French Collection #163
24 juillet 2012[FRENCH] Cette semaine, retour sur le front avec la dernière pierre d’une équipe dont nous avons déjà parlé dans nos précédentes chroniques et sur laquelle nous reviendrons une prochaine fois. Mais d’abord place au courageux « Flying Cloud » ! Le début des années soixante a été une période clé pour la société qui deviendra DC Comics. Relancée par l’apparition de Flash [Barry Allen] qui marque le silver age, l’éditeur est en pleine mutation et ceci avant que Stan Lee & Jack Kirby viennent bousculer la donne.
Comme nous l’avons déjà indiqué plusieurs fois, comprenant que la mode du super-héros était revenu, beaucoup de personnages un peu secondaire de l’éditeur furent changer en série de super-héros (ou au moins un élément super-héroïque fut introduit dans les séries). Ce fut le cas avec Tomahawk & Miss Liberty (cf. French Collection #48) & Congo Bill (cf. French Collection #64).
Mais ce n’est pas la seule tendance du début des années soixante et le personnage que nous allons maintenant étudier en représente deux à lui tout seul. La première tendance est la personnalisation des titres d’anthologie. En effet entre le début des années cinquante et le début des années soixante la mode était aux titres d’anthologie consacrés aux genres western, guerre, science-fiction & horreur (enfin l’horreur que le Comic Code autorisait). Le début des années soixante marquera un revirement avec l’introduction de personnage récurrent sur ces titres d’anthologies avec des personnages comme Space Cabby (cf. French Collection #50), Mademoiselle Marie (cf. French Collection #72) ou Mark Merlin (cf. French Collection #77).
La deuxième tendance est une meilleure représentation des minorités comme l’on dit en langage politiquement correct actuel. Cela passe donc par des personnages qui diffèrent du mâle caucasien omniprésent dans les comics depuis vingt ans. Robert Kanigher, le légendaire Editor de la ligne War Comics, apportera sa pierre à toutes ces tendances et notamment avec le personnage de Johnny Cloud, Navajo Ace dessiné par Irv Novick.
Johnny Cloud s’appelle en réalité Flying Cloud en Navajo. Son père l’a baptisé ainsi car lors de sa naissance un nuage en forme de guerrier navajo était visible dans le ciel. Ce nuage fera d’ailleurs régulièrement sa réapparition dans la série pour à chaque fois « inspiré » Johnny Cloud qui l’appelle My Brother in the Sky. La famille sera un élément important de la série puisque les souvenirs de Johnny seront omniprésent afin d’apporter un contrepoint aux événements qu’il vit pendant la guerre.
Cela se fera sous forme de souvenirs, de Flash Back ou même de référence à l’histoire de son père et de son grand-père. Car le père de Johnny Cloud fut aussi confronté à l’horreur de la guerre en Europe pendant le conflit de la première guerre mondiale.
L’histoire de Johnny Cloud commence dans All-American Men of War #82 (1953 Series). Membre d’une équipe de pilote de chasse il est lieutenant lorsque ses camarades font peindre un guerrier indien sur le fuselage de son avion avec la mention Flying Chief. Un peu plus tard, son escadron engage le combat contre des avions ennemis. Ses talents de pilotes sont déjà immenses et bien qu’en infériorité numérique il arrive à dégager son patrol leader grâce à une manœuvre incroyable. Mais le capitaine est blessé mortellement et une fois au sol, il expire en espérant que ses hommes acceptent Johnny Cloud comme Squad Leader.
C’est donc le Johnny Cloud, Navajo Ace qui commande l’escadron qui deviendra les Happy Braves ou les C-for-Cloud Fight et qui sera nommé ultérieurement Captain. Mais malgré ses exploits et sa bravoure, Johnny Cloud reste en butte aux préjugés qui ont encore court dans l’armée américaine (et qui mettront encore plusieurs décennies à disparaître, s’ils ont jamais vraiment disparu).
Les pertes sont nombreuses pendant son commandement et Johnny s’en tient toujours responsable et se remet toujours en cause. Mais les missions ne se terminent pas toujours par un goût amer, notamment quand l’histoire familiale vient s’en mêler.
