French Collection #126

[FRENCH] Cette semaine retour sur un thème qui a traversé régulièrement à la fois les aventures de Superman et des personnages associés et de notre rubrique sœur Oldies But Goodies. Au début du silver age, les choses étaient assez claires chez DC Comics. Du fait de la multiplicité d’Editors (cf. French Collection #125) les interactions entre personnages étaient faibles. Elles se trouvaient principalement dans World’s Finest Comics avec les épisodes de la Mightiest Team in the World constituée par Superman, Batman & Robin.

Par ailleurs, les deux premiers se retrouvaient également au sein de la Justice League of America qui combattait des menaces beaucoup plus « cosmiques ». Mais malgré cela, Superman restait l’homme le plus puissant de l’univers. Et voir même de tous les temps puisque la Legion of Super-Heros éprouvera même le besoin de le recruter dans ses rangs alors même qu’il n’était que Superboy et donc pas à la pleine maturité de ses pouvoirs.

La continuité super-héroïque de DC Comics se développait donc mais avec quelques immobilismes qui ne pouvaient que poser des problèmes. Premièrement, l’idée que Superman restait l’homme le plus puissant de l’univers induisait que ses adversaires avaient peu de chance de la battre. Cet état de fait pouvait lasser son lectorat et les scénaristes essayaient donc de le confronter à des adversaires aussi puissants que lui. Mais la morale de l’époque voulait que les êtres les plus puissants soient du côté du bien et de la justice. Ainsi lorsque Superman (ou Superboy) est confronté à quelqu’un d’aussi fort que lui, il est immanquable que ce dernier soit un super-héros et que leur affrontement ne soit dû qu’à un quiproquo (cf. Oldies But Goodies #253 avec Marsboy).

Une autre idée sera de le « confronter » à d’autres Kryptonians. Etant sensé être le last son of Krypton, cela était toutefois difficile. Néanmoins cela arriva quelques fois notamment avec le personnage de Mon-El dans Superboy (1949 series) #89. Mon-El est en fait un Daxamite qui a échoué près de Smalville et perdu la mémoire. Les Daxamites ayant les mêmes pouvoirs que les Kryptonians, Superboy se convaincra qu’il s’agit d’un frère perdu et lui donnera le nom de Mon-El. Mais le personnage disparaitra dans la Phantom Zone suite à un empoisonnement au plomb (substance équivalente à de la Kryptonite pour les Daxamites).

Mais petit à petit l’idée d’autres Kryptonians fera son chemin dans l’esprit des Editors de Superman et aboutira à l’arrivée de Supergirl [Kara Zor-El] (à venir dans la prochaine chronique). Toutes ces adjonctions de personnages surpuissants et plus ou moins temporaires conduisit insidieusement à ce que l’idée que les galaxies étaient peuplées de super-héros s’impose. D’ailleurs, cette idée était parfaitement compatible avec le principe de la Legion of Super-Heros dans laquelle se retrouve des jeunes adolescents originaires de planètes différentes et possédant chacun un pouvoir lié à sa « race ». Ces personnages rencontrés au détour d’aventure permettaient également de créer une impression profondeur de l’univers dans une continuité où les interactions cosmiques structurées n’étaient pas encore bien définies.

Parlons pendant quelques lignes d’un épisode de Green Lantern [Hal Jordan] déjà chroniqué dans Oldies But Goodies #214. C’est ainsi que nous découvrons dans Green Lantern (1960 series) #32 la Honor Team. Cette équipe qui protège le monde de Thronn est constituée notamment d’Energiman, Magicko, Golden Blade & Strong girl (il semble que d’autres membres existent mais ils ne sont pas cités). Energiman est capable de se transformer en énergie en plus d’être un télépathe. C’est lui qui réussit à convertir Green Lantern [Hal Jordan] en énergie et à le faire venir sur Thronn. En effet, sous une de ses formes, Energiman ressemble à une flamme verte dont la « longueur d’onde » est compatible avec l’énergie de l’anneau de Green Lantern [Hal Jordan].

Magicko semble être un magicien sortant d’un univers d’héroïc Fantasy. Cette impression est renforcée par Golden Blade qui est une sorte de guerrier nordique. Enfin, le nom de Strong girl laisse à penser qu’il s’agit d’une héroïne dotée d’une super-force. Au cours de l’épisode Energiman meurt en se sacrifiant pour amener Green Lantern [Hal Jordan] sur Thronn. Le sort des autres membres ne sera guère plus enviable car ils ne réapparaitront jamais dans l’univers DC Comics.

