L’épisode commence lors d’une enquête du capitaine Jim Corigan. La jeune Millicent Olcott est l’héritière légale d’Ebenezer Olcott. Mais la fortune de ce dernier reste introuvable. En désespoir de cause, elle a décidé de recourir au service de Stephan Miklos, un psycho-enquêteur. Jim se désole d’avoir perdu vingt ans plus tôt la capacité d’invoquer The Spectre (cf. French Collection #46), son alter ego omniscient, lorsque Stephan propose de contacter directement Ebenezer grâce à un medium.
Alors que Jim participe à la séance de spiritisme, il ressent comme une libération et The Spectre sort de son corps juste à temps pour intercepter une grenade. Rock Parker & Tuffy Cooper, deux vieux ennemis de Jim, se sont ligués pour l’empêcher de découvrir qu’ils ont volé la fortune du vieux Ebenezer et ont décidés de le tuer. Cette menace a visiblement levé le blocage qui empêchait The Spectre d’agir. Après avoir permis de retrouver la fortune d’Ebenezer Olcott et d’arrêter les vieux ennemis de Jim, The Spectre décide de découvrir pourquoi il a été emprisonné dans le corps de Jim pendant vingt ans.
Muni de cette précieuse information, Jim se rend sur place après avoir appris que Paul Nevers est un petit escroc sans importance. Mais sur place, il assiste au cambriolage d’une banque par le dénommé Paul Nevers. A sa grande surprise, le voleur est invulnérable aux balles ! Jim le poursuit et alors qu’ils se font face, il s’apprête à lui tirer dessus. Mais une force supérieure l’en empêche lorsque les entités respectives qui habitent leur corps se libèrent.
Car de la même manière que le corps de Jim Corigan abrite The Spectre, celui de Paul Nevers abrite une entité maléfique nommée Azmodus. Il y a vingt ans, Azmodus a quitté son royaume astral pour descendre sur Terre. Et c’est son arrivé qui a provoqué l’emprisonnement du Spectre. Car si The Spectre est l’esprit de la vengeance de The Voice (habituellement associé à Dieu). Azmodus est lui envoyé (comme il le sera révélé dans la deuxième histoire du silver age du Spectre) par une entité maléfique nommée Shatan qui règne sur l’univers d’anti-matière (l’opposé de The Voice).
Ce qu’il n’avait pas prévu c’est que la Terre ne pouvait supporter la présence de deux êtres surnaturels d’énergies opposées équivalentes. Ainsi, dès son arrivée il a été emprisonné dans le corps d’un mortel alors que The Spectre se trouvait piéger dans celui de Jim Corigan. Ce n’est que vingt ans plus tard que l’hôte d’Azmodus mourut, le libérant ainsi que The Spectre. Profitant de ce répit, Azmodus parcourut les principaux lieux maléfiques de la Terre et trouva dans l’un d’entre eux une balle d’argent maléfique. Tirée sur un corps humain qui l’abrite, elle le libère définitivement et emprisonne de même The Spectre. Bien entendu, il a glissé la balle dans le pistolet de Jim et attendait que ce dernier tire sur Paul Nevers lorsqu’une force supérieure intervint.
Premièrement, il montre les essais de rationalisation de la continuité des responsables éditoriaux à une époque où elle commençait à prendre de l’importance dans le milieu des comics sous l’impulsion de la Marvel Touch. L’absence de The Spectre est donc parfaitement expliquée dans l’épisode.
Deuxièmement, il poursuit une volonté éditoriale de réintroduction des personnages du golden age de DC Comics. Après The Flash [Jay Garrick] cette politique éditoriale (principalement impulsée par Julius Schwartz) verra la consécration du retour d’Earth-Two dans Justice League of America (1960 Series) #21 & 22. Les épisodes « Crisis on Earth-One » & « Crisis on Earth-Two » marque également le début d’une longue tradition de cross-overs qui aboutiront notamment à la mini-série Crisis on Infinite Earths.
Beaucoup d’autres personnages seront réintroduit comme Doctor Fate [Kent Nelson] & Hourman [Rex Tyler] dans The Brave and the Bold (1956 Series) (à venir dans un prochain French Collection) et Starman [Ted Knight] & Black Canary [Dinah Lance] également dans Showcase (1956 Series) (à venir aussi dans un prochain French Collection). Nous reviendrons dans un futur French Collection sur cette « mode » du Team-Up mais il est intéressant de savoir qu’initialement le retour du Spectre était prévu dans The Brave and the Bold (1956 Series) avec Doctor Fate [Kent Nelson].
Pour sa part, The Spectre [Jim Corigan] reviendra dans Showcase #61 (1956 Series) avant de d’apparaître dans Justice League of America (1960 Series) #46 & 47. Dans ces épisodes intitulés « Crisis between Eart-One and Earth-Two » & « The bridge between Earths » un va et vient entre les terres parallèles est instaurée. The Spectre [Jim Corigan] apparaît ensuite dans Showcase #64 (1956 Series) puis The Brave and the Bold #72 (1956 Series).
