French Collection #156
29 mai 2012[FRENCH] Cette semaine, retour sur un éditeur que nous n’avons pas abordé depuis longtemps. Après le visible succès de ses magazines « Superman », les éditions belges Interpresse décide de monter en gamme et propose dès avril 1967 une nouvelle publication. Superman Album, est un peu plus luxueux à la fois en termes de pagination (52 pages tout en couleur comprenant la couverture) et en termes de fabrication (dos carré et couverture cartonnée).
La première histoire est (à l’exception d’une page) identique à celle publié dans le premier numéro des publications d’Interpresse daté d’octobre 1965. Mais cette fois-ci, l’histoire est réimprimée en couleur. Nous avons plusieurs fois souligné la volonté « pédagogique » de la rédaction d’Interpresse. Ce numéro ne déroge pas à la norme puisqu’il contient, en plus de la première histoire évoquée ci-dessus qui retrace la vie de Superman, un épisode sur la vie de Clark Kent à l’université (malheureusement traduit de manière erronée comme d’habitude en « Collège ») et deux autres consacrés à Loïs Lane.
Enfin l’épisode qui nous intéresse retrace « Le premier exploit de Superman ! ». Le Dr. Kearns, est un scientifique déchu. Il a prédit il y a de nombreuses années la chute d’un météorite sur Metropolis et causé une énorme panique. Mais aucun météorite n’a jamais atteint la ville et la réputation du Dr. Kearns a été ternie.
Il cherche maintenant à savoir où et quand Superman a atterrit sur Terre. Comme celui-ci refuse de lui révéler, il propose un concours au Daily Planet : Quel est le plus ancien exploit de Superman ! Perry White est enthousiasmé et les lecteurs du journal sont invités à raconter leur souvenir du plus ancien exploit de Superman auquel ils ont assisté. Une habitante de Smallville (traduit encore une fois Picoville [sic.]) gagne le concours en racontant avoir vu un enfant arracher un lampadaire du trottoir. Superman est appelé pour départager les concurrents. Le Dr. Kearns lui demande alors d’utiliser sa super-mémoire pour se souvenir son plus ancien exploit.
Superman se rappelle alors le jour de son départ de Krypton. Plus tard, alors qu’il s’amuse dans sa fusée le jeune Kal-El repère un météore qui a un objet brillant à sa surface. Kal-El sort alors de sa fusée et se pose sur le météore. Il y découvre une créature de l’espace en cristal qui l’attaque puis s’enfuit. Kal-El décide alors de repartir vers sa fusée. Il se propulse vers le vaisseau et en même temps fait dévier la course du météore. Et vous l’aurez compris, il s’agit de l’information que le Dr. Kearns cherchait pour se réhabiliter. Car si le météore qu’il avait annoncé ne s’est pas écrasé sur Metropolis, c’est parce que, sans le savoir, Superman venait de sauver sa ville d’adoption alors qu’il n’était que Superbaby !
Au-delà de son caractère sympathique, cet épisode pose un problème de continuité. Dans l’épisode, Kal-El est vu avec un costume identique à celui de son père Jor-El. Il s’agit visiblement des couleurs de la maison El et il n’y a rien a priori d’illogique. Si ce n’est que cet épisode est complètement contradictoire avec la continuité classique de Superman. D’ailleurs, dès le prochain numéro de Superman Album (juin 1967) les lecteurs attentifs pourront s’en rendre compte dans l’épisode « L’origine du super-vêtement ! ».
Cet épisode, comme son nom l’indique, retrace l’origine du costume de Superboy [Clark Kent]. Et dans cet épisode (comme dans toutes les évocations classiques des origines de Superman) Kal-El est un bébé emmailloté dans des langes.
Il est donc bien plus petit que dans l’épisode précédent (et donc incapable de sortir seul de sa fusée) et surtout ne porte pas un costume aux couleurs de la maison El.
Lorsque Jonathan & Martha Kent découvre les superpouvoirs de leur fils adoptifs, ils se rendent comptent qu’ils vont avoir un problème avec les vêtements de Clark qui se déchirent en permanence lors des exploits du jeune Superbaby. Les époux Kent découvrent alors que les couvertures de Kal-El ainsi que tout ce qui provient de la fusée est aussi indestructible que leur fils. En effet, un incendie s’est déclaré dans leur grenier mais heureusement Superbaby l’a éteint avec son super souffle. Mais Jonathan remarque que les couvertures de Kal-El sont intactes.
Ils récupèrent ainsi le tissu kryptonien et réussissent à en faire des vêtements pour Clark en lui faisant couper le tissu grâce à sa vision calorifique (ce qui devrait en théorie laisser à penser que lors des combats avec d’autres kryptoniens le costume devrait être en pièce). Devenu un peu plus grand, Clark appris à mieux se contrôler et utilisa des vêtements terriens classiques. Mais quand il décida de se lancer dans la carrière de justicier, il réutilisa son vieux costume de Superbaby et les restes des couvertures pour se fabriquer son costume de Superboy [Clark Kent]. Il utilisa aussi des débris de sa fusée pour se fabriquer des bottes, une ceinture ainsi qu’une paire de verres de lunettes résistants à sa super-vision.
Il demanda même à sa mère de coudre une poche à l’intérieur de sa cape pour pouvoir y cacher ses vêtements « civils » qu’il compresse grâce à sa super-force (plus pratique que de l’emballer dans une toile d’araignée ou de le laisser dans un sac à dos sur un toit non ?). Le seul mystère qui demeure (et qui si mes souvenirs sont bons n’a jamais été expliqué) est : Comment le costume de Superboy [Clark Kent] s’est « agrandi » pour être porté par Superman ?
Les marvelophiles nous diront sans doute que les couvertures de Superbaby étaient en molécules instables ! Mais à cette époque, Reed Richards n’était pas encore né. Le mystère reste donc entier !
[Jean-Michel Ferragatti]