French Collection #125
25 octobre 2011[FRENCH] Cette semaine, une petite chronique uniquement axée sur les indices de l’existence d’une continuité DC Comics dans les premières publications du silver age français. L’éditeur DC Comics c’est toujours construit sur plusieurs pôles éditoriaux. La première distinction était juridique puisqu’il existait deux sociétés indépendantes (sans compter l’existence de Detective Comics Inc) qu’étaient National Allied Publications (NAP) et All-American Publications (AA).
La première reprenait les premiers succès de la continuité de DC Comics, notamment Superman et Batman mais aussi Sam Bradley (cf. French Collection #24), Crimson Avenger (cf. French Collection #36), Green Arrow (cf. French Collection #58), Congo Bill (cf. French Collection #64), Aquaman (cf. French Collection #79) etc.
La deuxième publiait des personnages de « deuxième génération » comme The Sandman (cf. French Collection #21), Wonder Woman (cf. French Collection #26), Doctor Mid-Nite (cf. French Collection #30), Hourman (cf. French Collection #34), Green Lantern (cf. French Collection #42), The Spectre (cf. French Collection #46) et dont la particularité a été de publier la première équipe de super-héros de l’histoire : La Justice Society of America.
L’autre raison tenait à l’organisation interne structurée en plusieurs pôles avec des Editor indépendant les uns des autres, cela contrairement par exemple à Timely / Marvel ou pendant longtemps Stan Lee éditait toute la production. Il y avait donc un département Superman avec Mort Weisinger, un autre Batman avec Jack Schiff, un mixte Wonder Woman et War Stories sous la férule de Robert Kaningher et plus tard un département Science-Fiction dirigé par Julius « Julie » Schwartz d’où partira le silver age.
La conséquence de cette double organisation a été une étanchéité des personnages (et aussi des artistes) entre les différents Editors. Néanmoins cette politique n’était pas sans exception. Premièrement à l’intérieur même des départements il y avait ce que nous appelons maintenant des cameo. Des apparitions clins d’œil entre personnage notamment d’une même revue. Et puis bien sur il y avait World’s Finest Comics et sa Mightiest Team in the World. Mais cela allait changer avec l’introduction de la Justice League of America et d’un éclatement de ces départements. Néanmoins les premières années du silver age l’existence d’une continuité assumée sera bien moins visible que chez Marvel. Et encore parlons-nous des jeunes lecteurs américains qui avaient accès à toute la production DC !
Que dire donc des pauvres lecteurs français. Et pourtant, le lecteur attentif pouvait repérer des indices disséminés dans la production DC qui l’atteignait (en dehors de l’évidence qu’était la cohabitation de Superman et Batman et leur supporting cast). La première apparition extrêmement anecdotique se fera dans un épisode de la série Loïs Lane (cf. French Collection #101) où Aquaman (que le lecteur français pouvait lire par ailleurs) aidera Superman à donner une leçon à Loïs.
Plus intéressant, dans la première apparition de Supergirl chez Interpresse (nous allons revenir bientôt sur le personnage lui-même dans un French Collection dédié) nous découvrons fugitivement certains des membres de la Legion of Super-Heros en la personne de Sun Boy, Saturn Girl, Cosmic Boy, Cameleon Boy & Shrinking Violet. Mais dans le même épisode sont aussi évoqué Circé & Merlin.
Rien ne prouvait donc que les premiers étaient des personnages internes à l’éditeur puisqu’ils étaient « associés » à des figures mythologiques bien connue. Mais les lecteurs attentifs et fidèle auront la surprise deux numéros après (Superman et Batman & Robin n° 12 de 1966) de revoir les mêmes personnages et cette fois-ci très distinctement avec un plus Bouncing Boy (y compris dans un portrait peu flatteur).
En plus, la galerie de portrait des membres de la Legion of Super-Heros est complétée par ceux de la Justice League of America (même si le nom de l’équipe n’est lui indiqué nulle part). Il est cependant possible d’y voir Wonder Woman, Green Arrow, Aquaman & The Flash (orthographié tel quel !). Cette galerie reviendra sous forme de sculpture dans un épisode de The Brave & the Bold (sur lequel nous reviendrons également dans un French Collection dédié) traduit dans Aventures Fiction 2ème série. Cet épisode est très intéressant puisqu’au-delà de ce cameo, il rassemble Martian Manhunter (cf. French Collection #69) & Flash [Barry Allen] (cf. French Collection #82) dans un team-up (c’est-à-dire une aventure rassemblant deux personnages indépendant mais du même univers). Non représenté dans la galerie de sculpture mais apparaissant néanmoins dans l’épisode le lecteur découvre à cette occasion Hawkman [Katar Holl].
Les lecteurs français s’habitueront rapidement à ce genre d’épisode dans les pages des Comics Pocket d’Arédit. Ceci sans compter sur d’autres cameo qui comme pour les premiers ne montrent même pas les personnages eux-mêmes. C’est ainsi que dans un des épisodes d’Elongated Man (cf. French Collection #99) Flash [Barry Allen], Green Lantern [Hal Jordan] (cf. French Collection #94) « apparaîtront » sous « forme » de déguisement pour enfant.
La boucle sera complètement bouclée lorsque paraîtront les premiers cross-overs (à venir dans un prochain French Collection) autre que Superman et Batman. Même s’il y a fort à parier que les jeunes lecteurs ont été un peu hermétique à des cross-overs du type Metal Men & Metamorpho (événement publié dans Etranges Aventures n° 6 et sur lequel nous reviendrons dans un futur French Collection).
Resteront de cette période, des images furtives gravées dans notre mémoire et le souvenir des questions que nous pouvions nous poser sur le reste de cet univers qui ne nous apparaissait que par petites touches mystérieuses. Et il faut bien être honnête, pour les lecteurs de l’époque tout ce que nous venons d’évoquer restait très diffus. Au regard de l’âge du lecteur et de sa capacité d’analyse (même si des fois il nous apparaît surprenant chez certains fans de la première heure qui ont ensuite fait carrière dans la création) il y a surtout la problématique disponibilité de toutes les pièces que nous avons évoqué (même si le taux de rotation des illustrés était à l’époque bien plus important que de nos jours). Il est facile 50 ans après avec une collection complète de repérer et de mettre en perspective tout cela. Mais à l’époque seuls quelques esprits « clairvoyant » ont dû repérer ces liens. C’est d’ailleurs pour les raisons contraires que la continuité Marvel emportera l’adhésion des lecteurs.
La semaine prochaine, nous reviendrons sur l’épisode de Supergirl publié dans chez Superman et Batman & Robin n° 10 de 1966 mais uniquement en résonance avec un sujet régulièrement traité dans notre rubrique « sœur » de Oldies but Goodies.
[Jean-Michel Ferragatti]
Ah la belle époque ou ouvrir une bd « pocket » était comme ouvrir une pochette surprise!
Quand à retrouver des personnages « aperçus » au détour d’une page, cela relevait de la chasse au trésor !!!
Remenber …
En même temps si de nos jours un éditeur VF s’amusait à une telle anarchie de contenu et de chronologie, ce serait des cris de protestation. C’est sans doute d’ailleurs ça qui a fait que Strange a assis la domination de Marvel : la linéarité des séries. Les gens ont pu suivre les X-Men (et les autres) dans l’ordre et de manière régulière. Là où la JLA et bon nombre de séries DC ont fait dans le zig-zag.