French Collection #130
29 novembre 2011[FRENCH] Comme nous l’avions indiqué nous revenons cette semaine sur les personnages de l’équipe des T.H.U.N.D.E.R. Agents de l’éditeur Tower Comics et notamment de son rythme de publications français. Comme nous l’avons vu dans French Collection #128, les publications de Tower Comics comportaient 64 pages intérieures et normalement cinq épisodes. Un épisode de Dynamo, suivit de NoMan puis Menthor et T.H.U.N.D.E.R. Squad avant de finir par un épisode choral.
T.H.U.N.D.E.R. Agents #1 comporte une introduction de 4 pages, l’origine de Dynamo [Len Brown] (12 pages), suivit de l’origine de NoMan [Anthony Dunn] (10 pages) puis celle de Menthor [John Janus] (12 pages), la première apparition du T.H.U.N.D.E.R. Squad (10 pages) et enfin l’épisode de conclusion (10 pages). Dans les numéros 112 à 114 de la publication Le Fantôme Aventures Américaines des Editions des Remparts, le lecteur français à découvert les 4 pages d’introduction, l’épisode de Dynamo [Len Brown] et enfin l’épisode de conclusion pendant lequel converge NoMan [Anthony Dunn], Menthor [John Janus] et le T.H.U.N.D.E.R. Squad pour délivrer Dynamo [Len Brown] qui est prisonnier d’Iron Maiden sur l’île du Warlord. Nous pouvons penser qu’il a sans doute été surpris par l’apparition inopinée et incompréhensible des autres T.H.U.N.D.E.R. Agents.
Heureusement, Le Fantôme Aventures Américaines n° 115 lui apportera quelques réponses concernant NoMan [Anthony Dunn] puisqu’il publie un des épisodes « intercalaires » qui avaient été omis. Le professeur Anthony Dunn est un scientifique de T.H.U.N.D.E.R. visiblement uniquement dépassé en compétence par le Professeur Jennings. C’est grâce à lui que T.H.U.N.D.E.R. a compris le fonctionnement des trois prototypes. Dunn travaillait également, notamment avec son assistant, sur un projet personnel. Il a créé un processus qui permet de transférer l’esprit humain dans un androïde. Cela ouvre la perspective d’une quasi immortalité car non seulement les androïdes sont bien plus résistant et forts que le corps humains mais s’il est endommagé il est possible de transférer son esprit dans un autre androïde. La seule condition est d’avoir le temps du transfert avant l’arrêt complet de l’androïde que l’on quitte.
Dunn qui est âgé et malade décide de tenter l’expérience même s’il redoute de perdre son humanité pendant le transfert. L’expérience est un franc succès et nous verrons que ses craintes sont infondées puisqu’il tombera ultérieurement amoureux de l’agent Linda Rogers. Mais toujours dans la ligne éditoriale « réaliste » de Tower, cette nouvelle ne sera pas traitée de manière idyllique. Nous sommes loin de la situation d’une Scarlet Witch et de Vision chez Marvel quelques années plus tard. NoMan [Anthony Dunn] vivra très mal cet amour visiblement réciproque et souhaitera abandonner sa nouvelle condition, même si visiblement le corps des androïdes a les mêmes « capacités » qu’un corps humain (enfin, si nous transposons l’exemple de l’alimentation qui nous est donné au reste). Nous verrons à cette occasion, que le libre arbitre n’est pas une valeur très en vogue dans l’univers des T.H.U.N.D.E.R. Agents. En effet, pour sécuriser leur investissement, les dirigeants de T.H.U.N.D.E.R. ont incorporé un mécanisme de neutralisation des androïdes. Ceci leur permet de stopper NoMan [Anthony Dunn] et d’essayer de le raisonner.