Toujours aussi méconnus (même pour les fidèles lecteurs d’Oldies But Goodies) nous pouvons revenir sur Action Comics (1938 series) #331 dont nous avons extrait certains passages pour notre dernière chronique. Dans cet épisode, Supergirl [Kara Zor-El] en plus d’essayer de contacter la Legion of Super-Heros se trouve emprisonner sur une planète par le Dr. Supernatural ! Cet être démoniaque est tellement puissant qu’il est capable de tuer Superman car ses pouvoirs sont magiques. Il est amusant de remarqué que l’édition américaine indique « The diabolical Dr. Supernatural » et que la belge a détourné le montage pour que le vilain s’appelle Dr. Diabolical ! Si Dr. Supernatural est aussi puissant, c’est qu’il dispose d’un appareil qui lui permet de transformer les actes maléfiques en énergie. Grâce à ses pouvoirs il a ensuite emprisonné de nombreux héros de la galaxie dont Supergirl [Kara Zor-El]. C’est ainsi que nous apercevons dans l’épisode au moins une dizaine de super-héros. Certains sont même très bien décris. Il y a Lux dont le pouvoir est de changer n’importe quoi en source lumineuse. Multi-Man est lui capable de se multiplier (une sorte de Jamie Madrox avant l’heure y compris au niveau de son alias). Surya prendre prendre n’importe qu’elle forme animale bien entendu y compris extraterrestre. Elle ressemble donc à Kryll, le compagnon du Space Ranger (cf. French Collection #60).

De manière tout aussi intéressante, des adversaires de ces super-héros seront évoqués. Il y a Dynar qui est capable de dresser des murs magnétiques invisibles infranchissables. Il est ainsi capable de séparer les nations d’une planète entière. Détail anachronique aujourd’hui, pour expliciter les pouvoirs de ce personnage la rédaction d’Interpresse indique en renvoi « Tout comme le mur de Berlin aujourd’hui ».

Il y a aussi Voltan qui est capable de métamorphoser les personnes en insectes monstrueux après les avoir enfermé dans un cocon. Enfin, il y a Raptor dont le regard est capable de détruire une ville en quelques secondes. L’épisode de Supergirl [Kara Zor-El] ressemble beaucoup à celui de Green Lantern [Hal Jordan] et malheureusement, tous ses personnages extrêmement intéressant et qui aurait pu constituer une sorte de Legion of Super-Heros contemporaine connaitront le même oubli (y compris le Dr. Supernatural et les trois super-vilains aperçus).

Enfin, un dernier épisode nous permet de voir que la thématique que quasiment chaque planète disposait d’un super-héros s’imposait même si en l’occurrence le scénario était un peu plus surprenant. Dans Action Comics (1938 séries) #304 apparaît l’épisode The Interplanetary Olympics! (publié chez Interpresse dans Superman n° 8 de 1966). Superman est mis en contact avec le Dr. Rogan qui l’a entrainé sur la planète Vorn, ainsi qu’à son corps défendant Lana Lang (cf. French Collection #109).

Rogan leur explique que lui et son organisation observent les mondes de la galaxie pour consigner les exploits des super-héros. Ils admirent les exploits de Superman et l’ont emmené sur Vorn pour participer aux olympiades interplanétaires. Pendant l’épisode, Superman va affronter Borko de Gorn & Boscar de Krag. Superman n’est pas du tout surpris par l’existence d’autre super-héros et accepte même de participer à cette olympiade. Mais à la grande déception de Lana, il est misérablement battu à toutes les épreuves. Force est donc de constater que Superman n’est pas l’être le plus puissant de l’univers.

Mais dans un twist final, le scénariste Leo Dorfman nous apprend que Superman simulait sa faiblesse. En fait, ce sont Borko & Boscar qui ne sont pas des super-héros. Ils sont avec Rogan des super-criminels qui ont organisés toute cette mascarade pour échapper à la police inter-galactique (et nous ne parlons pas ici du Green Lantern Corp). Il comptait absorber grâce à une machine l’énergie que Superman allait déployer pour réussir les épreuves. Energie qui leur aurait permis de voyager dans le temps et d’échapper ainsi à la police inter-galactique.

Mais Superman a rapidement compris que ses compétiteurs n’avaient pas de super-pouvoirs et a simulé sa faiblesse comme eux simulaient leurs pouvoirs. En plus de nous présenter un scénario atypique sur le sujet, cet épisode nous montre surtout le caractère « routinier » de la thèse comme quoi chaque planète possède un super-héros. Cet état de fait reviendra régulièrement dans les épisodes de Superman et nous y reviendrons dans de très lointains French Collection.

[Jean-Michel Ferragatti]

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