The Shadow est initialement le narrateur d’une anthologie de récits radiophoniques policiers : Detective Story Hour. Il s’agit d’adaptation des récits publiés dans le pulp’s Detective Story Magazine de l’éditeur Street & Smith, l’un des plus gros intervenants du marché de la littérature populaire américaine. Le programme est censé faire de la publicité au titre en déclin. Le show commence par la voie sépulcrale de The Shadow annonçant « Who knows what evil lurks in the hearts of men ? Heh – heh – heh – heh – heh – heh – heh ! The Shadow knows… ». Orson Welles sera l’un de ceux qui prêta sa voix au personnage. Rapidement les responsables de Street & Smith se rendent compte que cette accroche marque fortement les esprits des auditeurs qui demandent The Shadow Magazine alors même que le titre n’existe pas. Street & Smith demande alors à l’écrivain et magicien Walter Gibson de donner vie au personnage afin de lancer le titre. Il devient rapidement la publication phare de l’éditeur qui décline le personnage sur d’autres supports. Le personnage bénéficiera ainsi d’une adaptation en comic strip par le Ledger Syndicate en 1938. Walter Gibson adapte ses propres romans tandis que Vernon Greene assure le dessin. Suite au succès grandissant des titres de super-héros, Street & Smith lance une ligne de comics avec ses personnages les plus connus. The Shadow est bien entendu au sommaire et donnera même son nom au comic. Les premiers numéros reprennent les épisodes du comic strip qui sont remontés au format comic.
The Shadow est un justicier visiblement dénué de superpouvoirs. C’est par contre un superbe athlète et un combattant de première force. C’est aussi un remarquable tireur qui utilise simultanément deux Colt 45 Peacemaker. Il possède également une volonté d’acier et comme il a été entraîné par les meilleurs magiciens du monde il est devenu un remarquable hypnotiseur. Houdini lui a même enseigné ses techniques d’évasion. C’est également un maître du déguisement capable d’assumer de nombreuses identités. La plus connue est celle d’un playboy milliardaire, Lamont Cranston. Il s’agit en fait d’une identité emprunté par Kent Allard, le vrai nom de The Shadow. Allard est un aventurier qui a combattu notamment comme pilote pendant la première guerre mondiale. Il est ensuite devenu soldat de fortune avant de mettre en scène sa propre disparition. Il rencontre ensuite un milliardaire américain nommé Lamont Cranston à qui il propose d’échanger d’identité. Cela lui permettra d’infiltrer la haute société de New-York où il compte opérer. Le vrai Cranston accepte et semble trouver largement son compte à cet échange.
The Shadow dispose également d’un matériel très sophistiqué comme par exemple son autogyre qui lui permet de se déplacer très rapidement ou ses différents laboratoires dans lesquels il s’adonne à des expériences de police scientifique. Mais sa principale caractéristique est d’apparaître et de disparaître quasiment à l’envie, ce qui lui confère un aura de mystère et une réputation quasi surnaturelle. Cette caractéristique est d’ailleurs assez tardive dans la construction du personnage. Elle provient de l’émission radiophonique « The Shadow » qui débute en 1937. Mais elle est ensuite reprise par tous les supports où est exploité le personnage. Le personnage est alors doté du pouvoir d’embrumer les esprits des hommes (the power to cloud men’s minds) qu’il a appris au Tibet. En résumé il est capable de devenir quasiment invisible.
Enfin, The Shadow, comme beaucoup de Mystery Men, n’opère pas seul. Il possède un réseau d’alliés très étendu. Le plus souvent des personnes qui lui sont redevable car il leur a rendu un grand service dans le passé et qui ont adhéré à sa croisade contre le crime. Les plus connus et récurrents sont Moe Shrevnitz (un chauffeur de taxi qui lui sert d’indicateur) et son amie Margo Lane.
C’est ensuite au tour de DC Comics de licencier le personnage. Il apparaît premièrement dans Batman #253 où Batman reconnaît qu’il est l’une de ses grandes inspirations. Pour l’anecdote, l’écrivain Chris Roberson fera dans sa nouvelle « Penumbra » de Kent Allard le père naturel de Bruce Wayne / Batman (A lire en français dans l’anthologie Les compagnons de l’ombre 1 de Jean-Marc Lofficier chez Rivière Blanche). Le personnage bénéficiera le même mois de sa propre série écrite par Denis O’Neil et dessinée par Michael William Kaluta (parue en France successivement aux Editions du Fromage puis chez Glénat dans la Collection Super-Héros).
L’adaptation suivante signée Howard Chaykin, toujours chez DC Comics, transposera le personnage dans le présent et permettra d’enchaîner avec une série mensuelle. Si celle-ci débutera sous un ton excellent (avec des dessins de Bill Sienkiewicz), elle prendra finalement un ton plus sarcastique (avec Kyle Baker reprendant le graphisme) et à partir de là aura moins de succès. S’ajoute une pression de l’ayant-droit pour recentrer le personnage sur son époque d’origine. L’éditeur publie alors une nouvelle série en 1989. Cette fois-ci les aventures de The Shadow sont de nouveau situées dans les années 1930. Elles mettront notamment en scène la première rencontre du personnage avec Doc Savage (autre personnage célèbre de Street & Smith). Enfin, l’éditeur Dark Horse Comics (notamment spécialisé en license) publiera également plusieurs séries de comics consacrées au personnage.
La légende veuille que le style graphique de The Shadow soit inspiré du héros cinématographique Judex, créé par Arthur Bernède et Louis Feuillade. Les deux personnages utilisent également les mêmes méthodes, les mêmes armes ainsi que tout un équipement ultrasophistiqué. Il est donc assez logique que les Editions Mondiales publient la traduction du comic strip du Ledger Syndicate sous le titre de Judex. Cela leur permet de bénéficier de la notoriété du personnage de Bernède et Feuillade auprès des jeunes lecteurs.
Le personnage apparaît pour la première fois dans les pages de Hurrah ! n° 264 du 10 décembre 1940 en zone occupée. Il s’agit de la traduction de l’épisode The mystery of the sealed box qui se poursuivra jusqu’au n° 279 du 26 mars 1941. Les armées nazies ont dans l’intervalle envahi la France et l’épisode sera également publié en zone libre. Mais cette version commence en plein milieu de l’épisode dans Hurrah ! et les grandes explorations réunies n° 7 avant de se poursuivre dans Tarzan et grandes explorations réunies n° 1 à 10 (la suite de Hurrah et les grandes explorations réunies). La publication du comics trip se poursuivra avec The Mystery of the Sleeping Gas (dans Hurrah ! n° 280 à 286 et Tarzan et grandes explorations réunis n° 11 à 17), The Shadow vs Hoang Hu (dans Hurrah ! n° 287 à 290 et Tarzan et grandes explorations réunis n° 18 à 23) et Danger on Shark Island (Tarzan et grandes explorations réunis n° 18 à sans doute 36). Nous approfondirons plus en détail les particularités (autre que son rebaptisation) de ces deux épisodes de The Shadow dans un prochain French Collection.
Enfin, pour nos amis complétistes, le Récit Complet « La Flotte Fantôme » a été réédité dans Golden Color n° 14 / 15 tandis que les quatre autres Récits Complets ont été réédités dans Golden Reprints Vol. 2 #1.
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