French Collection #123
11 octobre 2011[FRENCH] Cette semaine, nous nous éloignons de la Belgique mais juste pour traverser la frontière. En effet, à partir de juillet 1966 (quelques mois après le lancement des Superman Interpresse), les lecteurs nordistes (et français en général) découvraient deux nouveaux titres de l’éditeur Artima qui allaient inaugurer une collection légendaire.
Aventures Fiction était un titre qui avait déjà été utilisé auparavant (cf. quelques une de nos chroniques précédentes) et n’était donc pas en soi une découverte. Etranges Aventures était par contre une nouveauté ainsi que la mention Comics Pocket. Il s’agit à ma connaissance de la première fois où un éditeur francophone a directement assumé l’appellation Comic.
Le premier numéro d’Etranges Aventures comporte une nouveauté intéressante et nous y reviendrons donc dans le prochain French Collection. Celui d’Aventures Fiction 2ème série comporte lui deux personnages mineurs que nous allons évoquer dans cette chronique. Nous en profiterons également pour faire un peu de rattrapage dur un autre personnage un peu obscur.
Enfin, dans les premiers numéros (les trois premiers pour Aventures Fiction 2ème série et les cinq premiers pour Etranges Aventures) réapparaissent des personnages que nous avions déjà étudiés comme Rip Hunter (cf. French Collection #90), Mark Merlin (cf. French Collection #77), Adam Strange (cf. French Collection #56), Blackhawk (cf. French Collection #93), Space Ranger (cf. French Collection #60), Star Hawkins (cf. French Collection #70), Atom [Ray Palmer] (cf. French Collection #96), Challengers of the unknown (cf. French Collection #88), Tomahawk (cf. French Collection #48) & Green Lantern [Hal Jordan] (cf. French Collection #94).
Retour donc sur un personnage publié occasionnellement dans Aventures Fiction 1ère série (cf. quelques une de nos chroniques précédentes) et qui intégrera la continuité super-héroïque de DC Comics que très tardivement. Publiées entre 1950 et 1964 dans Strange Adventures, les treize aventures de Darwin Jones « science detective » ressortent de la science-fiction. Créé par David V. Reed au scénario et Paul Norris aux crayons (encré par Bernard Sachs) Darwin Jones est membre du Department of Scientific Investigation (D.S.I.), une agence fédérale chargée de résoudre les affaires les plus mystérieuses (une sorte de X-Files avant l’heure).
Même si le personnage ne reviendra que très épisodiquement (il est au sommaire de Strange Adventures #1 mais sa deuxième apparition n’est que dans le #48) il sera nommé directeur du D.S.I. dans Strange Adventures #149. Malgré tout cela, et le fait que des épisodes de sa continuité auront l’honneur de la couverture (sans qu’il n’apparaisse personnellement dessus), il n’existera jamais réellement de série Darwin Jones.
Mais le personnage réapparait dans The Daring New Adventures of Supergirl #7 lorsque Loïs Lane (cf. French Collection #101) fait appel à lui pour résoudre une affaire de meurtre. Il est ensuite aperçu dans la mini-série Crisis on Infinite Earths et reste partie intégrante de la continuité super-héroïque de DC Comics puisqu’il apparaît dans Power of Atom #15 et Action Comics #683. C’est dans la première publication que son rôle est un peu mis en avant puisqu’il fait partie d’un groupe de scientifiques qui a mis au point The Gestalt, une entité informatique qui se rebellera et que seule l’intervention d’Atom [Ray Palmer] permettra d’arrêter.
Un personnage encore plus anecdotique apparaît dans Aventures Fiction 2ème série n° 1 et fait même la couverture du fascicule. Il s’agit de Jan Vern « Interplanetary Agent ». Dans un lointain futur, Jan Vern est un agent secret chargé de déjouer les complots contre la Terre. Pour se faire, il est notamment passé maître dans l’art du déguisement. Le personnage n’apparaîtra à ma connaissance que dans Mystery in Space #100 & #102 bien que dessiné les deux fois par le légendaire Gil Kane.
Enfin, toujours dans le premier numéro d’Aventures Fiction 2ème série apparaît un autre personnage peu connu la continuité super-héroïque de DC Comics (sauf pour ceux qui ont lu la rubrique « Le héros oublié » de Comic Box #71). Il s’agit du Green Glob qui connaîtra vingt apparitions dans Tales of the Unexpected. En France, il apparaît ensuite dans d’autres numéros d’Aventures Fiction 2ème série mais également d’Etranges Aventures. Dessiné par Georges Roussos (sauf pour la dernière aventure dessinée par Bernard Baily) The Green Glob sera, au contraire de Darwin Jones, conçu dès le début comme une série autonome qui fonctionne comme une anthologie (une des histoires aura même l’honneur de faire la couverture d’Etranges Aventures n° 2). Chaque histoire raconte les effets que The Green Glob produit sur un être humain.
Cette entité cosmique qui se présente sous la forme d’une sorte de nuage vert invisible aux yeux des humains dispose du pouvoir de rendre temporairement réels les désirs et aspirations des personnes qu’elle choisit. Car The Green Glob possède visiblement une véritable conscience et sélectionne ses « victimes » avec soin. Chaque histoire comporte une morale pour les protagonistes qui se rendent la plupart du temps compte que la réalité est bien meilleure qu’ils ne pensaient. Les motivations profondes et la vraie nature du Green Glob resteront par contre toujours inconnues.
La couleur verte et son pouvoir sur la réalité ne pouvait cependant pas rester lettre morte dans l’univers DC Comics. Mais il faudra attendre la mini-série Angel and the Ape (1991 Series).
Cette mini-série réactualise les fondamentaux d’Angel O’Day & Sam Simeon (sur lesquels nous reviendrons spécifiquement dans un prochain French Collection) mais explique également les origines du Green Glob.
Conçu comme un instrument capable de changer la réalité afin d’apporter un enseignement aux êtres vivants, The Green Glob est en fait un instrument conçu par The Guardians of the Universe. Pourvu d’une « programmation » et non d’une véritable conscience, à l’inverse des Manhunters et des membres du Green Lantern Corps, les Green Globs (car il y en a visiblement plusieurs) errent dans l’univers jusqu’à trouver un être vivant auquel ils pourront apprendre le « sens de la vie ». Contrairement aux autres « créations » des Guardians of the Universe, les Green Globs n’ont pas besoin de se recharger auprès de la batterie centrale d’Oa mais en contrepartie leurs « créations » sont temporaires.
Cela n’empêchera pas Gorilla Grodd (cf. French Collection #102) de capturer un Green Glob (qui avait visiblement élu domicile sur Terre) et d’utiliser ses pouvoirs pour essayer de transformer tous les humains en gorilles qu’il souhaite dominer. Mais bien entendu, ses plans seront déjoués par Sam Simeon qui réussit même l’exploit de libérer le Green Glob de sa programmation et à lui conférer son libre arbitre. Il disparut alors sans qu’il ne soit jamais revu.
Les débuts d’Aventures Fiction 2ème série et Etranges Aventures furent donc assez peu propice à la reconnaissance d’une continuité scénaristique des créations de DC Comics. Néanmoins, elle est extrêmement importante pour l’histoire des supers-héros en France (et pas que DC) et nous reviendrons très régulièrement sur le contenu de ces deux séries mais également des autres titres de la collection Comics Pocket.
[Jean-Michel Ferragatti]
Le green glob me fait penser au Shaper of Worlds…