French Collection #11

[FRENCH] Contrairement à beaucoup d’idées reçus, de nombreux personnages et aussi d’éditeur de comics ont été publiés en France bien avant le début de la Marvelophilie qui caractérise notre pays. Découverte d’un personnage toujours publié et d’un éditeur pourtant disparu.

En 1939, Everett M. « Busy » Arnold achète le magazine Feature Funnies à Harry « A » Chesler, l’un des premiers éditeurs de comics. Il le rebaptise alors Feature Comics qui devient le premier titre de Quality Comics, la société que vient de fonder Arnold. Dès le numéro 21, premier numéro publié par Quality Comics, un héros masqué apparaît au sommaire. Il s’agit même du premier héros masqué du médium : The Clock dont nous .reparlerons dans un prochain French Collection.

L’approche de « Busy » Arnold est de produire des comics de qualité, ce qui explique le nom de sa société. Il utilise dans un premier temps les services des grands studios de l’industrie. Son approche changera très rapidement et il s’attachera directement les services d’artistes quasiment attitrés. C’est ainsi que les titres de Quality reste encore connu de nos jours pour les superbes couvertures de Lou Fine qui était la marque de fabrique de l’éditeur. « Busy » Arnold est aussi connu comme l’un des seuls éditeurs du golden age à avoir témoigné de l’estime à ses artistes. Jim Steranko dira de lui dans le tome 2 de son « History of Comics » :

« Arnold était, sans aucun doute, le plus généreux des éditeurs de comics. Il a toujours été extrêmement loyal avec les artistes et croyait au partage de la richesse. Il donnait souvent un bonus supplémentaire à ses employés parce qu’il appréciait leur travail et leur loyauté. Il était, peut-être, le seul éditeur a payer ses employés ce qu’il méritait vraiment. »

Très rapidement la gamme de comics de Quality s’étoffe et en mai 1940 est lancé Crack Comics. Le personnage de Black Condor y fait son apparition en compagnie de quelques autres compagnons dont aucun ne réussira à perdurer comme lui, même si certains ne sont pas « dénués » de célébrité et d’intérêt. La série est produite par le studio Eisner & Iger avec Will Eisner au scénario et Lou Fine aux crayons.

L’expédition du major Richar Grey et son épouse est attaqué par Gali Kan et ses pillards. Ils pensent avoir massacré toute l’expédition, mais la femme du major a réussi à caché leur fils « Little Dick ». Unique survivant, il est condamné à mourir dans le désert. Mais il est recueilli par un condor qui l’emmène dans son nid. Elevé avec les petits condors, Dick les observent voler et voudraient faire comme eux. Après de nombreux essais, il réussit à s’envoler. Plus tard, blessé par une nuée d’aigle géant il ne doit la vie qu’à un vieil ermite qui le recueille, le soigne et l’éduque comme son fils. Il retrouve un jour le vieil homme agonisant qui lui désigne son meurtrier : Gali Kan. Entouré d’une nuée de Condor, Black Condor pourchasse le meurtrier pour rendre justice. Dès le deuxième épisode, Black Condor est devenu un justicier qui utilise un pistolet projetant de la lumière noire. Il n’arrivera malheureusement pas à sauver la vie du sénateur américain Thomas Wright. Mais comme l’homme lui ressemble comme un jumeau, il usurpe son identité et poursuit ses aventures à Washington.

Le personnage sera la covedette du titre avec The Clock jusqu’à l’arrivée de Captain Triumph qui les supplantera tous les deux. Mais si The Clock restera dans les pages du magazine jusqu’à la fin, Black Condor disparaîtra du titre au numéro 31.

Il resurgira chez un autre éditeur plus d’une décennie après. En 1956, lorsque Quality Comics ferme ses portes, son concurrent DC Comics rachète les droits de ses nombreux personnages. Parmi eux se trouve Black Condor qui ne fera cependant sa réapparition dans l’univers super-héroïque à continuité de DC Comics qu’en 1973 dans les pages de Justice League of America # 107.

Comme à son habitude avec ses « rachats », DC Comics créé une terre parallèle nommée Earth X où les super-héros de Quality Comics ont continués leurs aventures (comme Earth S pour les héros de Fawcett ou Earth-4 pour les héros de Charlton Comics). Cette terre parallèle se distingue par le fait qu’il s’agit d’une uchronie prenant comme postulat que les nazis ont gagnés la seconde guerre mondiale (s’inspirant, entre autre, du roman de Philip Kindred Dick : «  Le maître du haut château »). Les personnages de Quality sont supposés avoir coexistés avec ceux de DC Comics jusqu’à 1942. Cet état de fait sera d’ailleurs introduit dans la continuité DC dans certains épisodes d’All-Star Squadron. Découvrant Earth X, Uncle Sam et les autres super-héros de Quality partent pour cette terre afin de continuer à combattre les forces de l’Axe.

Ayant finalement triomphé grâce à l’aide de la Justice League of America, Black Condor ainsi qu’une partie des héros de Quality Comics fera son grand retour sur Earth-1 (la terre principale de l’univers DC Comics) au sein de l’équipe des Freedom Fighters (dans un comic éponyme). Le passage d’une terre à l’autre aura comme conséquence pour Black Condor d’acquérir des pouvoirs télékinésiques. Cette brève série sera publiée en France dans le petit format Hercule de la collection Flash de l’éditeur Arédit.

Le personnage disparaîtra pour réapparaître comme le guide fantomatique de son successeur Black Condor II (Ryan Kendall). Ce dernier trouvera également la mort dans Infinite Crisis # 1 (publié récemment par Panini Comics France). Un mystérieux super-vilain sera vu en train d’exhumer le corps de Ryan Kendall afin de lui dérober ses bras ailés

Suite aux conséquences d’Infinite Crisis, deux nouvelles incarnations de Black Condor sont apparus. Le premier, dans le titre Uncle Sam and the Freedom Fighters, est Black Condor III (John Trujilo) alors que le deuxième est une réapparition du personnage originel qui se trouve sur Earth-10, une nouvelle terre parallèle propre aux anciens héros de Quality Comics.

Les deux premiers épisodes de la série publiée dans Crack Comics seront publiés trois fois en France. La première fois dans les numéros 270 à 282 de Hurrah ! ainsi que dans les numéros 1 à 13 de Tarzan et grandes explorations réunies (la version publiée en zone libre) sous le titre « Le Condor Noir ». Une deuxième fois dans la Collection Fantôme 1ère série (non numérotée) en deux fascicules : Le Condor Noir et L’homme volant. Enfin, le numéro 5 de la revue Phénix a republié les deux épisodes en reprenant le format des hebdomadaires.

Un personnage qui n’aura eu qu’une brève carrière en France mais dont les dessins signés Lou Fine auront durablement marqué les esprits.

[Jean-Michel Ferragatti]
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