French Collection #111
19 juillet 2011[FRENCH] Jusqu’à l’irruption des comics Marvel et l’opportunité exceptionnelle que représentera la gestion de toute la continuité des séries de l’éditeur par un seul Editor, DC Comics faisait peu de cas de toute continuité, chacun des nombreux Editors gérant ses propres séries sans regarder ce que faisait les autres. Cette situation donna de nombreuses incohérences qui persistèrent longtemps pour certaines.
L’organisation de DC Comics a été longtemps très différente de celle de Marvel. La firme de Martin Goodman (quelque fut son nom) n’était qu’une des divisions de son empire éditorial qui reposait beaucoup plus sur les magazines. Goodman a été tenté de nombreuses fois de fermer cette division et la gérait à l’économie. Peu de personnes était permanente et la société ne tenait que grâce à la présence de son unique Editor : Stan Lee (par ailleurs neveu par alliance de Goodman). L’implosion d’Atlas accélèrera encore plus les choses du fait du faible nombre de titre à gérer par Stan Lee. Ce qui lui permettra de réellement donner une cohérence d’ensemble à la continuité Marvel et ceci jusqu’à son départ pour la Californie.
A l’inverse, DC Comics n’était qu’un éditeur de comic. Tous les moyens étaient donc concentrés sur cette activité. Toutes les innovations aussi, alors que Goodman ne sera pendant très longtemps qu’un suiveur. Et s’il est vrai que pendant très longtemps Goodman éditera plus de comics que DC, selon la stratégie d’envahissement des rayons des vendeurs, la structure de DC était bien plus importantes. De nombreux Editor se partageaient la gestion des magazines avec chacun sa stratégie et aucune cohérence éditoriale au niveau des histoires. C’est ainsi que de nombreux concepts peuvent se retrouver d’un magazine à l’autre sans qu’aucun soucis de cohérence ne viennent leur donner une vision d’ensemble. Et plus le concept est « universel » plus nombreuses sont les fois où il apparaît, créant une sorte de cacophonie. L’un de ces exemples le plus flagrant est celui de l’Atlantide.
Le mythe de l’Atlantide est un des plus universels de la culture occidentale (avec celui de Camelot sur lequel nous reviendrons un jour). Toutes les théories ont été évoquées pour « expliquer » ce mythe. Il était donc fatal qu’il soit utilisé de nombreuses fois dans des séries qui intégreront la continuité super-héroïque de DC Comics et ceci dans des interprétations fortement divergentes, cette chronique revenant sur quelques « morceaux choisis ».
L’un des théories les plus répandues concernant l’Atlantide est sa possible origine extraterrestre, ce qui expliquerait une forte différence de niveau technologique avec les peuples de l’antiquité ainsi que les causes de la catastrophe. Cette hypothèse à fait l’objet d’un épisode de la série Rip Hunter (cf. French Collection #90) publié aux Etats-Unis dans Showcase #21 et en France dans Big Boss 1ère série n° 68. Dans cet épisode, Rip Hunter et son équipe utilise leur sphère temporelle pour remonter le temps et arpenter les rues de l’Atlantide qui est une base avancée extraterrestre. Leur aventure leur permettra de prévenir les extraterrestres du cataclysme naturel imminent et de permettre leur évacuation.
Toujours dans la même veine « scientifique », une autre théorie concernant l’Atlantide est que ses habitants possédaient une technologie très avancée pour son temps, mais sans qu’il s’agisse d’extraterrestre. Technologie qui aurait déclenchée le cataclysme responsable de la submersion de l’île. L’épisode « World out of time » des Atomic Knights (cf. French Collection #74) publié aux Etats-Unis dans Strange Adventures #29 et en France dans Sidéral 1ère série n° 47 explore cette hypothèse. En testant une bombe au cobalt, les Atlantes ouvrent une brèche temporelle qui propulse toute l’île des milliers d’années en avant. Bien qu’il ne se soit passé que quelques secondes pour les habitants de l’île, cette dernière réapparait après la troisième guerre mondiale à l’orée des années 1990. Les Atlantes seront les ennemis récurrents de la série pendant quelques épisodes, mais leur véritable héritage sera les graines que les Atomic Knights récupéreront sur l’île avant qu’elle ne sombre, rejoignant ainsi la légende. Elles permettront de réensemencer la terre dont toute la flore et la faune ont été détruite par les explosions atomiques des bombes H.
