plus anciens personnages de la continuité super-héroïque de DC Comics puisqu’elle apparaît dès Action Comics #1 (juin 1938). Loïs est déjà journaliste au Daily Star lorsque Superman est embauché sous son identité de Clark Kent. Loïs affiche déjà un caractère bien trempé qui explique qu’elle soit une journaliste reconnue malgré le sexisme ambiant de l’époque. Loïs Lane est une jeune femme de toute beauté (pour la petite histoire, l’apparence du personnage est basé sur celle de Joanne Carter qui posa pour Joe Shuster et épousa ultérieurement Jerry Siegel qui fut lui même le modèle de Superman) qui séduit immédiatement Clark. Mais Loïs trouve que Clark est trop timoré. De plus, dès la première apparition de Superman, Loïs en tombe amoureuse.

Ce triangle amoureux durera pendant des décennies, parquant malheureusement Loïs dans un rôle de faire valoir, Superman refusant de lui révéler son identité secrète pour ne pas la mettre en danger. Il est intéressant de savoir que, dès janvier 1940, Jerry Siegel proposa un scénario qui voyait Superman révéler son identité secrète à Loïs. Mais les Editors de DC Comics refusèrent le scénario (pour découvrir ce scénario, procurer vous une copie d’Alter Ego #26). Il ressortit de cette situation que Loïs est durant tout le golden age décrit à la fois comme l’égale de Clark où une sorte d’écervelée se plaçant dans des situations impossibles dont Superman la tire en permanence.

Suivant l’évolution des mœurs des Etats-Unis, le personnage va s’affadir. D’une femme active qui subvient à ses besoins par elle-même (suivant en cela de nombreuses femmes américaines qui subvenaient aux besoins de leur famille suite à la crise de 1929 puis à l’absence massive des hommes pendant la seconde guerre mondiale) elle deviendra une jeune femme uniquement intéressé par ce marié et fonder une famille pendant les années cinquante.

Bien que toujours journaliste, ses principaux centres d’intérêts sont, dans le désordre, d’épouser Superman, de prouver que Clark Kent et Superman sont la même personne, d’éviter que Lana Lang (à venir dans un prochain French Collection) ne séduise Superman et quelques fois d’enquêter sur des sujets d’actualités.

Les parents de Loïs sont au départ présenter comme des fermiers habitant la paisible ville de Pittsdale (un peu le pendant des parents de Clark Kent). Mais ultérieurement, son fort caractère sera expliqué par le fait que son père est un militaire de carrière qui a séjourné hors des Etats-Unis. La jeune Loïs et sa sœur Lucy ont donc élevé dans un milieu très masculin avec un père déçu de ne pas avoir eu de garçon et imposant une discipline quasi-militaire à ses filles. Il est à remarquer que pendant le golden age Loïs se verra régulièrement adjoint sa nièce (donc a priori la fille de Lucy) Susie Tompkins.

Le personnage évoluera donc dans un sens plutôt défavorable jusqu’à Showcase #9 & 10 (juillet – août & septembre – octobre 1957). Cherchant à la fois à capitaliser sur le succès de Flash [Barry Allen] et à se diversifier vers un lectorat féminin, les Editors de DC Comics se servent des six épisodes publiés comme test. Cette version peut être considéré comme celle du silver age du du personnage. Dans cette évolution, si le personnage de sa sœur Lucy est beaucoup plus développé (notamment du fait de sa relation avec Jimmy Olsen) la jeune Susie Tompkins disparaît.

Superman’s Girl Friend, Loïs Lane #1 (mars – avril 1958) sera lancé juste après, la réaction du public étant visiblement plutôt bonne. Il est toutefois à remarquer que la série Superman’s Pal, Jimmy Olsen (également à venir dans un prochain French Collection) avait débuté elle près de quatre ans auparavant. Les histoires seront un mélange des thèmes déjà abordés mais aussi de nombreux « Elseworld », histoires alternatives racontant les nombreux mariages de Loïs, avec Superman mais également d’autres personnages comme Batman.

De nombreux épisodes seront également consacrés à des versions super-héroïque de Loïs, qu’elle acquière des super-pouvoirs par accident ou prenne une identité secrète pour diverses raisons. Une série d’aventures également très appréciée des lecteurs verra la confrontation de Loïs a des personnalités historiques, réelles ou mythiques. Mais nous reviendrons sur cet aspect de ses aventures dans un prochain French Collection.

La prochaine évolution se fera une nouvelle fois en liaison avec celle de la société américaine. A partir de l’année 1968, la personnalité de Loïs Lane effectue un retour au source et c’est une femme indépendante et à la personnalité très affirmée. En résumé, une femme moderne. Les épisodes seront plus régulièrement orienté autour de son activité de journaliste. Ses enquêtes la mettront très régulièrement en péril mais cette fois-ci, elle ne comptera pas sur l’aide de Superman pour se tirer de ces mauvais pas. Et ce n’est pas encore sa formation militaire qui sera évoqué pour justifier de ses capacités physiques mais des cours de Klurkor (art martial kryptonien) qui lui ont été dispensé à Kandor.

Cette évolution sera également symbolisé par l’abandon progressif du personnage par son dessinateur emblématique Kurt Schaffenberger au profit de nouveaux dessinateurs (et notamment le grand Neal Adams pour les couvertures). Suite à la mini-série Crisis on Infinte Earths, le personnage de Loïs Lane sera entièrement redéfini par John Byrne dans la série The Man of Steel.

En France, Loïs Lane apparaîtra dès 1939 dans Le Journal de Spirou & Aventures (suivant la rive du Quiévrain où vous résidiez) avec la publication des Daily Strips américains. La période « demoiselle en détresse » sera publiée dans L’Astucieux au début des années cinquante avec la publication des Sunday Strips américains. Le début des années soixante verra la série publiée dans les petits formats de l’éditeur Artima / Arédit et notamment Flash 1ère série. Il est amusant de noter que les apparitions de Superman seront le plus souvent camouflées de manières amusantes sans doute afin d’éviter des problèmes de copyright et sans doute aussi de censure (si vous voulez en savoir plus sur ce sujet, je vous invite à vous référer à l’article de Xavier Fournier sur « Atomic » paru dans Comic Box #69).

Enfin, la série sera presque exclusivement publiée par les maisons d’éditions Interpresse (en Belgique) où elle sera rebaptisée « Louise Lane » et Sagédition (en France) vers la fin des années soixante (nous y reviendrons dans un prochain French Collection).

[Jean-Michel Ferragatti]
Comic Box

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