Cet axe scénaristique ne sera malheureusement pas approfondi dans les autres aventures de NoMan [Anthony Dunn] et Linda Rogers disparaitra. Il faut dire que la cohérence éditoriale n’est pas le point fort de Tower Comics. La petite taille de l’équipe éditoriale et le rythme de productions laissaient peu de temps pour approfondir et coordonner les épisodes les uns avec les autres. Il faut dire que contrairement à Dynamo [Len Brown] qui était la chasse gardée de Wally Wood, ce n’était pas toujours les mêmes auteurs qui suivaient NoMan [Anthony Dunn]
En plus de disposer de la résistance et de la force supérieure de son corps d’androïde (et d’un récepteur radio intégré dans son oreille), NoMan [Anthony Dunn] s’est vu attribué le deuxième prototype du Professeur Jennings. Il s’agit d’une cape qui polarise la lumière et rend son porteur invisible pendant une dizaine de minute maximum. Il s’agit d’une invisibilité relative puisque s’il est aspergé par exemple d’un liquide il est possible de le détecter.
NoMan [Anthony Dunn] dispose également des ressources du T.H.U.N.D.E.R. et notamment d’une voiture (sorte de Batmobile) et d’un avion qui sont tous les deux des prototypes extrêmement en avance sur leur époque. Mais les ressources de T.H.U.N.D.E.R. ne sont pas infinies (il existait déjà des problèmes de budget en 1965) et nous assisterons ainsi à une scène assez incroyable ou les responsables de T.H.U.N.D.E.R. reprocheront à NoMan [Anthony Dunn] son rythme d’utilisation des androïdes dont le coût devient prohibitif (1 million de $ pièce). Il faut y voir le côté réaliste et novateur de l’équipe de Wally Wood. Il faut dire que sachant qu’il a toujours la possibilité de transférer sa conscience dans un autre corps, NoMan [Anthony Dunn] n’hésite jamais à protéger ses camarades et à se porter devant.
Lorsqu’il n’est pas en mission pour T.H.U.N.D.E.R., NoMan [Anthony Dunn] continue ses recherches scientifiques dans une île de l’atlantique mais a aussi des activités plus communes. En effet, il possède une « identité » civile rendue possible par l’utilisation de masques lui permettant de prendre une apparence plus humaine. Les scènes de « maquillage » de NoMan [Anthony Dunn] anticipent de plusieurs années celles quasi identique de la série télévisée The Invisible Man avec David McCallum.
Le personnage sera un de ceux qui aura le plus de succès de la ligne des Tower Comics. Il bénéficiera d’un titre éponyme qui ne durera malheureusement que deux numéros, et d’une réédition ultérieure en paperback. L’un des points faibles du personnage sont ses adversaires. NoMan [Anthony Dunn] combat bien entendu l’organisation du Warlord mais n’aura pas, contrairement à Dynamo [Len Brown], d’ennemi emblématique telle Iron Maiden.
Cet état de fait n’était peut-être pas une volonté assumée de Wally Wood mais force est de constater par exemple que lors du premier épisode ni Demo et ses sous-hommes ni Satana ne sont à la hauteur (même si la dernière n’est pas dépourvue de charme). Les adversaires suivants qui pouvaient avoir du potentiel ne réapparaitront pas et force est de constater que les épisodes ne NoMan [Anthony Dunn] se lisent comme une suite de one-shot certes très divers mais sans grande cohérence. Comme nous l’avons indiqué, les changements d’auteurs quasi constants expliquent cet état de fait.
Comme tous les personnages de Tower Comics, NoMan [Anthony Dunn] réapparaitra chez DC Comics dans des aventures contemporaines où sera mise en avant sa perte d’humanité. Son manque de relation humaine (NoMan [Anthony Dunn] vis comme un reclus) occasionnera une perte de sa capacité d’empathie empêchant des interactions fortes avec ses autres partenaires. DC Comics développera donc les idées vues chez Tower Comics quelques décennies plus tard.
[Jean-Michel Ferragatti]
Un article passionnant. Je ne serais pas étonné que la Vision de Marvel soit inspirée de NoMan; (La dernière planche, c’est du Ditko ? Encré par Wood ?)
Effectivement la filiation NoMan -> Vision est évidente. Mais surtout elle permet d’expliquer une autre ressemblance : celle de Red Tornado avec Vision. Les deux sont simplement des descendants de NoMan. A noter aussi l’existence d’un autre androide chauve chez Marvel, plus ancien que NoMan (puisque paru en 1963) : l’étrange androïde du Docteur Blake dans Journey Into Mystery #95
Pour la dernière planche il s’agit bien de Steve Ditko au dessin mais aussi à l’encrage.