C’est ainsi que Johnny Cloud triomphera de l’épreuve de la dernière cible dans un combats se déroulant dans l’eau comme tous ses ancêtres. Dans une autre aventure, Johnny Cloud lavera l’honneur de sa famille en affrontant le même ennemi (ou sans doute son fils) que son père. Mais cette fois-ci le pilote à l’avion portant l’emblème du vautour est vaincu et Johnny Cloud peut enfin dire à son père de retirer la plume de la honte qu’il porte depuis la fin de la première guerre mondiale.
L’une des aventures la plus marquante sera celle où Johnny Cloud sauvera son amour de toujours Running Deer. Avant la guerre et bien qu’il s’était promis l’un à l’autre Running Deer partit étudier au-delà de l’océan (en Europe donc) grâce à un prix qui lui avait été décerné.
Alors qu’il est basé en Angleterre, Johnny entend à la radio allemande la voix de sa bien-aimée. Prisonnière des allemands elle se rebelle néanmoins en refusant de répéter la propagande qu’ils avaient prévue de lui faire lire. Mais le lendemain, au moyen d’un stratagème, le commandant de Johnny l’oblige à participer au bombardement de la base où elle est retenue. Sa sacrifiant pour protéger son escadrille Johnny est abattu pendant la mission. Prisonnier, il se retrouve avec Running Deer (qui est devenu infirmière) à bord d’un appareil expérimental sans pilote. Il réussira à faire échouer le plan des nazis et à sauver Running Deer, les deux sont alors persuadés qu’ils se retrouveront et se marieront.
D’autant plus que Silent Bear, qui fut le rival de Johnny Cloud pour le cœur de Running Deer dans leur jeunesse se sacrifiera pour le sauver. Le Captain Johnny Cloud retrouvera d’ailleurs plusieurs fois d’autres soldats amérindiens et les rencontres ne sont pas toujours des plus joyeuses. Mais la fin de la guerre ne sera pas aussi radieuse que les deux amoureux le pensent. Dans G.I. Combat #138 (1953 Series), Johnny Cloud est récupéré par Jeb Stuart et son Haunted Tank (cf. French Collection #107). Les deux hommes se sont déjà croisés dans The Brave and the Bold #52 (1955 Series) avec Sgt. Rock (cf. French Collection #62) et Mademoiselle Marie.
Mais cette fois-ci, Jeb est accompagné de Gunner & Sarge avec Pooch (cf. French Collection #68) & Captain Storm (cf. French Collection #159). Tous ont perdus leurs hommes au combat, tous s’en sentent responsables. Leur réputation les empêche de réintégrer des unités combattantes. Le haut commandement décide alors de créer une unité spéciale capable de se lancer dans les missions les plus suicidaires possibles. C’est ainsi que nait The Losers. L’équipe est bien sur constituée du Captain Johnny Cloud, Navajo Ace, du Captain Storm (qui malgré qu’ils soient du même grade est le chef de l’équipe) et de Gunner & Sarge accompagné de Pooch.
The Losers continueront leur mission jusqu’à la fin de la guerre même si les soubresauts éditoriaux de DC Comics donneront plusieurs versions de la fin de leur carrière que nous verrons dans une prochaine chronique. Néanmoins, juste avant le relaunch de la continuité super-héroïque de DC Comics, Johnny Cloud était cependant en vie lors du bicentenaire des Etats-Unis dans la récente mini-série DCU: Legacies. et en était à son troisième mandat de député. The Navajo Ace avait visiblement enfin triomphé de sa mission la plus difficile. Les préjugés de ses compatriotes. Mais l’histoire ne précise pas si Running Deer était à ses côtés. Par contre, Johnny Cloud, Navajo Ace resta toujours un personnage d’anthologie puisqu’il ne bénéficia jamais d’un magazine à son nom.
En France, la série commença sa carrière dans Brûlant 1ère série même si cela n’est pas si évident que cela puisque s’appelle Dick Alton ! Il sera publié de manière assez régulière dans le magazine puis dans les autres Petits Formats de guerre de l’éditeur au fur et à mesure des années.
[Jean-Michel Ferragatti]