Un des autres aspects très présents du mythe de l’Atlantide est la possibilité que des survivants est développés la capacité de vivre sous l’eau. Cet aspect a bien sûr été traité extensivement dans les aventures d’Aquaman très tôt dans le golden age (cf. French Collection #79) même si paradoxalement les Atlantes n’y tienne pas un rôle si important que cela. Cet état de fait changera avec l’introduction du l’Aquaman du silver age comme nous l’avons déjà vu (cf. French Collection #103 & 106). Mais cela n’empêche pas la cacophonie d’exister y compris sur ce simple aspect.
En effet, le personnage de Lori Lemaris apparaît dans Superman #129 (mai 1959) soit bien après le début du silver age et la redéfinition de l’univers d’Aquaman. Mais malgré cela, les scénaristes et l’Editor de la ligne Superman ne va en tenir aucun compte. Lori Lemaris est un personnage rétroactif dans les séries Superman. Elle apparaît pendant une période de la vie de Superman qui sera baptisé Superman: The Secret Years et qui raconte la vie de Clark Kent à Metropolis lorsqu’il était à l’université. Il s’agit d’une ravissante jeune étudiante qui se déplace en chaise roulante. Très rapidement Clark et elle ressentent une forte attirance. Leur relation est cependant compliquée par le fait que Lori « s’enfuit » tous les soirs à huit heures.
Superman découvrira qu’elle est obligée de retourner chaque soir dans son élément naturel pour ne pas dépérir. Car Lori est une Atlante qui a besoin d’être pendant dix heures en contact avec l’eau salée et dort donc dans la mer. Mais contrairement aux Atlantes d’Aquaman, elle et possède une queue de sirène. Elle possède par contre des pouvoirs télépathiques bien plus évolués et est capable de lire dans les pensées et pas uniquement de les projeter sur les animaux marins (ce qu’elle peut malgré tout aussi faire). C’est ainsi qu’elle a découvert que Clark Kent & Superman sont la seule et même personne.
Bien que très amoureuse de Clark, Lori décidera de retourner en Atlantis, le mariage avec un « terrien » lui paraissant impossible (à fortiori avec Superman). Elle restera néanmoins un personnage récurrent des aventures de Superman. Comme nous pouvons le voir, ces nombreuses versions d’Atlantis posent un problème majeur à la continuité super-héroïque de DC Comics. Les scénaristes et Editors des années soixante-dix et quatre-vingt vont essayer de remédier à toutes ces incohérences.
Premièrement, la version des Atomic Knights sera réputée n’avoir été qu’un rêve du sujet test Gardner Grayle et n’avoir aucune existence réelle. Pour Lori Lemaris, il sera indiqué ultérieurement qu’elle habite Tritonis, une ville différente de celle d’Aquaman qui se nomme Poseidonis. Tous sont des descendants des Atlantes « historiques » mais n’ont pas survécu de la même manière. Les habitants de Tritonis ont physiologiquement changés pour respirer sous l’eau alors que ceux de Poseidonis ont d’abord érigé un dôme au-dessus de leur citée avant d’évoluer et de gagner leur capacité de manière progressive.
Tous ces aspects seront en partie expliqués au travers d’une chronologie unifiée qui fera remonter le mythe d’Atlantis à Arion le roi sorcier continuité super-héroïque de DC Comics. La version la plus compliqué à effacer sera celle de Rip Hunter. Il faudra attendre la série Crisis on Infinite Earth pour voir la continuité de l’explorateur temporel complétement effacée et la version de l’Atlantide qu’il avait découverte devenir une simple fantaisie.
[Jean-Michel Ferragatti]
Aaaahh,Lori Lemaris dans Superman!! Quelle époque naïve (et rafraichissante………)
Excellent article,comme d’habitude 😉
C.