Enfin, et malgré une deuxième apparition dans The Brave and the Bold #72 (1956 Series), The Spectre [Jim Corigan] bénéficie à partir de novembre – décembre 1967 de sa propre publication. Spectre (1967 Series) ne durera que 10 numéros mais aura une assez grande influence. Car au-delà des péripéties de continuité, le retour du Spectre a été assez novateur. En effet, la quasi omnipotence du personnage permet des scénarios « cosmiques » extrêmement intéressant et visuellement avant-gardiste. Encore une fois, la Marvel Touch avec les dessins de « cosmiques » de Jack « King » Kirby sur les Fantastic Four et les dessins « psychédélique » de Steve Ditko sur Doctor Strange ne sont sans doute pas étrangers à l’orientation du titre. Elle sera d’autant plus mémorable qu’elle verra les débuts d’artistes comme Neal Adams &Berni Wrighston.
L’action de Spectre (1967 Series) se passe majoritairement sur un plan mystique en exploitant une thématique « occulte » assez peu présente à cette période. Il faut dire que la Comic Code Authority voit d’un assez mauvais œil ce qu’il assimile à des Horror Comics. DC Comics restera donc sur des trames super-héroïques tout en mettant en avant des histoires de fantômes, de mort vivant, de démons et de diables. Le titre deviendra pour ses deux derniers numéros une simple anthologie d’histoires fantastiques. Le personnage sera d’ailleurs considéré comme détruit dans Justice League of America #83 (1960 Series) qui fait également partie des cross-overs annuels entre la Justice League of America et la Justice Society of America. Mais bien entendu, le personnage reviendra des limbes de l’oubli dans Adventure Comics pour la période considérée comme « classique » du personnage sous les pinceaux de Jim Aparo et sur laquelle nous reviendrons dans un lointain French Collection.
En France, le personnage aura l’honneur d’avoir son magazine éponyme dans la légendaire collection Comics Pocket d’Arédit. Lancé en grande pompe, le magazine se permet même un clin d’œil au scénario de Showcase #60 (1956 Series) en indiquant en 4e de couverture « Les récits les plus spect(r)aculaires de ces 20 dernières année… ». Le titre aura visiblement beaucoup de succès et nous reviendrons sur les autres séries qu’il contient très prochainement. Sans doute son succès n’est-il pas étranger à sa fin. En effet, bien que portant la mention « Bandes Dessinées pour Adultes » Spectre s’arrêtera après 4 numéros sous les foudres de la commission de censure et des menaces d’interdiction ceci plusieurs années avant Fantask 1ère série.
Le 18 décembre 1967, la représentante du ministère des Affaires sociales évoquait le « caractère traumatisant de [cette brochure] à base de violence, où les images impressionnantes sont multiples et parfois intolérables ». Une triple interdiction était demandée mais non obtenue. Le 16 octobre 1968, le représentant du secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé de la jeunesse et des sports, faisait part de sa déception : « [Il] regrette que le 3° de l’article 14 n’ait pas été appliqué à « Spectre » et « Kriminal », périodiques particulièrement nuisibles à la moralité juvénile » (1).
Il faut dire que les thèmes surnaturels étaient très mal vus des représentants des associations familiales catholiques siégeant à la commission. Le fait que The Spectre soit la caractérisation de l’esprit de la vengeance de Dieu et qu’il combattait le mal sous toutes ses formes n’a visiblement pas eu raison de l’étroitesse d’esprit des censeurs de l’époque (sans tenir compte du fait que la série américaine initiale avait passé l’avis de la Comic Code Authority). Mais il est difficile de faire disparaître celui qui revient déjà d’outre-tombe et la commission de censure n’aura pas plus de succès que les adversaires de The Spectre [Jim Corigan]. Il est d’ailleurs assez ironique de constater que l’expression de la déception du secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre s’exprime alors même que le personnage est revenu, certes plus discrètement, dans les pages du titre Eclipso quelques mois avant. Titre qui bénéficiera de l’avis « tolérable ».
[Jean-Michel Ferragatti](1) informations tirées du Dictionnaire des livres et journaux interdits de Bernard Joubert
Il arrive enfin sur les écrans : Kraven le Chasseur ! Non, on blague !…
Avec Creature Commandos, James Gunn inaugure un nouveau chapitre dans l’histoire tumultueuse de DC au…
Après deux volets ayant conquis le box-office sans pour autant séduire la critique, Venom :…
Hasard du calendrier, Christopher Reeve fait l'objet de deux documentaires en ce mois d'octobre. Le…
Le documentaire Super/Man : L'Histoire de Christopher Reeve plonge au cœur de la vie de…
Pour bien commencer la semaine, Marvel Studios nous présentent les premières images de Thunderbolts*, prévu…